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23 octobre 2007 (0070)
mort et honneur d'un gosse

La lettre de Guy Môquet à sa famille, que le Président Sarkozy a demandé aux professeurs, sans obligation, de lire aux élèves, beaucoup de gens en parlent. Peu la connaissent. La voilà, si simple:

Guy MôquetMa petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas!
J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour.
À toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage!
Votre Guy qui vous aime.
Guy

Bouleversante lettre d'un gosse, qu'attend un peloton d'exécution. En ces jours tragiques on ne distinguait plus entre communistes et réactionnaires, entre ouvriers et bourgeois, quand tout humain digne, conscient qu'il ne pouvait se coucher devant l'un des pires systèmes que la politique ait inventés: le nazisme, n'avait qu'une préoccupation: résister, combattre ou mourir!
Le 22 octobre, certains professeurs (environ 5%) n'ont pas lu à leurs élèves la lettre de Guy Môquet. Quelques uns trouvaient indécents les bons sentiments qu'exprime la lettre. D'autres pensaient que cette lecture servait surtout les intérêts politiques de M. Sarkozy. Ce qui est certain, mais qui dans ce monde ne défend pas ses idéaux? Moi-même je ne manque aucune occasion de faire valoir le mien. Ça n'enlève rien à la grandeur et au courage d'un tout jeune homme, qui forcent une admiration qui n'a rien de malsain. Je ne crois pas non plus que l'intention de M. Sarkozy était de demander aux enseignants de former des durs de durs offrant leurs poitrines aux balles avec une imbécillité guerrière. Je crois qu'elle est simplement de montrer à des jeunes, qui ne connaissent pas leur bonheur de vivre dans la paix et hors de contraintes féroces, que de terrifiantes épreuves peuvent revenir demain et qu'il faudra y faire face dans la dignité, la bravoure et même l'amour, qualités propres à l'homme comparé à l'animal. Ce gosse, né dans une famille non croyante, retrouve dans les minutes ultimes de sa courte vie les émouvantes et honorables émotions de Jésus sur la croix, qui ne maudit pas ses bourreaux et qui pèse la valeur de son sacrifice.
Notre mission, trente années durant, a elle aussi rappelé aux Français que la grandeur, le courage... bref, l'héroïsme (Rév d'Arès XXXV/4-12) , peuvent être des valeur constructives, qu'il ne faut pas rejeter comme "pompières" ou "ringardes" (deux mots que j'ai récemment entendus), parce que les hommes ne se sortiront pas avec bonheur des épreuves qui les attendent sans retrouver la tendre et sobre majesté de la lettre de Guy Môquet, qui est aussi un des multiples éléments de la pénitence.

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Commentaires:

25Oct07 70C1

Vous-parlez "d’indécence." Voilà qui est tout à fait vrai. "L’indécence" des médias ou de ceux qui créent une polémique autour d’une initiative généreuse — pourquoi pas? — et sûrement pas aussi calculée qu’on nous le dit.
Je trouve vraiment formidable cette lettre  écrite par un enfant, plein de sagesse et de pensée vers ceux qui l’aimaient. Comme vous le soulignez, pas un seul mot de haine ou de vengeance, mais un encouragement à défendre ce qui construit l’homme, sa liberté et son combat! Peu d’hommes peuvent se vanter d’avoir su garder une telle dignité et un tel amour pour les autres dans le moment le plus difficile de leur vie, quand ils se retrouvent face à la mort.
Que l’on soit pour ou contre la lecture de cette lettre ne doit pas supplanter la beauté et la grandeur d’un enfant ne connaissant ni la haine et la vengeance sans fin.
Sa volonté, si je ne me trompe pas, ne pouvait être que le bien et le bonheur de tous, un monde heureux! Respectons-le !
La Beauté est servante du Bien, nous dit la Révélation d’Arès.
Merci, mon petit enfant, du haut de tes 17 ans. Je te serre fort dans mes bras ce soir.
Alain J.


25Oct07 70C2
Poème saisi sur Guy Môquet le jour de son arrestation!

[Titre:] Pour comprendre ces jeunes qui sont entrés en résistance.
Parmi ceux qui sont en prison
Se trouvent nos 3 camarades
Berselli, Planquette et Simon
Qui vont passer des jours maussades
Vous êtes tous trois enfermés
Mais patience, prenez courage
Vous serez bientôt libérés
Par tous vos frères d’esclavage
Les traîtres de notre pays
Ces agents du capitalisme
Nous les chasserons hors d’ici
Pour instaurer le socialisme
Main dans la main Révolution
Pour que vainque le communisme
Pour vous sortir de la prison
Pour tuer le capitalisme
Ils se sont sacrifiés pour nous
Par leur action libératrice.
(non signé, origine du commentaire inconnue)

Réponse :

J'ignore pourquoi vous m'adressez ce poème en guise de commentaire. Qu'elle que soit votre intention, négative ou positive, je tiens à confesser que moi aussi dans ma jeunesse j'avais dit ou écrit des choses politiquement semblables, avant que je ne rencontre l'épreuve du Créateur. L'équivalent fut pour Guy Môcquet l'épreuve de la mort.
Qu'importe que les circonstances ait été si différentes, le miracle du Père, qu'Il entrât en moi par une révélation physiquement sonore ou en Guy Môcquet par l'intuition qu'il faut oublier les divisions terrestres et ne plus songer qu'à exprimer la paix du cœur et l'amour pour les autres, oui, le grande miracle opéré en nous par le Père est le dépassement qu'Il nous fait opérer. Alors l'homme retrouve de la grandeur à l'image et ressemblance de la Grandeur Divine.
Comme quoi, on peut être très loin de la religion, des dogmes, et être très près de la Vérité. J'ignore si Guy Môquet est sauvé ou non — qui sait qui est sauvé et qui n'est pas sauvé? —, mais les derniers instants de sa vie lui promettaient peut-être la Vie. Alleluia!


25Oct07 70C3

Je m’adresse à vous par mail, l’âne que je suis ne sachant pas comment vous adresser un commentaire directement sur votre blog.
Merci pour votre propos sur ce sujet d’actualité qu’est la lettre de Guy Môquet.
Je peux comprendre les réactions d’opposition à cette initiative de notre président, dont l’attitude pour certains semble agitée,
maladroite et contradictoire. Si tel est réellement le cas, cela est probablement le reflet de son environnement
qu’il a choisi, certes qui se combine avec ses aspirations personnelles et profondes.
Guy Môquet a eu la ressource de dépasser la panique que l’on peut ressentir face à l’approche certaine de la mort, ressource que donnent la foi en la Vie, et la paix qu’installe dans le cœur le sentiment d’avoir accompli les choses justes.
Plus que l’idéologie communiste, c’est la chaleur qu’il met dans le cœur de chacun. Comme écrivait James Barrie : "Ceux qui mettent le soleil dans la vie des autres sont forcément proches de lui."
La volonté de justice de Guy Môquet sous-tend probablement cet autre texte, témoin de son engagement, cause possible de son emprisonnement et de son martyre:

(poème)
Parmi ceux qui sont en prison
Se trouvent nos 3 camarades
Berselli, Planquette et Simon
Qui vont passer des jours maussades

Vous êtes tous trois enfermés
Mais patience, prenez courage
Vous serez bientôt libérés
Par tous vos frères d’esclavage

Les traîtres de notre pays
Ces agents du capitalisme
Nous les chasserons hors d’ici
Pour instaurer le socialisme

Main dans la main Révolution
Pour que vainque le communisme
Pour vous sortir de la prison
Pour tuer le capitalisme

Ils se sont sacrifiés pour nous
Par leur action libératrice.
La violence apparente du propos reflète sans doute celle du contexte environnant, dont Luther King disait: "Que celui qui l’accepte sans lutter coopère!."
Le père de Guy Môquet, Prosper Môquet, était cheminot. Il fut député communiste élu en 1936. L’Amour des siens, en particulier de son père, a peut-être conduit le jeune Guy sur des chemins militants qu’il ne pouvait comprendre qu’avec
l’expérience et la soif de justice d’un jeune de 17 ans plongé dans l’enfer de l’occupation.
C’est le général Stülpnagel qui ordonne qu'en représailles à la mort du lieutenant-colonel Holtz, abattu à Nantes par la résistance, on fusille 50 otages. L'homme qui désigne les suppliciés est le ministre de l'Intérieur de Pétain, Pierre Pucheu. Tous [les otages] sont communistes, choix que Pierre Pucheu explique comme "dicté par la volonté d'éviter de laisser
fusiller 50 bons Français."
La guerre s’accompagne de haines et peurs qui font perdre l’intelligence.
Du coq à l'âne: Voilà une question que je me pose en ce moment chaque matin : 
Que fais-tu de ta liberté? Que fais-tu de ta parole? Que fais-tu de ta force d'aimer et de changer le monde ?
Philippe R.

Réponse :
"L'âne que vous êtes" a très bien su m'adresser ce commentaire. Je vous en remercie. Il est très beau.

25Oct07 70C4

Vous dites que la lettre de Guy Môquet sert les intérêts politiques de M. Sarkozy mais, je vous cite: "Qui dans ce monde ne défend pas ses idéaux ? Moi-même je ne manque aucune occasion de faire valoir le mien."
Personnellement, je ne vois pas très bien où vous voulez nous emmener à travers votre réflexion.
Ne voyez-vous pas que M. Sarkozy se sert surtout de Guy Môquet pour redynamiser le patriotisme chez des jeunes en perte de valeur et d'identité nationale?
Chez M. Sarkozy, je ne vois pas un idéal mais une idéologie bassement transmise à travers l'affect[ation], l'émotivité, la peur.
Selon moi votre article est dépourvu d'insurgeance.
À travers la lettre de Guy Môquet M. Sarkozy exclut et discrimine encore un peu plus les peuples frères qui ont fait de la France un pays libre, riche et puissant.
D'après vous, pourquoi n'a-t-il pas proposé aux enseignants de lire par exemple la lettre d'un français musulman d'Algérie morts également pour la France et, au même titre que Guy Môquet, citoyen français?
Fabrice M.


Réponse :
M; Sarkozy aurait très bien pu, en effet, choisir la lettre d'un Français d'Algérie. Pourvu, je pense, qu'elle ait la même charge de grandeur et d'émotion dans le dépassement qu'à celle de Guy Môquet. Peut-être M. Sarkozy a-t-il préféré la lettre d'un adolescent, presque une enfant, d'une période historique plus éloignée et sûrement plus crelle encore, dont les passions commencent à être éteintes. Ce qui n'est peut-être pas encore le cas pour la guerre d'Algérie.
Ceci dit, je ne connais pas d'homme politique qui ne prenne une décision gouvernemantale qui ne soit pas politique dans le sens de sa politique à lui. C'est pourquoi j'ai dit, à ce propos: "Ce qui est certain..." sur le ton d'une vérité de La Palice. Une façon gentille de dire à ceux qui ont pensé à un "coup" politique de M; Sarkozy qu'ils ne faisaient que dénoncer une évidence ou parler pour ne rien dire.

25Oct07 70C5

Commentaire en écho au commentaire de Fabrice M. [70C4] et à votre réponse
Guy Moquet, exécuté en 1941, n'a pas vécu les lendemains de la chute du nazisme. Pour autant, serait-il hasardeux d'avancer qu'il aurait sans doute cheminé avec Lucie et Raymond Aubrac et les autres résistants qui ont lutté et luttent encore pour la fin de toutes injustices, y compris quand leur propre pays y a une part? Non, sans doute. Sans doute aurait-il reconnu comme un frère de combat et d'humanité Ahmed Zabana, militant de l'indépendance algérienne, premier résistant à mourir
guillotiné en 1956 aux termes d'un simulacre de procès conduit par un tribunal colonial. Comment n'aurait-il pas perçu comme un écho à sa lettre émouvante cette dernière missive qu'adressa Ahmed Zabana à ses parents, à la veille de son exécution?

Mes chers parents, ma chère mère,
Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière et cela, Dieu seul le sait. Si je subis un malheur quel qui soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n'a pas de fin et la mort pour la patrie n'est qu'un devoir.
Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l'être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez de fiers de moi.
Enfin, recevez les salutations d'un fils et d'un frère qui vous a toujours aimés et que vous avez toujours aimé. Ce sont peut-être les plus belles salutations que vous recevez de ma part, à toi ma mère et toi mon père ainsi qu'à Nora El Houri, Halima El habib, Fatma, Kheïra, Salah Dinya et toi mon cher frère AbdelKader ainsi qu'à tous ceux qui partageront votre peine.
Allah est le plus Plus Grand et IL EST SEUL à être équitable. Votre fils et frère qui vous aime de tout son cœur.
Hmida*
* surnom affectueux d'Ahmed Zabana.
Mais vous avez raison, cette lettre n'aurait pas pu être choisie par M. Nicolas Sarkozy, d'autant plus que ce mois-ci nous commémorons le funeste 17 octobre 1961 quand la police nationale déporta avec l'aide des bus de la RATP plus de 3000 personnes qui furent systématiquement rouées de coup et blessées et quand furent tués et jetés dans la Seine à Paris
plus de 200 Français musulmans d'Algérie (sur 327 disparus, chiffres de la branche française du FLN). Ce retour sur les crimes oblitérés de notre propre mémoire collective aurait pourtant fait beaucoup pour élever les consciences et faire reculer l'islamophobie dans notre pays et dans les pratiques policières.
À l'heure où nous sommes nombreux à pratiquer une vie relativement confortable, et pendant que nous dissertons sur Guy Môquet, c'est 25000 sans-papiers qui doivent être reconduit de force dans leurs pays d'origine — où perdure souvent le colonialisme économique français — et cela dans des conditions dégradantes et inhumaine puisque beaucoup de sans papiers transitent dans des centres de rétentions qui sont de véritables prisons avant de quitter le territoire français et que certains réfugiés politiques se verront emprisonnés ou mis à mort (comme c'est déjà arrivé) à leur retour dans le pays qu'ils ont dû fuir. Guy Môquet serait-il resté les bras ballants face à ce monde d'hypocrites et de spoliateurs? Ce monde où l'Afrique est en coupe réglée, où l'Irak est à feu et à sang ou les Palestiniens depuis 60 ans subissent une occupation et un apartheid, et où toute l'hémisphère Sud de la planète est à la fois touchée par la famine et par le Sida. La Parole ne dit-elle pas: Tu aideras le dominé contre le dominateur?
Ce soir je me sens perdue et triste. À présent, je me répète ceci: "Père, comment faire pour me retrouver dans ce monde où règne la division et où le mal est nourri par le mensonge grossier des pouvoirs?"
L'année dernière, après la mort de Lucie Aubrac, j'observais avec quelles habilité et efficacité le pouvoir s'était empressé de s'accaparer l'image de cette femme pour la transformer en idole afin que le commun des mortels ne puisse pas prendre son exemple. Désormais, elle demeure au panthéon comme une vieille relique.
Seulement Lucie Aubrac, le petit Guy Môquet, les Manouchians et Jean Moulin ont tous refusé d'être complices d'un pouvoir fasciste et nazi. Aujourd'hui, combien de nous agissent-ils pour que la guerre s'arrête en Afghanistan, en Irak, en Tchétchénie, en Palestine, ou pour qu'elle n'éclate pas contre l'Iran.
Hakima O.


Réponse :
Quatre générations ne suffiront pas, dit La Révélation d'Arès, soulignant qu'il nous faut maîtriser notre impatience et notre indignation face aux iniquités et spoliations dans ce monde, parce que Dieu seul est hors du temps, mais nous, nous sommes dans le temps. Nous ne pouvons agir qu'en usant de l'épée ou de l'outil temps, très lent mais invisible, parceque ce monde est organisé pour nous briser, si nous allons vite. Guy Môquet en est un exemple aussi tragique qu'éclatant. Ahmed Zabana que vous citez, et je vous en remercie, en est un autre exemple aussi tragique qu'éclatant.
C'est pourquoi le Père nous indique la seule Voie possible, qui est celle de l'action patiente à l'intérieur de nous-mêmes, la seule efficace: la pénitence et l'effort de moissonner d'autres pénitents, et déjà nous avons fort à faire pour qu'à l'intérieur de notre assemblée de pénitents cette action ne soit pas inconsciemment étouffée sous l'esprit de religion, c'est-à-dire indirectement et inconsciemment sous l'esprit de système. Néanmoins, je crois qu'en dépit de la grande difficulté de se déculturer, les Pèlerins d'Arès parviendront à être ce qu'ils doivent être dans les générations qui viennent. Je le crois très fermement car, malgré les reproches que nous nous faisons souvent, dans notre propre désespérance de devenir meilleurs, nous avançons quand même.
J'ai pour ma part la chance, que n'eut pas du tout Jésus, que n'eut pas suffisamment Muhammad, d'avoir bientôt 34 ans de recul (en janvier 2008) pour observer les progrès lentement faits depuis 1974 parmi nous et pour justifier mon espérance que ces progrès continueront. Je crois que votre prière: "Père, comment faire...?" est entendue. Vous y participez d'ailleurs.
Ce n'est pas par hasard, vous vous en doutez, que j'ai fait suivre cette présente entrée sur "Mort et honneur d'un gosse" (0070) par une entrée sur "Un grand besoin de spirituels" (0071).

28Oct07 70C6
« […] Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose […] »
Ces simples mots, extraits de la lettre, répondent à l’ensemble des objections que la lecture de cette lettre aura suscité.
Je suis enseignant et ce lundi 22 octobre en fin de  matinée j’ai interrompu mon cours pour accompagner mes élèves en salle de conférence où le proviseur ainsi qu’un ancien combattant recevaient les lycéens par vagues de quelques dizaines toutes les demi-heures pour leur faire découvrir cette lettre et leur parler des heures noires de l’occupation. On nous passa aussi un extrait d’un témoignage de Lucie Aubrac.
De l’avis des élèves ce genre de manifestation est utile.
De retour vers notre salle quelques élèves me demandent si j’avais remarqué l’émotion de leur professeur de construction mécanique présent lui aussi. Je réponds non, mais je leur demande si ça leur paraît normal. Ils  me répondent oui, mais qu’ils ignoraient qu’il fût sensible. À mon tour je leur demande s’ils ont lu le tract distribué à l’entrée du lycée. L’un d’entre eux sorti de sa poche le tract plié en quatre, le parcourut et lut que puisque "M. Sarkozy était pour la guerre d’Irak en 2003, et puisqu’il instrumentalisait cette lettre, il fallait la boycotter."
"Que pensez-vous de ces arguments," demandai-je? L’un d’eux me répondit calmement: "Je ne comprends pas qu’on puisse être contre ce genre de commémoration, nous sommes héritiers de ces gens qui sont morts pour nous."
D’après les chiffres du ministère, quelque 93% des établissements ont suivi la consigne. L’engagement d’un gamin de 17 ans sous l’occupation nazie peut  faire prendre conscience à des jeunes (qui doutent parfois beaucoup de leur potentiel et de leurs forces) qu’eux aussi pourraient prendre position et se battre pour un idéal, si demain leur vie ou leur avenir étaient horriblement menacés.
Certes nous sommes en temps de paix (chez nous) mais est-il sage d’oublier le drame de Guy Môquet ?
Mohamed B.


Réponse :
Merci pour ce témoignage d'un professeur qui a vécu la journée du 22 octobre dans son lycée. Je ne connaissais pas ce tract, distribué à l'entrée de votre lycée, qui déclarait que, "puisque M. Sarkozy... instrumentalisait cette lettre, il fallait la boycotter." Ce genre d'argument est triste par sa stupidité. Ç
a me rappelle trois évangélistes qui m'avaient apostrophé dans la rue un jour de 1981 ou 1982 où je faisais ma mission à Bordeaux; ile me crièrent: "Puisque vous n'appartenez à aucune église, vous n'êtes pas qualifié pour parler de Jésus..." Comment des gens dans la rue peuvent-ils percevoir sans méfiance les tracts de notre propres missionnaires après qu'ils eurent lu ici et là des tracts du genre de celui que vous citez, même sans rapport avec les nôtres, mais d'une telle pauvreté ratiocineuse? Pour eux tract = n'importe quelle bêtise! Ce genre de tract n'engage même plus un débat. C'est de la partisanerie de très bas étage. C'est la liberté d'expression, de toute façon, et nous l'acceptons et la défendons, mais c'est pour moi aujourd'hui, avec votre témoignage concernant ce tract, un sujet de réflexion. Vous devez penser que je tombe des nues, que je suis naïf... Cela m'interpelle quand même en ceci que nous devrons toujours plus soigner nos tracts.
93% des établissements scolaires ont accepté la propostion de M. Sarkozy de lire la lettre de Guy Môquet, dites vous? La télévision avait annoncé 95%. Votre chiffre est donc un peu moins bon, mais il est très bon quand même. Encore merci.

28Oct07 70C7
La notion de "sens du devoir" n'avait jamais évoqué grand chose pour moi. Elle était plutôt suspecte, car faisant référence à des valeurs réactionnaires, bref, ringardes et sans intérêt. Je ne devais rien à personne, pas même à moi du coup, si ce n'est me faire plaisir et profiter de la vie…
Et puis j'ai découvert La Révélation d'Arès. Au fur et à mesure que j'ai voulu déployer les efforts pour la comprendre et l'incorporer à ma vie, j'ai peu à peu construit en moi la notion de devoir non plus en fonction de valeurs sociales et culturelles, mais en fonction de l'universalisme absolu contenu dans la Parole. Aujourd'hui, les seules choses qui tiennent dans ma vie, ne tiennent que grâce à ce sens du devoir restauré, que je dois au Père, qui s'est humilié pour reparler à sa créature en 1974 et 1977.
Le courage de ceux et celles qui ont cru assez à des valeurs — vraies ou fausses — pour les défendre, pour mourir, doit stimuler le courage et le sens du dépassement du petit reste que le monde cherchera longtemps à éliminer avant de l'accepter, comprenant qu'il propose la seule alternative crédible pour construire un monde juste et heureux.
L'exemple de Guy Môquet évoque pour moi l'héroïsme qu'il faudra au petit reste, s'il doit rencontrer de telles épreuves, mais aussi et surtout le véritable héroïsme que le père attend de l'homme, l'héroïsme de l'homme qui change librement sa vie pour se reconstruire bon et aimant. Cet héroïsme-là a d'autant plus de valeur qu'il est socialement, et pour longtemps encore, quasiment invisible et peu digne d'intérêt pour le plus grand nombre, résigné à une existence déspiritualisée.
Patrick


29Oct07 70C8
Trés bel exemple d'héroisme qu'exprime cette lettre de l'adolescent Guy Môquet. Comme quoi, pour être un héros il n'y a pas d'âge; ni pour rester droit face à l'adversité, sans juger ses ennemis, ses frères aveugles. Ce fut le quotidien des prophètes de l'ancien testament et celui du Christ en Galilée. À ceux qui lisent ce blog n'oublions pas de rappeler que La Révélation d'Arés dit que Mikal est le maître des héros, qu'il appelle (Rév d'Arès XXXV/4) à le rejoindre pour abattre les idoles de l'esprit (idéologies religieuses et politiques, les fonctions autoritaires qui les représentent, etc. 23/8) avec des moyens pacifiques. Cela veut bien dire que les héros du changement du monde accepteront Mikal comme prophète, comme guide, comme père, et ne se contenteront pas de lire son blog pour s'informer et en parler sans agir. C'est ce que Mikal conseille à tous de faire depuis plus de 33 ans. Ils feront leur la tâche de démontrer au monde les valeurs erronées ou hypocrites du système. Ils seront mal vus de leurs familles et de leurs proches. Ils s'adonneront à la moisson ou mission que Dieu recommande et se mèleront aux autres Pélerins d'Arés sans les juger ni les mépriser.
Je me considère, toute proportion gardée, comme l'un de ces héros. Ma famille me juge "mouton noir," parceque je me suis écarté de la religion catholique dans laquelle je fus éduqué. J'imagine qu'il en fut de même pour les Pélerins d'Arès issus du monde musulman, juif ou même athée. Être catholique, juif ou musulman ne suffit pas pour changer le monde. Ce que j'ai fait en rejoignant les Pélerins d'Arés, tout le monde peut le faire, parceque c'est tout simplement ce que Dieu demande à l'homme du XXIème siècle. On ne tient pas compte du qu'en-dira-t-on, quand on veut vraiment l'accomplissement de la Vérité (28/7). Par contre, pour mes frères et sœurs de foi, les Pèlerins d'Arés, je ne suis pas un héros, puisqu'ils ont fait la même démarche que moi, celle de quitter leurs préjugés et leur culture au maximum. D'ailleurs il est regrettable de ne pas nous observer entre nous comme tels plus souvent, puisque l'héroisme [de pénitent et de moissonneur de pénitents] est notre statut réel devant du monde.
Qu'a t-on à perdre à travailler avec Dieu? Quelques petits privilèges, quelques amis pleutres et bornés? Bien au contraire, on a tout à gagner!
Je pense souvent à la parabole du Royaume de l'évangile Palestinien qui dit: Le Royaume est comme un trésor qu'un homme a trouvé dans un champ. Il achète le champ aussitôt pour acquerir le trésor. Ce trésor c'est La Révélation d'Arés que nous nous efforçons de désigner aux passants dans la rue. C'est leur trésor à eux aussi; il est à portée de leurs mains et ils ne le voient pas! Nous, on a misé dessus et plus on fait d'efforts pour acheter ce champ, plus on s'engage, plus on fait pénitence, laquelle est une joie pour les hommes pieux, plus on donne à et pour la mission, plus on s'enrichit dans le Royaume... Plus on travaille avec Dieu et plus on est fort, plus on a la santé et la protection du Père. Et la santé c'est de l'argent! Une annotation de frère Michel à la veillée 17 dit : "Se transformer sans cesse pour retrouver son intégralité humaine, corps, esprit et âme... changer ce monde est affaire d'héroisme".
José


Réponse :
"
Qu'a t-on à perdre à travailler avec Dieu?" Ces paroles, José, m'émeuvent. Elles me font penser à Pascal qui dit la même chose, de diverses façons, dans ses "Pensées," par endroits si émouvantes, outre si intelligentes. Rien ici, à moins d'être lourdement mécréant, ne prête à sourire. C'est simplement marqué du bon sens.
J'ai quand même failli ne pas publier votre commentaire pour deux raisons.D'abord, parce que tout en citant Guy Môquet il nous éloigne quelque peu de lui. Ensuite, parce que je me suis dit: Encore un, ce José, qui sera pris pour être un suiviste ou un trop dévoué, voire un flagorneur, et une fois de plus on dira que j'aime les compliments. Mais à ce niveau de beauté et de hauteur de vue, votre commentaire est simplement un propos héroïque. Exactement ce que le Père nous demande. Il me demande à moi de vous montrer la direction de certitude et il vous demande à vous, mes frères et sœurs, de la suivre avec confiance et volonté d'aboutir. C'est, d'une façon moderne, notre passage de la Mer derrière Moïse. Confucius disait: "L'homme grossier rit," et sans nul doute certains rient en nous lisant. Qu'ils rient!

29Oct07S 70C9
On peut comprendre la réticence de certains profs à lire la lettre de Guy Môcquet, ne serait-ce que parce qu'elle a été suscitée par le chef de l'État et que c'est toujours agaçant de se sentir infantilisé par le pouvoir, comme si les profs, d'Histoire notamment, avaient attendu le "feu vert" de la présidence pour savoir ce qu'il est bon de lire ou pas à leurs élèves. Des lettres bouleversantes, l'Histoire n'en manque pas, celles dont parlent les commentaires précédents ou, par exemple, celles de poilus de 14-18 à leur famille, enlisés dans le froid et la boue, la mort suspendue au-dessus de leur tête, en partie victimes du patriotisme qu'on voudrait aujourd'hui réhabiliter.
L'autre raison de leur réticence vient de ce qu'ils ne voient dans la lettre aucun motif politique, qu'elle ne fait pas ouvertement état d'une conscience en lutte, celle de s'opposer à "l'un des pires systèmes que la politique ait inventés," qu'ils la voient vide de sens et qu'elle dégage une forte émotion sur la base des seules relations privées, ce qu'on appelle un peu les "bons sentiments," bref, pour le dire cyniquement, qu'elle fait "pleurer dans les chaumières" à bon compte. Cette lecture "politisée" ne voit pas l'absence de ressentiment envers l'ennemi, Allemands ou Français collabos, elle ne voit pas le courage d'un gamin fauché si tôt et si brutalement par la barbarie humaine, qui ne connaît encore rien de la vie, qui n'a même pas encore "roulé un patin" à sa petite amie (chose qu'il regrette dans un mot adressé à cette dernière), elle ne voit pas la grande dignité à faire face à l'inévitable, le souci de sa mère et des siens plus que de lui-même et la capacité "à peser la valeur de son sacrifice," bref elle ne voit pas la beauté spirituelle.
C'est une de mes difficultés — et je ne dois pas être le seul même dans les assemblées de Pèlerins d'Arès, tant la déculturation est exercice difficile et demandera plusieurs générations, pas moins de quatre — que de m'abstraire du bruit politique, embrigadement religieux de l'époque, pour accéder à la simplicité de la vision spirituelle.
Pourtant, même avec ces lunettes déformantes, n'est-ce pas notre rôle de montrer qu'il y a avantage à lire cette lettre, ne serait-ce que par les commentaires qu'elle peut susciter, l'explicitation d'un contexte qui montre que les choses ne sont pas si limpides, que la barbarie facile à dénoncer chez le nazi, l'est moins chez le communiste, mais peut être tout aussi tragique. La barbarie, que la démocratie n'a pas fait disparaître, et qui couve en chacun de nous comme une braise mal éteinte si le contre-feu de la pénitence n'y est pas appliqué chaque jour. La barbarie de n'importe quelle raison politique qui parvient à ériger en exemple l'assassinat d'un enfant de 17 ans et, ne les oublions pas, de 49 autres hommes plus mûrs, pères de famille pour certains, dont la mort fit certainement plus de mal encore que celle de Guy. Cette barbarie qui continue de nous habiter tous, qui aurait peut-être, au nom du communisme et des bonnes intentions politiques, avili la belle dignité de Guy s'il avait survécu?
Claude R.M.


01Nov07 70C10
Enseignant le droit et l’économie en terminale et en classes de BTS jusqu’à l’année dernière, voici ce que j’aurais souhaité dire à mes élèves le 22 octobre :
"Vous avez sans doute entendu parler de la lettre de Guy Môquet. Je vais vous lire cette lettre, non parce que le Président de la République me le demande en tant que professeur, mais parce que je me sens en accord avec les valeurs d’humanisme, de courage et d’espérance qui en sous-tendent le contenu. Je trouve en effet cette lettre belle par la force d’âme, la paix et la foi en la vie et en l’homme qu’elle exprime, mais cette lettre contient un piège, celui de nous faire croire que notre affection pour des êtres chers et pour des idées et une position de victime nous placent automatiquement du côté du bien.
Incontestablement dans cette situation, comme on l’entend dire dans les films américains, Guy Môquet, un jeune homme à peine plus jeune que vous, est "le gentil" et ses bourreaux, des soldats allemands, et le gouvernement de Vichy sont les "méchants." C’est une évidence! Comme toute évidence, elle a le mérite d’être simple et symbolique, c'est-à-dire d’avoir la capacité de nous aider à nous projeter dans des valeurs positives ; mais comme toute évidence elle est aussi aveuglante, c’est-à-dire qu’elle peut nous cacher des aspects complexes de la vie qui concernent notamment l’héroïsme. Après la lecture de cette lettre, je souhaiterais qu’on en parle ensemble."
Lecture de la lettre…
Après cette lecture, j’aurais ménagé un temps pour un échange collectif où j’aurais essayé d’ouvrir quelques passages:

   Un passage entre l’héroïsme, la volonté et l’humilité: "L’engagement de Guy Môquet, qui était un fervent militant communiste, distributeur de tracts interdits, ce qui l’avait amené à ce trouver parmi les détenus promis à exécution, et sa volonté de ne pas accepter de régime de faveur, compte tenu de son jeune âge, font de lui un exemple de courage, un héros faisant face à des circonstances exceptionnelles (heureusement !). Une fois reconnu ce courage absolument réel, il faut nous demander s’il n’existe pas d’autres formes de courage où le "sacrifice de sa vie" se fait dans des circonstances moins "hollywoodiennes" et se distille au quotidien dans des actes cent fois répétés d’endurance, de patience, de don de soi dans les cadres tout simples du travail, du couple, de l’éducation des enfants, des relations de voisinage ou de civisme. Si l’héroïsme est avant tout cet élan vers un Bien supérieur dans lequel on se reconnaît, alors on peut atteindre ce Bien aussi en y restant fidèle et en l’accomplissant des années durant, même dans l’anonymat."
   Un passage entre l’héroïsme, l’ordinaire et le changement en bien: "Cela signifie que l’héroïsme n’est pas forcément caractérisé par une lutte physique contre un autre (un "méchant" forcément) ou contre les éléments, mais il peut être le fait d’une lutte contre soi, contre ses manques, ses mauvais penchants, ses faiblesses dans le sens d’une transformation qui oriente l’homme ou la femme vers le bien, la justice, la générosité, la réflexion, la paix, bref toute attitude constructive. Guy Môquet faisait partie de ceux (relativement peu nombreux) qui se sont opposés au nazisme dès le début de la guerre. Là encore, chapeau bas pour sa résolution à défendre son idéal! Mais s’il avait vécu, aurait-il su voir les dérives du régime communiste pendant les années staliniennes, aurait-il su lui-même relativiser ses propres convictions pour recentrer ses valeurs autour de ses actes plus qu’autour de ses idées? Aurait-il su transformer sa force de résistance appliquée à des circonstances non ordinaires en une force de transformation personnelle appliquée à une vie ordinaire? Et continuer par là à rester un homme extraordinaire ? Peu importe! Reconnaissons qu’il avait bien commencé.
Mais, si tout le monde s’accorde à penser que l’héroïsme est un dépassement de soi, ce dépassement ne se fait pas nécessairement contre un autre, il peut se faire aussi pour un autre, pour ceux qu’on aime comme pour ceux que l’on aime pas, affectivement parlant."
   Un passage entre l’héroïsme, la fraternité, le non-jugement, le pardon: "Y a-t-il de l’héroïsme à aimer l’autre? Pas forcément. Lorsque l’amour naît d’une très forte affinité que tout nous pousse vers autrui, comme dans l’amour romantique, ou l’amitié, genre Montaigne et La Boétie, il n’y a qu’à se laisser aller à notre inclination. C’est en général pour cela que les premiers temps des couples sont idylliques. C’est une autre paire de manches quand l’habitude et la lassitude s’installent, révélant des aspects moins attrayants du conjoint. C’est là que les efforts quotidiens peuvent devenir proprement héroïques, non pas pour supporter l’autre, mais pour le comprendre, l’accepter tel qu’il est, se changer pour s’accorder à lui, espérer en son propre changement en bien et l’y accompagner. C’est une dimension d’amour qui pourrait éviter bien des séparations aussi injustifiées que douloureuses. Cela signifie que dans ce cas l’héroïsme s’appuie sur le refus de juger l’autre et sur le pardon permanent des torts qu’il peut nous faire, consciemment ou non. Ce n’est pas facile, pas facile du tout, c’est bien pour cela que c’est affaire d’héroïsme. Alors que penser de ceux qui y parviennent en dehors du couple, à l’égard de personnes qui les ont fait profondément souffrir? Je connais l’histoire d’une femme qui fut déportée et qui faisait des conférences sur le pardon et la réconciliation. Un jour, à la sortie d’une de ses conférences, un homme s’avança vers elle : c’était un des anciens responsables nazi du camp où elle avait été déportée. Très choquée, elle ne savait que faire, lorsque cet homme, manifestement changé, lui demanda très sincèrement si elle voulait le pardonner. Après un instant de désarroi, cette femme le prit dans ses bras et lui dit: "Oui, mon frère, je vous pardonne de tout mon cœur!" Pour moi, cette femme est aussi une héroïne extraordinaire.
   Cet héroïsme de l’ordinaire, de l’effort quotidien sur soi, de la volonté silencieuse de devenir meilleur, plus aimant, plus honnête, plus fraternel dont je vous parle peut vous sembler bizarre ou un peu terne, mais il a deux gros avantages. D’une part, toute personne qui en a la volonté peut commencer avec ce qu’elle est, selon ses moyens. D’autre part, il n’y a pas besoin d’attendre des circonstances dramatiques (guerre, cataclysme, accident) pour s'y mettre; chacun de nous peut commencer quand il le veut, là où il se trouve, en compagnie des siens, en progressant à son rythme, mais de manière continue, si possible.

Voilà, j’aurais aimé avoir l’occasion de partager cela avec mes élèves. Heureusement, il m’est arrivé assez régulièrement d’aborder ainsi des sujets de ce type avec eux. À quelques exceptions près, j’ai trouvé chez eux une ouverture, une écoute et parfois une reconnaissance qui me font penser que les jeunes gens comme Guy Môquet, avec cette chaleur de cœur, cette générosité et cette espérance, ne sont pas aussi rares qu’on pourrait le croire.
D. Faber


01Nov07 70C11
J'avoue avoir été profondément touché par cette lettre de Guy Môquet.
Celui qui dit: « Je vais mourir. [...] Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. [...] 17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. » est-il seulement un animal pensant comme le prétend le philosophe Michel Onfray, hier soir, dans l'émission littéraire de Direct 8? L'homme se dépasse par la pensée, mais qu'est ce qui nourrit la pensée? L'animalité, parce qu'il n'y aurait rien d'autre? Non! C'est bien parce qu'il y a autre chose que la vie animale, c'est parce qu'il y a la Vie, au sens de la vie spirituelle, que l'homme peut aspirer à un Bien supérieur et que la mort peut servir à quelque chose.
Comme touché par l'onde (Rév d'Arès XXXV/19) du Bien qui traverse la terre éperduement (Rév d'Arès 25/7), dont il vibre à cet instant, Guy Moquet nous renvoie l'écho profond d'Adame et son hymne (Rév d'Arès 10/2) "plein de majesté sobre."
Jielcé


XXXxxx 70C12
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