09Dec07
73C01
[Dans l'entrée 0073 je lis:] "La
Révélation d'Arès a un beau
message à adresser à ces banlieues pour leur
assurer tout à la fois que le Créateur ne les a
pas oubliées, étant venu leur parler en 1974 et
1977, et que, s'ils en ont la patience, il vaincront par la pénitence,
c'est-à-dire par la quête du bien
et non par la vengeance, le
mauvais sort qu'on leur a fait."
C’est dans cet esprit qu’il y a quelques
années, ressentant un réel besoin
d’aller à la rencontre des jeunes qu’on
ne voit pas tellement dans nos rues de centre ville le samedi,
j’étais allé, après le
boulot au pied d’une cité d’une banlieue
lorientaise. J’ai, par la suite fait part de mon besoin et de
mon expérience à nombre de personnes dont
plusieurs dans l’assemblée des
Pèlerins
d’Arès. Les réactions et soutiens
furent tous plus embarrassés qu’enthousiastes et
l’objection de risque d’accusation de
détournement de mineurs souvent reprise me fit renoncer
à
rassembler autour de ce thème de mission.
Ma courte expérience à cette occasion
m’avait pourtant confirmé l’immense
ouverture possible ainsi que la difficulté.
Pour résumer, je m’étais
avancé en demandant, je crois de
mémoire, si chacun voyait son rôle dans
le changement du monde
possible? On en était vite
arrivé à "Qui t’es-t-y toi pour
poser cette question?!" et "Qu’est-ce que
tu fais pour ça?" Ce à quoi,
j’avais pu répondre que je voyais le changement
le
meilleur par ce que chacun faisait lui de bon librement,
courageusement, avec persévérance en prenant sa
vie comme la principale création à faire.
"C’est pourquoi je viens vous rencontrer pour que nous en
parlions."
Des petits groupes s’étaient rassemblés
(jusqu’à une quinzaine de jeunes au total qui
venaient, partaient, revenaient). Cela bougeait beaucoup, parlait,
en tous sens. Dès les premiers échanges, je me
souviens qu’un "meneur"
s’était manifesté, parlant haut et
fort, visiblement respecté, écouté ou
au moins observé par la plupart des jeunes. Il y avait de
toutes les couleurs et de toutes les origines culturelles et, pourtant,
c’était en Bretagne, région qui est
bien loin de ressembler à Sarcelles ou Marseille comme
melting-pot! Le "meneur" avait un slogan "Il faut que le Front National
passe pour que ça
soit la guerre!" Provocation ou cynisme ? Je ne le sus pas
vraiment, mais je posai à lui comme aux autres la question:
"Que croyez-vous que vous rapporterait une guerre, quelle
qu’elle soit?" Ajoutant ensuite, dans la
confusion des débats, mais en appelant à
m’écouter (et la plupart
m’écoutaient alors): "Comme je sais par
expérience que ce n’est pas ce qu’on
espère tirer d’une guerre qu’on obtient,
mais plutôt la souffrance et la mort des plus
faibles, je préfère me
préparer à autre chose de plus constructif." Je
ne me souviens plus comment nous en étions
venu à parler de La
Révélation
d’Arès et de son appel fondamental au
changement
du monde par l’accomplissement de l’amour et de la
liberté au fond de soi, mais avant cela même,
quelques jeune de tous bords m’avaient interpellés
en me demandant si je ne me prenais pas pour un prophète?
Ce à quoi j’avais renchéri en leur
proposant à tous d'être eux-mêmes des
prophètes, puisque "C’est à vous de
vous faire
prophètes du bien
et du changement
que vous
espérez et voulez du fond de vous, de vous
réaliser dans ce que vous avez de plus cher."
Tout cela pour dire, suite à ce que vous évoquez,
frère Michel, à propos du « beau
message » que
nous avons à porter partout en ce monde, nous pouvons aussi
le porter, non comme des ministres ou leurs ayants droits, mais comme
des prophètes
dans les banlieues, parce que nous sommes des
hommes qui n’oublions jamais et nulle part que le
monde doit
changer (Rév d’Arès
28/7).
À vos côtés chaque jour pour
penser et agir dans le sens du changement du monde,
bernard | 09Dec07
73C02
Voilà
donc la clé! "S'ils en ont la patience,
il
vaincront par la pénitence,
c'est-à--dire par la quête du bien
et non par la vengeance, le
mauvais sort qu'on leur a fait. "
Cela permettra aussi, si
nous sommes assez nombreux pour l'accomplir, de
mettre fin à bien des procédures de divorce, des
réglements de comptes en tout genres, des guerres etc.,
voire même bien des maladies dites "psychosomatiques"!
François | 09Dec07
73C03
Libérer
l'esprit par la lecture de La
Révélation d'Arès!
De
même que les hommes d’église procurent
aux masses de
croyants l’illusion que la parole de Dieu passe par eux et
qu’elle ne peut plus vivre sans eux, de même les
hommes
politiques produisent l’illusion que
l’état et la
démocratie passent par eux.
Que le Peuple de
Dieu ne soit plus mis en esclavage et reprenne ses attributs!
On
ne devrait jamais faire de la religion un métier, il en va
de même pour la politique.
Le mal principal de
France, "fille aînée de
l’église catholique", peut ainsi se lire
dans La Révélation
donnée à Arès
dont la France peut être considérée
comme
l’exemple le plus explicite au sein du concert de toutes les
nations.
Nicolas | 11Dec07
73C04
Votre
entrée m’a rappelé le temps
où je travaillais dans une banlieue "chaude" de Strasbourg.
J’étais
dans le cadre de mon travail tous les jours confronté
à
ces jeunes en rupture. Ils arrivaient à créer un
de ces
chaos! Pourtant, ils étaient très peu nombreux
comparativement à la population locale du quartier, moins de
1%,
seulement quelques dizaines de jeunes, mais qui arrivaient à
créer une tension quasi permanente.
Ces jeunes
pouvaient
aussi bien réussir des études dans la semaine et
brûler des voitures le week-end! Loin
d’être en
rupture avec notre société et ces valeurs, ils en
étaient plutôt le symptôme,
révélateurs des valeurs obscures de celle-ci:
Culte de la
puissance, de la violence, de la force, de l’argent,
fascination
pour la réussite ostentatoire, combineurs, menteurs, pervers
si
nécessaire, méprisants envers les faibles.
Mais
ils
restaient humainement attachants par certains
côtés, car
leur vie n’était qu’une lutte
ininterrompue pour la
survie ou la réussite par tous les moyens. Ce
n’était pas des "sauvages." C'était
bien les
enfants de notre civilisation, qui a ridiculisé tout ce qui
permet à l’homme de garder la maîtrise
de soi et ses
forces négatives [en faisant taire] en lui
l’humilité, la bonté,
l’écoute
aimante, la mesure, le non-jugement, etc. Ces jeunes
écrasaient les plus faibles, comme notre
société
globalement les écrase ; mais sans l’avouer. Ils
étaient moins hypocrite c’est tout.
Pourtant,
je
sentais en eux qu’ils aspiraient comme tout être
humain
à la grandeur, au bien, à la pureté.
Ils
respectaient la foi et ceux qui cherchaient à
créer une
société basée sur les valeurs du bien
actif
universel. Pour moi leurs révoltes périodiques
n’étaient que de la décompression, la
décompensation de l’énorme pression
sociale qui
pèse sur eux qui sont tout en bas de la
société.
Aucun gouvernement ne pourra résoudre ce
problème. Seuls
des gens de Bien
— croyants ou non — peuvent aider cette population
à retrouver un véritable objectif de Vie, un
idéal qui transcende leur réalité
quotidienne.
Si
les bien-pensants du haut de leur réussite sociale ne nous
avaient pas traités en secte suspecte, nous aurions pu faire
beaucoup pour redonner courage et espoir à ces frères
des steppes.
Mais cela demandait à nos dirigeants de remettre en cause
leurs
principes de gouvernement. En fait la plupart de nos dirigeants
s’arrangent très bien de ce désordre
qui permet de
justifier leur "autorité" et leur domination sur les faibles.
Daniel
C. | 11Dec07
73C05 Les
hommes demandent et recherchent des
signes, mais le sens qu'ils
donnent
à ce mot varie, au point que les intellectuels on
fait de l'étude des signes une discipline à part,
la sémiotique.
Dans le contexte de l'entrée, prenons trois
perspectives
différentes, du plus ou moins spirituel, le signe vu sous
l'angle du prophète, sous celui des hommes en recherche
spirituelle, et sous celui des guetteurs. Sous
la paupière large du prophète,
le Signe
s'étend dans l'espace et le temps, se
lie à l'accomplissement du
changement du monde,
et les notes accompagnant le verset XIV/5 de La
Révélation d'Arès évoluent
entre
l'édition de 84 et les suivantes: le Signe est
d'abord lié à la
préparation du prophète lui-même qui
prendra "quelques années", puis il
est lié à une évolution
beaucoup plus lente, celle de l'humanité.
Cette dynamique vers plus de richesse de sens,
d'ouverture, est essentielle pour comprendre la
Parole, Bible, Coran et Révélation
d'Arès et la présence d'un
prophète
qui accompagne notre évolution pendant de longues
années est un atout déterminant dans la
réussite de notre mission. Comme je regrette parfois la
difficulté que nous avons de retrouver la Vie
dans
la Parole plus ancienne, pour mieux comprendre le sens actuel
de la Bible et du Coran et ce que pourraient nous en expliquer
Moïse, Jésus ou Mouhamad de nos jours pour nous
déculturer face à l'interprétation
figée des dos gris (Rév
d'Arès XVI/3) de la religion!
Deuxième perspective, l'homme en recherche spirituelle,
surtout s'il est superstitieux, lui
aussi cherche des signes pour se rassurer
ou se guider, cette attitude fut très répandue au
début de notre mission mais tend à
s'estomper. Le Père nous a consenti quelques signes pour
nous rassurer, beaucoup ont été témoin
d'un ou plusieurs signes et une rubrique du "Pélerin
d'Arès" [périodique] y était
dédiée.
Enfin
les guetteurs, mis au service des craintes
des pouvoirs en place,
recherchent surtout des signes des futures crises qui pourraient
remettre en cause le système de spoliation. De nos jours ce
sont des futurologues, prévisionnistes, analystes
politiques, employés des services de renseignement, des
media... À l'époque de Jésus,
c'étaient des scribes et pharisiens qui lui dirent:
"Maître, nous voudrions que tu nous fasses voir un
signe" (Mathieu 12/36), et à qui il
répondit sèchement
:"Génération mauvaise et adultère qui
réclame un signe!" Ils recherchent des signes pour
compenser leur aveuglement, le ver dans l'œil. Or
comme toute injustice grave et durable, comme tout mal, la situation
des spoliés des banlieues peut
causer des
éruptions de violence à tout moment, frapper au
hasard et faire des victimes innocentes. Le
fossé est béant entre ces deux mondes,
celui des groupes d'hommes (et maintenant de femmes) en uniformes
divers, censés défendre "l'ordre public" en
obéissant à des ordres politiques ou
administratifs, et celui des spoliés
des banlieues.
Ils se toisent, se voient à travers
d'épaisses couches de
préjugés dans une logique de guerre
froide et nous-mêmes percevons les uns et les
autres trop souvent au travers du filtre des media. De mon
expérience limitée de contacts sur la
voie publique, je trouve que la communication avec les jeunes spoliés
est beaucoup plus facile qu'avec les "uniformes",
surtout quand on évoque l'espérance du changement,
l'urgence du dialogue dans le non-jugement et le refus du
mensonge et surtout l'amour universel: Ces questions se
posent à la conscience individuelle et "l'uniforme" au
milieu de ses collègues ne peut avoir qu'un discours convenu
et succinct.
Cette
différence m'a frappé lors d'un récent
retour tardif dans un RER de banlieue parisienne: Les dialogues avec
les jeunes de mon compartiment, après une
première réaction de surprise et de
méfiance de leur part, se
firent rapidement intéressants et chaleureux. Dans
le même temps, plusieurs groupes
d'uniformes passèrent, contrôleurs,
police avec chien, vigiles privés, je m'adressai
aussi à eux mais le dialogue fut quasi inexistant.
Par
contre, à chaud, surtout dans une situation de
violence ouverte ou de "délinquance" en cours, il doit
être bien difficile de trouver l'attitude juste avec
ces deux mondes, d'où l'importance de ne pas attendre les
éruptions pour agir et parler à tous pour
répandre la paix.
Milang Gompeng | 12Dec07
73C06
Il
y a un monde inconnu dans ces banlieues, comme des sources dans la
jungle. Elles sont aussi invisibles que l'air, elles sont
même
invisibles pour la police. Il faudrait abattre la forêt, tout
le
quartier autrement dit, comme les Allemans ont paraît-il fait
pour le
vieux Marseille pendant l'occupation, pour les voir. Et encore, on
s'apercevrait qu'elle coulent sous la terre! Leur murmure est dur
à capter. Ce monde parle un français
très particulier, il parle à toute
vitesse avec des mots qu'un Français ordinaire ne comprend
pas quand il
peut les capter. Il y a des nuits où personne ne dort dans
ces
quartiers. Les jeunes et les moins jeunes sont là en
groupes, parfois
tout silencieux, comme en attente de quelque chose. Ils
rêvent, mais à
quoi? Ils rêvent qu'ils pourraient être heureux, ce
n'est pas un rêve
matérialiste, mais c'est très spécial
en imagination. C'est toute la
question. Le gouvernement n'y comprend rien et alors il se simplifie
les choses: Il parle de "voyous" ou de "racaille" ou de
"déliquants"
faute d'y comprendre quelque chose, quand c'est seulement un autre
monde. Ces "extra-terrestres" ont toujours existé, je crois.
La Cour
des Miracles, un autre monde.
La police de proximité était une
idée qui s'approchait de ce qu'il faut: essayer de
comprendre, mais
c'était la police, forcément haïe ou
sans communication. La droite n'a
rien fait d'idiot en la supprimant. Ce n'est pas parce que des flics
circulent en souriant (parce qu'ils ont la frousse) et que quelques
sourires leur répondent que la
communication passe. Les animaux de la jungle ne s'y laissent pas
prendre; ils jouent la ruse. Hypocrisie pour hypocrisie, rien de plus.
Je comprends ce que vous voulez dire, frère Michel, en
parlant de
"délicate campagne" pour la mission de Paris. C'est
faisable, mais,
comme vous dites, la réflexion et la préparation
demandent du travail.
C'est pourtant un beau champ
de mission. Je suis née et j'ai passé mon
adolescence dans ces
banlieues comme vous êtes né cinquante ans avant
moi (je suis de 1979,
vous de 1929) dans ce que vous appelez (dans "Souvenirs", je crois) la
"banlieue usinière de ma jeunesse" où vivaient
les sous-développés. Je
m'y sentais en sécurité et respectée,
alors qu'en allant à Paris j'étais
moins tranquille sous les regards lubriques fixés sur mes
fesses et mes
seins en été. Si je vivais à Paris (Je
suis à Varsovie où j'ai suivi
mon mari qui est revenu près de sa famille), je pourrais
donner
quelques conseils.
R.W. | 12Dec07
73C07
Je rebondis sur la beau commentaire de R.W. [73C6], parce que je suis
moi aussi né dans ces banlieues "chaudes" de Paris, mais
vingt
ans avant elle. C'est sans importance, je ne crois pas que les choses
ont beaucoup changé.
Les fonctionnaires, je suis bien placé pour le savoir, qui
s'occupent de ces banlieues et beaucoup d'hommes politiques qui en
chercheront vainement la solution sans jamais la trouver ne connaissent
que les théories de leurs administrations les concernant,
théories qu'ils supposent vraies. Même les
soi-disant
sociologues diplômés des universités ne
connaissent
rien ou presque rien à la société de
ces
quartiers. Les étudiants en sociologie sont en fait
engagés dans un processus d'endoctrinement officiel sous
couvert
de "science", qui a pour résultat de présenter
comme
"positive" ce que vous appelez "la société
dominante" et
à présenter de façon
négative la position
de "la société dominée." Ils voient
les choses
sous un jour d'affrontement entre classes ou entre
sociétés et ils négligent la
réalité: C'est un autre monde et je dirais
même une
autre planète. R.W. a raison.
Obligatoirement les gens bien d'un côté
considèrent
comme la "racaille" les gens bien de l'autre côté.
Les
fonctionnaires et les policiers et même les enseignants
envoyés dans ces banlieues "chaudes" sont formés
comme
des émissaires culturels ou répressifs dont le
rôle
est de toujours donner raison à leur
société au
détriment de l'autre.
Je crois que seuls les Pèlerins d'Arès
actuellement reçoivent par La
Révélation d'Arès
une formation qui leur fait comprendre le rôle du
"dépassement" (la veillée 25 par exemple) dans un
dialogue ou simplement un processus de communication entre le
cœur d'un côté et le cœur de
l'autre ou l'âme
d'un côté et l'âme
de l'autre. Je veux dire que toute mission qui voudrait faire de la
société des quartier "chauds" une
société
de culture "officielle" même en partant des idées
[de la
foi] arésienne échouera et ne pourra
même pas
commencer. Elle sera rejetée aussitôt. Il faut
introduire La
Révélation d'Arès
là en permettant à ceux qui la
reçoivent de la
transcrire dans leurs propres idéaux sociaux. Ce n'est pas
une
question de couleur de peau (nos frères martiniquais ou
maghrébins y échouraient comme nos
frères bretons
s'ils s'y prenaient mal), mais de mental.
Bushman | 12Dec07
73C08
Il serait intéressant de savoir qui sont les auteurs des
commentaires 73C6 et 73C7 qui pourraient aider le groupe de Paris
à monter une mission dans les banlieues "chaudes."
Pouvez-vous nous indiquer leurs adresses électroniques ou
leurs noms?
Pantagruel |
Réponse
:
Les pseudonymes ou les initiales sont des masques. Pas plus que vous,
Pantagruel, ne souhaitez être reconnu, Bushman [73C7] ne
souhaite
l'être. Concernant R.W. [73C6] je sais de qui il s'agit, mais
elle ne m'a pas autorisé à transmettre son
adresse. Toutefois, il est vraisemblable que R.W. et Bushman liront
votre commentaire; ils m'autoriseront peut-être,
par E-mail privé, à vous transmettre
leurs adresses. Comme vous le savez sûrement, je ne
communique aucune adresse sans l'autorisation de
l'intéressé(e).
Notre fraternité
arésienne est une assemblée
de croyants libres,
dont une des caractéristiques est de respecter
la liberté des autres, notamment leur liberté de
se faire connaître ou non. Toutefois, R.W. vit en Pologne et
Bushman ne semble plus résider en région
parisienne. Il est probable que leur éloignement les
empêchera de participer
à l'étude approfondie d'une moisson
dans les
banlieues de Paris, en conséquence de quoi je vous
suggère d'aborder — ou de poursuivre —
cette
étude dès à présent sans
eux. | 13Dec07
73C09 Quant
les hommes s’intéresseront plus à leurs
semblables qu’à leurs propres
préoccupations, même légitimes, un pas
important sera fait! La culture judéo-chrétienne
nous apprend la charité, mais non à donner la
connaissance et la réflexion — outil important
pour la
liberté —. Les privilèges et
intérêts personnels nous ont fait oublier que,
pour vivre dans une société
de Bien
"l'amour, le partage, la paix, la
liberté, l'intelligence spirituelle" (vos propres
mots), chacun doit y participer. On
reproche à Nikola Sarkozy de parler avec Vladimir Poutine,
les dirigeants chinois, le colonel Kadhafi ! Il est vrai
qu’ils ne brûlent pas des voitures et ne
dérangent
pas la paix sociale, ils font des guerres. Je ne suis pas
contre leurs visites, loin de là. Vaut mieux encore
discuter, même si cela prend du temps, que de fermer la
porte, ce qui tend à l’affrontement. On
ferait mieux de demander à Nicolas Sarkozy pourquoi il
paraît si difficile
à notre gouvernement d’approcher ou de vouloir
entendre nos jeunes. Cela voudrait-il dire que la jeunesse
en souffrance (leur famille, les professeurs, les hommes de bonne
volonté qui s’affairent autour d’eux)
n’ont vraiment que très peu d’importance
devant les grands financiers et grand dominants de notre
monde? C'est
inquiétant. Seul le cœur des peuples pourra
changer cela en bonheur. Je ne peux qu’être
émerveillé par la patience
du
Créateur
de toutes choses devant ces nains qui se croient au-dessus du tout. Pour
en revenir à ces jeunes des cités, il
s’agit surtout de gamins de 12 à 16 ans en mal de
reconnaissance et d’identité (en pleine
adolescence). J’ai habité cinq années
dans une cité à risque, près de Lyon,
je n’ai jamais eu aucun problème avec ses jeunes
habitants. Mes enfants sont aussi les enfants
du monde. Si nous ne parvenons pas à comprendre, aider et
soulager cette jeunesse et tous ceux qui vivent près
d’eux, l’échec vers une
société d’amour
et de
liberté sera terrible.
"L’insurgeance" (Le Pèlerin
d'Arès 1993-1996) nous demande de
dépasser
les clivages, trouver les multiples parcelles pouvant rapprocher les
hommes et construire une sociétés ou des
sociétés basées sur la
fraternité, mais non sur des valeurs sociales
telles
que les entend le monde pour l’instant. L’état
ne parle que de punir, encore punir. J’ai
l’impression d’entendre par ces mots: vengeance,
encore vengeance.
Comment pouvons-nous avancer et trouver la liberté avec
cette façon de faire qu’ont nos politiques de
traiter les problèmes? Sans
la Parole Vécue, celle de la Bible du Coran ou
d’autres, sous l’éclairage de La
Révélation d’Arès,
il parait
bien difficile de faire s’embrasser les hommes comme des
frères pour une Vie
vraie. Alain J.
|
13Dec07
73C10 Les
jeunes de banlieue (je parle de la banlieue parisienne) seront plus
à l'écoute de personnes qui vivent
elles-mêmes en banlieue, leur assurant, croient-ils, une
meilleures compréhension de ce qu'ils sont, de ce qu'ils
vivent. Pour que des Pèlerins d'Arès puissent
apporter quelque chose, il est important qu'une ou plusieurs personnes
du
groupe vive en banlieue (pas forcément dite difficile). Sans
cela il est difficile d'être écouté.
C'est un premier point. Le deuxième point
concerne la police. C'est qu'en son sein elle garde des policiers
appelés "tueurs". Le père d'un ami,
ex-commissaire de police à la retraite, m'a
expliqué que ces hommes
dangereux sont en réserve pour entretenir une violence qui,
elle, justifiera toutes les lois et scélératesses
des gouvernements. Ces flics dangereux — ils n'ont peur
de rien, pas même de tuer — sont parfois
envoyés en
mission dans les métros ou autres lieux tout en
étant
surveillés étroitement par des policiers afin
d'éviter toute bévue. En
troisième point, il est important que les femmes
Pèlerins d'Arès ne soient
pas seules, car ce serait tout d'abord très difficile pour
elles d'être entendues (les jeunes entretiennent une
idée trés négative et
dégradante des femmes) et évidemment dangereux:
Certains utilisent les tournantes [?] pour libérer leur
souffrance. La femme est toujours salie dans tous les sens du terme de
quelque côté qu'on se tourne dans cette
société. Il est important de tenir compte de
cela et en tant qu'hommes spirituels, donner une autre vision de la
femme, telle
que Dieu la voit et le demande d'ailleurs. En
quatrième point, savoir que certains jeunes se
réfugient dans la religion (l'Islam notamment) sans avoir
jamais lu le Coran, tout en entretenant les
préjugés et des soi-disant
vérités obsolètes aujourd'hui.
Attention de ne pas être complices de cela pour amener ces
jeunes à un dialogue, puis à un changement.
Il est
important d'être clair dès le début
avec eux. Même si ce doit être difficile,
l'honnêteté est ressentie très
fortement chez eux, de façon positive bien sûr. Ce
sont des gens sensibles, à fleur de peau, ils sentiront si
les gens mentent, se font complices [du système] ou pas. Enfin,
malgré les souffrances et violence dans laquelle vivent ces
jeunes et qu'ils entretiennent parfois malgré eux,
ils ont
un potentiel immense et d'immenses qualités en eux:
Voilà le paradoxe. Leur redonner confiance et leur faire
croire en eux-mêmes sera une joie pour eux c'est certain. Ils
ont un grand
potentiel, brut, non taillé, mais très beau. Ce
sont des diamants bruts. Tony | 15Dec07 73C11 Ces
banlieues "chaudes" ont pour leurs jeunes habitants, et même
pour
de plus vieux, une dimension métaphysique. Ils n'y vivent
pas
dans un simplisme bien et mal que pourrait suggérer leurs
comportements, le bien chez eux et le mal au dehors, incerné
par
la police qui en sont les apparitions sataniques. Les habitants de ces
quartier sont voluptueux, avides d'argent, prompts à la
colère et à la vengeance, mais ils se sentent
aussi
désignés pour une mission. Une certaine
proportion
d'entre eux, au moins. Tony [73C10] dit qu'ils ont "une idée
très négative des femmes," mais R.W [73C06] dit
qu'elle
ne s'est jamais sentie aussi "en sécurité et
protégée" que dans ces banlieues. C'est
contradictoire en apparence, mais en fait, la proportion
métaphysique de ces banlieusards peut être un vrai
bonheur
pour leurs entourages. Il peut y avoir quelques sévices,
mais
c'est plus le fait de bandes qui s'opposent comme des sectes que le
fait d'un mépris envers les femmes. J'ai dit qu'il y a une
dimension métaphysique. Cela provient d'une idée
très répandue dans ces rues et sur ces places
selon
laquelle rien ne se produit sans volonté de Dieu, rien ne se
produit, y compris le fait de naître et vivre dans ces
endroits
qui paraissent socialement
déshérités... mais aux
gens du dehors. Les jeunes de ces cités ne se sentent pas
déshérités. Ils se sentent "autres" et
s'ils sont
"autres" ce ne peut être que par la volonté de
Dieu. C'est
dans ce sens, mais non par désespoir devant le
chômage,
qu'ils posent un problème. C'est aussi dans ce sens qu'ils
sont
dangereux pour les pouvoirs publics. S'ils brûlent des
écoles, c'est par mépris pour une
éducation qu'ils
réprouvent, pas par pur vandalisme. Jean G.
|
Réponse
: La
nature de ces "banlieusards", comme vous dites, est donc plus ou moins
d'inspiration musulmane, ce qui n'a rien d'étonnant. Leurs
"émeutes" périodiques contre le
système
européen où le hasard les a fait naître
alors
qu'ils sont plus éduqués pour vivre à
Tombouctou
ou a Dakar qu'à Villiers-le-Bel, n'ont rien que de
très
naturel, au fond, et le désœuvrement donne
à cette
jeunesse l'énergie qu'il faut pour cette "djihad". Muhammad
disait que "le paradis s'étendait à l'ombre des
sabres,"
et le gamin qui descendit de chez lui en cachant le fusil de chasse de
son père sous sa parka pensait, avec un peu d'imagination,
qu'il
avait pris son sabre? Pourquoi pas. Ça se tient! De plus,
ils
trouvent dans l'opposition à la force publique un moyen
d'unir
des forces qui, dans le train-train quotidien, sont plutôt
très dispersées du fait de leurs origines
très
diverses. Le moment où ils font front aux CRS est pour eux
un
moment de puritanisme, qui n'existe pas hors de ce bref moment d'union
et d'idéal non formulé, un moment d'exaltation
rare dans
leur existence. Toutes les révoltes contre tous les
systèmes partout dans le monde ont toujours
été
plus ou moins semblables à ça et la question pour
le
pouvoir qui s'y oppose est toujours la même: il faut tenir
contre
ces "émeutiers" le temps que retombe le feu de leur
rêve.
Sinon, tout peut basculer. De toute façon, si tout bascule,
rien
ne change sur le fond et c'est pourquoi le Créateur nous
rappelle que la vraie
Voie du
changement ne passe pas par la violence, mais elle passe
par le lent et pacifique changement
de vie en bien.
C'est cela que nous avons à prêcher au monde des
banlieues
chaudes comme au monde de l'avenur Mozart dans le XVIe art.
|
16Dec07
73C012 Tous
les jeunes de banlieues ne sont pas des "émeutiers" en
puissance, prêts à en découdre avec les
forces de l'ordre pour lancer leur rage contre le système.
II y a aussi parmis eux beaucoup de jeunes qui aspirent à
s'en sortir, s'en donnent les moyens, et ont assimilé la
culture et mode de pensée occidentale au point de se sentir
francais à part entière. L'école,
en dépit de tous ses travers et ses imperfections, reste un
fantastique levier d'intégration. Je crois meme pouvoir dire
qu'il existe une petite classe moyenne émergente issue de
ces quartiers qui prospère et pour qui l'islam ne nourrit
pas nécessairement des fantasmes guerriers, bien au
contraire. Dans certains quartiers la présence de
l'islam est même plutôt
bénéfique. Elle canalise les ardeurs et travaille
à apaiser les cœurs. Elle donne un cadre, une
fierté, une ligne de conduite. Dans certains cas, cela
produit parfois des comportements austères, voire
même rigoristes, mais pas necessairement violents. Au sein
d'une même famille on peut voir des extrêmes se
cotoyer, preuve que l'éducation reçue des parents
n'est pas un facteur déterminant. Curieusement ce sont
peut-être les femmes qui représentent le meilleur
espoir pour ces communautés. La situation est
très complexe et pour l'aborder, il faudrait je crois, comme
le dit Tony, commencer par vivre dans ces quartiers, partager le
quotidien de ces hommes et ces femmes. Cela dit, je ne
cherche pas à minimiser les problemes ou à
enjoliver la réalité. Il y a une
véritable crise à laquelle des
réponses urgentes sont nécessaires. Dans certains
quartiers plus que dans d'autres. Des hommes qui n'ont plus rien
à perdre sont capables de tout et on sent bien dans les
actes de ces jeunes-là que les plaies sont profondes. Pour
ma part je crois que si on s'efforcait de changer le regard que l'on
porte sur eux, beaucoup de choses seraient possibles, car ce dont ils
souffrent ce n'est pas seulement d'être exclus du
système et de l'avenir de ce monde, c'est aussi du manque de
reconnaissance, de respect. Aujourd'hui
nous sommes
enfermés dans une spirale de défiance et de
mépris qui nous conduit vers un abîme. En sortir
ne sera pas chose aisée, car les problèmes
économiques, qui touchent ces communautés,
exacerbent les tensions et ne sont pas prêts d'être
réglés. Au point que je me demande parfois s'il
ne serait pas judicieux de généraliser des "zones
franches" de toutes taxes et formalités administratives pour
laisser se redéployer des commerces et artisanats locaux
spécifiques à ces quartiers, rendre les habitants
de ces cités responsables — et pourquoi pas
propriétaires? —
de leurs habitations pour les inciter à en prendre soin par
eux
mêmes. On prendrait certainement le risque de certaines
dérives mafieuses, anarchisantes ou autres que, sais-je?,
mais
après tout, qu'y avons-nous à perdre? Cette
jeunesse nous
montre qu'elle est habitée par une énorme
énergie.
Il faut
lui donner les moyens de l'utiliser à autre chose que
détruire. Éric | 16Dec07
73C013 Voilà
des propos recueillis par Amélie Gautier: "Je
travaille dans le même collège de Zep depuis 8 ans. J'y
enseigne l'anglais à des classes de 3e et de 4e. C'était
ma première affectation en tant que jeune titulaire. Quand j'ai
commencé, les élèves étaient une petite
vingtaine par classe. Aujourd'hui, ils sont 26. C'est beaucoup pour
pouvoir enseigner convenablement. Au quotidien, c'est difficile
à gérer, d'autant que ces jeunes sont pour la plupart en
grandes difficultés sociales. Il y a les agressions verbales, le
manque d'attention, le refus d'obéir, les rappels à
l'ordre intempestifs, les élèves qui arrivent au
compte-gouttes... Sur une heure de cours, on peut perdre jusqu'à
30 minutes comme ça ! Et je ne vous parle pas des devoirs non
faits. "J'arrive à les tenir en général,
mais même mes collègues les plus chevronnés doivent
en exclure à cause de leur comportement ingérable. Trois
de mes collègues sont actuellement en congé maladie parce
qu'ils n'ont pas tenu le coup. On n'a pas l'impression
d'être soutenu par notre hiérarchie. Que ce soit le
principal ou le rectorat. Avoir l'attention de certains élèves
relève de l'exploit. Le taux de réussite de mon bahut au
brevet des collèges est de 40-50%, là où la
moyenne nationale doit être de 70%. Après le
collège, 40% des élèves continuent dans
l'enseignement général, 60% en seconde professionnelle.
Ce sont évidemment des moyennes, il y a aussi ceux qui
arrêtent les études. "Les résultats seraient
meilleurs si nous avions plus de personnel, plus de moyens pour
remédier à cet échec scolaire dès la 6e. Il
faudrait aussi plus de moyens matériels. On est obligé de
pleurer pour obtenir un nouveau tableau. L'établissement date de
1967, les dégradations sont importantes. Et puis il y a les
départs réguliers de feu dans les toilettes, les
graffitis sur les murs, les déclenchements intempestifs
d'alarme, la mauvaise isolation sonore... Cela fait 10 ans qu'il doit
être reconstruit "prochainement". "Malgré tout, je
viens travailler chaque matin avec un réel plaisir. Depuis 8 ans
j'ai eu l'occasion de changer d'établissement, je n'en ai
pas envie. C'est un enjeu, c'est mon challenge. Je sais que sans
l'école, ces jeunes, socialement très
défavorisés, n'ont aucune chance de réussir
dans la vie. Quand je me lève, je sais que ça va servir.
Si je ne viens pas, ils ne pourront pas apprendre l'anglais. Ces jeunes
sont malgré tout très attachants. Ils ont le droit de
recevoir une éducation. On a du mal à comprendre sachant
tout ça, que ce soit les profs les moins
expérimentés qui sont envoyés dans les endroits
les plus difficiles. "Ce qui met du baume au cœur dans ce
quotidien c'est de croiser des anciens élèves qui sont
arrivés jusqu'au bac. L'autre fois dans le train, j'en ai
revu une qui avait pu intégrer Sciences-Po. Il suffit de les
soutenir pour qu'ils réussissent. J'ai envie d'y croire.
Cela passe par davantage de moyens! C'est tout le contraire qui se
prépare à la rentrée prochaine avec la
réduction d'heures d'enseignement, la perte d'un poste de Segpa
(Sections d'enseignement général et professionnel
adapté), tout cela avec toujours autant d'élèves
et les mêmes locaux." Maryse | 16Dec07 73C014 Ce
texte s'adresse d'abord aux missionnaires, ce que je ne suis pas ou pas
encore, toutefois je me permet de donner mon avis. Je pense que vous
avez raison, il y a dans les cités un énorme potentiel
humain bien mal employé. Malheureusement quelques jeunes
semblent avoir basculé du coté obscur de la force et
vouloir tirer le monde vers le bas. Commentant à la moindre
occasion vandalisme, pillage, vole, viol collectif, agression, ils ne
semblent pas avoir conscience des conséquences de leurs actes et
les victimes en porteront indéfiniment les cicatrices. Je
ne mets pas tout le monde dans le même panier, bien sûr, la
grande majorité sont des gens bien, voire même très
bien, mais comme toujours c'est une minorité qui se fait
remarquer. Leurs voisins se disent encore (mais pour combien
de
temps?): "Que celui qui n'a jamais péché leurs jettent la
première pierre," ou bien: "Heureusement qu'il y a la Police!" Quoique..!
Qu'un véhicule des forces de l'ordre puisse être
impliqué dans un accident en agglomération, à
relativement grande vitesse, en choc frontal avec un deux roue, en
pleine période de répression routière ne fait pas
sérieux. Si, en plus, la population a eu le sentiment que
les fonctionnaires voulaient minimiser les responsabilités, dans
un climat de haine entre jeunes des cités et forces de l'ordre,
il n'en fallait pas plus pour que la situation
dégénère, surtout en banlieue ou la police n'est
pas du tout en situation de force comme c'est le cas dans Paris. Par
rapport à mon époque, ce qui caractérise les
jeunes des cités, c'est leurs look et leurs façon de
parler très agressive. En revanche, il me semble, ils sont
toujours entre homme, ce qui ne me semble pas très sain. Pour
ce qui me concerne, même si je me sens parfois agressé et
raquetté par les forces de l'ordre, j'ai pris conscience que ce
sont des personnes droites ou qui tentent de l'être, et qui sont
du coté des victimes. Certain d'entre eux réalisent même que
notre système est fait pour le bien des rois. Pour ma par
je préfèrerais missionner la Police. Aminadab | 16Dec07 73C015 Le
problème des banlieues dont il est question ici, c’est la
continuation de la "cour des miracles," les jacqueries, les romans de
Dickens ou d'Émile Zola, les pauvres qui se rebellent
épisodiquement contre les riches. Il y a un autre
problème des banlieues qui se vit au jour le jour avec quatre ou
cinq meneurs — de 16 à 25 ans: africains,
européens, maghrébins mélangés — qui
font la loi et qui, si on leur résiste, cassent les portes,
les boîtes à lettres, les ascenseurs, les voitures,
mettent le feu dans l’immeuble ou, au stade supérieur,
"cassent la gueule" à ceux qui s’opposent à eux,
quand il n’y a pas un coup de couteau qui s’égare.
Le problème c’est les drogués qui se
réunissent de 16h à 5h du matin dans l’immeuble
où réside un dealer, en criant, se battant, laissant
leurs "ordures" devant les portes palières ou ascenseurs.
Lorsqu’on les vire, ils reviennent une heure, ou quelques heures,
après. Ces jeunes reçoivent ouvertement de la drogue
d’adultes et tout aussi ouvertement volent des scooters. Parmi
eux ils y en a qui, grâce à l’aide
d’associatifs, sortent de ce cercle, mais il y en a qui sont
imperméables à toute aide et qui ne pensent
qu’à voler et casser les biens de gens aussi mal lotis
qu’eux. On ne peut parler avec certains de ces jeunes,
qu’en dehors de la cité, quand ils sont hors du
groupe. La quasi totalité ne connaissent du Coran que
l’appel au "djihad" et le port du voile par les femmes. Je
pense que ces problèmes ne seront pas réglés par
une quelconque recette imaginée en dehors des cités
— depuis les siècles où la pauvreté
règne, cette recette serait connue — mais par la lutte
persévérante contre le mal, par l’appel au
changement individuel, par l’amour évangélique, par
le partage et par l’exemple de notre pénitence. Berni
Z
| 17Dec0 73C016 Il
nous faudrait bien des pages et des jours de réflexion pour
lancer une passerelle de compréhension vers les "jeunes des
banlieues". Je ne crois pas, d’ailleurs, qu’on puisse
parler d’un genre "jeunes des banlieues," parce que les
banlieues, d’une part, ne sont pas uniformes et surtout parce que
les jeunes qui y habitent (comme les moins jeunes et les vieux qui y
vivent aussi) ne le sont pas non plus. Ils peuvent réagir
différemment à une situation donnée en fonction de
leurs origines, de leur religion, de leur éducation, de leurs
capacités. Leur point commun, c’est de vivre la
même misère de béton, de préjugés
(réciproques), de concentration et de rejet à la
périphérie des villes, c'est-à-dire loin des
activités et des rencontres qui rendent la vie citadine
vivable… toutes choses qui finissent par user leurs forces
constructives, par comprimer leur énergie pour en faire une
énergie "contre", une énergie qui ne s'exprime que pour
faire front et affront aux obstacles et aux cadres de manière
grégaire et primaire. Mais face à cette pression, il
reste des jeunes qui savent sortir des "cités" par le haut, pour
accéder à "la cité" tout simplement: Diams (Les
Ulis), Djamel Debouze (Trappes), Joey Starr (Saint-Denis), MC Solaar
(Villeneuve-Saint-Georges), Smaïn (Vincennes), Zidane (Marseille,
quartier de « La Castellane »), etc. Ces "diamants bruts"
(cf.commentaire 73C10) ne sont que des exceptions, et le resteront
certainement, une excuse permettant de considérer que "si l'on
veut, on s'en sort!" Ce qui repousse d'autant le recours aux solutions
sociales de fond: urbanisme, éducation, partage des
décisions de gestion... Je ne suis pas né (en 1952)
dans une de ces banlieues, mais elles sont venues à moi avec les
rapatriés d’Algérie, dès 1960 quand les
barres de béton ont commencé à manger les vergers,
les vignes et les jardins qui jouxtaient la propriété de
mon père. J’ai appris avec les enfants du quartier
à cotoyer, puis à fréquenter ces adolescents
"pieds noirs", rescapés de la guerre de décolonisation et
qui avaient tout perdu. Ils étaient d’une incroyable
violence et nos "bagarres pour de rire" n’étaient pas du
tout vécues par eux, au début du moins, sur le mode du
jeu, mais ramenaient à la surface de profonds traumatismes,
d'où quelques "malentendus" plutôt rock'n rol. Je
crois que les jeunes qui vivent aujourd’hui dans des conditions
qui les excluent parfois encore plus sont victimes d’un
traumatisme comparable, mais c’est un traumatisme lent, une
blessure infligée chaque jour pendant des années et qui
finit par faire d'eux ces "révélateurs des valeurs
obscures" (cf. commentaire 73C04) d'une société qui ne
les convie pas à sa table. Cela fait-il de ces jeunes pour
autant des hommes rudes
des steppes? Je n'en suis pas sûr, car de ces hommes des steppes La Révélation d'Arès
dit: Ils n'ont pas
péché par envie, leur cœur est resté généreux (28/17).
Elle les dit aussi capables d'établir l'équité (28/10).
Or, chez ces jeunes, la frustration et l'envie
restent de puissants moteurs, et le goût de devenir comme leurs dominateurs
(27/9) aussi. Entre
1995 et 2005, j’ai participé en tant que formateur
à l’accompagnement de quelques dizaines d'adolescents et
de jeunes adultes des "zones urbaines sensibles" de ma ville pour
l’éducation nationale, la protection judiciaire de la
jeunesse et l’administration pénitentiaire. J'en retiens
deux ou trois anecdotes pour rendre compte de comportements qui se
trouvent parmi l'éventail de caractères et de possibles
chez ces jeunes garçons et filles. Dans un centre culturel,
lors d'une discussion portant sur l'éventualité d'une
"soulèvement des banlieues" à caractère religueux
ou non, un de mes collègues s'est entendu dire cette parole
très simple: "Ne le prends pas mal, mais si une chose comme cela
devait arriver, vous seriez, toi et tes collègues, parmi les
premiers à être égorgés." Et cela fut dit
sans violence ni colère, comme une mise au point franche et
honnête! Au retour d'une sortie au centre commercial, nous
prenons par les champs qui environnent les rocades. Un garçon de
seize ans jette sur le sol l'emballage d'une barre chocolatée.
Je ramasse le papier et entame avec lui un échange sur les
règles de propreté ; il "m'envoie sur les roses." Je
poursuis en lui parlant de la beauté et du respect de la
Création (il est musulman) ; il m'écoute, mais prends ses
distances et de quelques mêtres, il me lance: "De toutes
façons, dans cinq ans, nous serons tous morts!" Je me
suis entretenu plusieurs fois avec lui à ce sujet et je me suis
aperçu qu'il n'avait pas d'espérance. Je ne sais pas si
j'ai pu lui offrir ne serait-ce que le début d'un espoir, avant
a fin du stage. Nous marchons dans la rue, une collègue et
moi. on nous hèle de loin: "Ouha! Cathy, D...!" La jeune fille
se rapproche. "Comment ça va?, Vous travaillez toujours au
Centre I...-S...?" Elle a dix-sept ans et elle est la maman d'un
bébé de six mois. Elle a décroché de la
drogue, elle semble heureuse et plus équilibrée. Elle
nous remercie du parcours accompli avec nous. Lors d'un crise
difficile, elle nous avait agressés physiquement! Ce genre de
manifestation de reconnaissance n'est pas spécifique aux
filles, il n'est pas rare non plus. Que nos rapports aient
été très difficiles, difficiles ou moins
difficiles (ils ne sont jamais faciles) ces jeunes ont parfaitement
compris que nous les traitions commes tous les jeunes que nous avions
en charge, avec ni plus ni moins de considération, ni plus ni
moins d'exigence ou d'encadrement. Mais ce qui semblait nouveau pour
eux, c'est que sur huit mois de relation, nous ne les avions jamais
jugés et nous leurs avions toujours marqué notre respect,
même en leur posant des règles. Cela avait pour eux la
valeur d'un repère humain constructif et peut-être d'une
espérance... Je tire de ces années
d'expérience un début de conclusion : parmi ces jeunes,
il y en a qui peuvent être dangereux, voire très
dangereux, notamment en groupe. On est toujours assez proche d'un
"dérapage" possible, et il ne faut jamais considérer que
la relation est stabilisée, banalisée. Un habitant
même d'une cité de la ville où j'habite y a
laissé la vie, battu à mort pour avoir sans prudence
demander à des jeunes, qu'il connaissait pourtant, de lui
laisser le passage dans un escalier. Heureusement, cela est rare, mais
leur monde a d'autres aspects très violents, comme les
"tournantes", évoquées par Tony (commentaire 73C10),
c'est à dire des jeunes filles, souvent mineures, parfois
très jeunes (11 ans), exploitées sexuellement pendant des
mois par des bandes d'adolescents. Aussi je pense qu'il vaut mieux
rencontrer ces jeunes en dehors de leurs quartiers où un
incident peut très vite tout faire basculer, en les abordant
comme des passants ordinaires. J'ai missionné certains de ces jeunes
sur les places du centre ville et ce fut parfois délicat.
Chapeau donc à Bernard (commentaire 73C01) pour son courage
missionnaire, mais la mission de Milang Gompeng dans le RER
(commentaire 73C05) me semble relativement plus prudente. Pourtant
ces jeunes et paradoxalement aussi bien ceux qui peuvent être
agressifs recèlent des richesses, des aspirations à
grandir, à apprendre, mais mêlée à beaucoup
de doutes, de peurs, de nervosité. Pour beaucoup d'entre eux,
tout reste encore possible, tant qu'ils n'ont pas pris pied de
manière solide dans les réseaux maffieux de trafic de
voiture ou de drogue. Mais ils ont besoin de plus qu'une relation
individuelle positive, ils ont besoins d'agir, de créer, de
s'exprimer à l'adresse d'autres humains qui les écoutent,
les regardent, les considèrent. Ils ont besoin de compter pour
d'autres, d'appartenir à une communauté, un groupe, bref
une société aussi petite soit-elle dans laquelle ils
aient une place valorisée et valorisante, même s'ils se
montrent (au moins au début) parfaitement rétifs à
toute forme de règle. Je ne sais pas si les Pèlerins
d'Arès pourront leurs proposer quelque chose de ce genre, mais
je pense qu'ils pourront commencer à devenir sensibles à
notre message s'ils ressentent chez nous: D'abord une véritable
ouverture fraternelle désintéressée, juste un
désir de partage qui s'intéresse aussi à eux,
ensuite une absence de peur, enfin une expérience commune de
notre foi, puisqu'il vaut mieux être plusieurs. Il y a
certainement d'autres conditions auxquelles je ne pense pas. Je vous
livre le fond de ma réflexion sur un ressenti de plusieurs
années. Mais je n'ai pas été élevé
dans les banlieues et je m'y rends rarement. À coup sûr,
toute action dans ce sens doit être réfléchie et
préparée longtemps à l'avance et être mise
en place très progressivement avec probablement de nombreux
correctifs. Je crois cependant qu'il serait bon de ne pas attendre trop
longtemps, un embrasement des banlieues rendrait les choses bien plus
difficiles, sinon impossibles. D. Faber
|
17Dec07 73C017 Se
révolter sans violence. Voilà une attitude qui n'est pas
compatible avec la nature humaine. La révolte est juste mais la
violence est inutile. Les prophètes nous ont montré la
voie, au risque de passer pour lâches: Moïse qui s'enfuit
avec son peuple soumis pour éviter des massacres, Mouhamad qui
s'enfuit aussi, alors qu'il avait pourtant l'esprit guerrier.
Jésus qui, après avoir copieusement provoqué les
prêtres et les marchands du temple, s'est laissé prendre
sans réagir, sans jamais se départir de son pacifisme.
Ses disciples n'ont pas compris, car il n'était pas dans leur
nature de comprendre. Frère Michel deviendra
peut-être un provocateur insupportable aux yeux de certains.
C'est pourquoi Le Père lui a déjà conseillé
de s'enfuir sur une île [l'île
sèche, Rév d'Arès XIV/7-10]:
ce n'est pas de la lâcheté, mais la logique fondamentale
de Dieu! La mission d'Arès devra porter la révolte des
jeunes de banlieue à bout de bras, en échange de quoi
elle pourra obtenir l'arrêt de la violence, mais ce serait une
erreur d'otenir l'arrêt de la violence sans cette contre-partie. Jacques,
banlieue de Kercado, Vannes | 19Dec07 73C018 Au
cours de mes activités, j’ai été
amené, pendant une courte période de ma vie, à
travailler dans un Centre de Formation avec des jeunes issus des
quartiers difficiles. Ces jeunes avaient entre 16 et 25 ans.
L’objectif était de leur donner une formation. "Certains
sont en situation de prédélinquance", me confira un
formateur. Quand j’arrive dans la salle, en
février, je reprends le poste d’un homme qui vient
d’être écarté. On lui reproche de ne pas
avoir la main sur les 40 jeunes de la classe. Je me demande bien qui
aurait pu l’avoir! J’ai plus de chance. Pour moi on a
divisé le groupe en 2 x 20 élèves. Je vais
découvrir en peu de temps deux mondes que tout oppose mais qui
cohabitent. Celui d’une jeunesse, déstructurée,
turbulente mais également sensible et attachante face à
un système bien structuré et organisé mais froid
et hypocrite. En cours les jeunes étaient d’une
impatience incroyable, quelqu’un parlait, un autre aussitôt
l’interrompait et cela pouvait devenir en quelques secondes un
vrai brouhaha. Je rentrais le soir littéralement vidé et
épuisé. Ils avaient une grande difficulté
d’écoute et de concentration. Impossible de les faire
travailler huit heures dans une journée assis autour d’une
table. Les journées furent réduites à six heures,
mais en réalité quatre heures de cours aurait
été le bon équilibre. Très vite je compris
que je devais improviser, m’adapter. Je trouverais
l’équilibre en usant de la sévérité
et de la douceur. Sévérité, car ces jeunes
n’ont pas de repères et ils le savent très bien.
Dès le début, ils testent jusqu’où ils
peuvent aller. Un jour, un jeune crachera dans mon dos, à mon
insu. À la fin du cours une élève viendra me
prévenir et nettoiera mon pull, mais je ne saurais pas qui a
fait cela. La nuit, je réfléchis à
l’attitude à adopter, et il me revint en mémoire
une réflexion d’un jeune. Il était parmi les plus
turbulents et m’avait reproché devant toute la classe de
ne pas être assez sévère avec eux. Le lendemain, je
distribuais à chaque élève une feuille où
j’expliquais la lâcheté de cet élève
et son manque d’intelligence, je développais la notion de
respect et terminais par la sanction qui serait pour tous les
élèves et pour les deux classes. J’obtiendrai de la
Direction l’autorisation sur simple décision de ma part du
renvoi d’un élève pour une heure, deux heures, ou
bien d’une demi-journée, parfois d’une
journée. Une méthode simple, mais efficace, et
qu’acceptait très bien l’élève,
puisqu’il pouvait toujours revenir en formation, il
n’était jamais renvoyé
définitivement. C’est à partir de ce jour que
l’on me respecta et que la confiance s’instaura. Je
rencontrerais une élève des années plus tard, elle
travaillait comme vendeuse dans une grande enseigne et elle me
reparlerait de cet évènement qui l’avait
marqué. "Ma mère m’avait dit, en lisant la lettre,
c’est bien, c’est ce qu’il vous faut." Ma
fermeté avait donc payé. On pourrait penser qu’ils
étaient contents de se retrouver dehors, mais ils perdaient
aussi leur journée de salaire, ce qui, pour beaucoup,
étaient leur principale motivation, j’y reviendrais plus
loin. Sévérité mais aussi douceur, car ces
jeunes étaient en souffrance, des écorchés vifs,
très lucides sur la réalité de la vie,
parfaitement conscients qu’ils étaient en situation
d’échec et que le système, loin de leur ouvrir les
portes, leur donnait des miettes. Alors ils cherchaient des combines,
des moyens de "gagner de la tune," comme ils disaient, et tout
était bon. J’apprendrais à les
connaître individuellement. Tous avaient en eux cette
simplicité et ce naturel qui manque tant à notre
société. Je découvrirais de la bonté au
fond de leur cœur et je ne pouvais qu’avoir envie de les
aider. Parfois, pour les intéresser, je sortais du programme, le
cours déviait alors sur les sujets d’actualités ou
sur des sujets de fonds avec aussi parfois les discussions
débouchaient sur le Coran et les traditions religieuses. Ces
dans ces moments-là qu’ils étaient le plus
attentif. En réalité, ces jeunes avaient besoin de donner
du sens à leur vie et de se sentir aimés. Pour cela il
fallait savoir aller au-delà des mots. Par exemple, impossible
pour certains jeunes de trouver un stage en entreprise, certains
avaient la tête des acteurs qui jouent les mauvais rôles
dans les westerns. "Regardez-moi, Monsieur, vous avez vu ma tête?
Comment voulez-vous je trouve un stage de vendeur! Quand je rentre dans
un magasin, ils ont envie d’appeler la police, c’est pas
une formation de vendeur qu’il fallait me donner mais une
formation de boucher." Rire général dans la classe. "Je
vais venir avec vous et nous allons chercher un stage ensemble," lui
répondis-je. Une journée suffit pour lui trouver une
place dans un magasin de prêt-à-porter de luxe. La femme
était directe: "Vous devrez être à l’heure,
mettre un autre pantalon, et vous m’enlèverez cette boucle
d’oreille". Il s’exécuta. La femme me dirait plus
tard: "Je l’ai accepté car si je ne l’avais pas
pris, je pense que personne ne l’aurait pris. Pourtant, quand on
le connaît, il est vraiment sympathique et ne rechigne pas au
travail." La revalorisation par le travail, y a-t-il meilleur
remède? Tous les jeunes trouveront un stage, certains
n’y resteront pas 3 jours mais d’autres en reviendront
heureux d’avoir goûté au monde du travail et ce sera
pour moi, une grande leçon: le travail comme remède
à leurs maux. Le
travail est bon à l’ouvrier et il en reçoit son salaire (Rév d’Arès
16/8). Je
me souviens de ce jeune, instable, souvent chahuteur, qui
trouva
une place dans un magasin de sports. Je pensais qu’il ne
tiendrait pas deux jours avant de se faire virer, or le résultat
allait dépasser tout ce que j’aurais pu imaginer. La
gérante alla jusqu’à l’inscrire sur la liste
des vendeurs, c'est-à-dire qu’il touchait un pourcentage
sur ses ventes, chose qu’elle n’avait jamais faite
auparavant pour un stagiaire. En quelques semaines, il était
devenu l’un des meilleurs vendeurs. Sûrement aussi le plus
grand voleur du magasin, mais la gérante bien qu’essayant
de le surprendre, ferma les yeux. Donner du travail correctement
rémunéré pour les jeunes de banlieue vaudra mieux
que toutes les aides sociales. Car le système aime le
saupoudrage, un peu d’argent ici, un peu là bas, de quoi
se donner bonne conscience. Ici, les jeunes passaient par la Mission
Locale. Ils touchaient environ 300 euros par mois durant leur
formation, mais les temps d’absence ou de renvoi étaient
décomptés. Le financement était assuré par
le Conseil Général qui tenait des statistiques
très précises sur le nombre de jeunes formés,
statistiques qui devaient probablement servir aux politiciens dans
leurs discours, mais les résultats ne les intéressaient
guère (aucun jeune n’aura son CAP, mais une simple
Attestation de Formation) et les améliorations
éventuelles étaient d’une telle lourdeur que tout
devenait très vite impossible. Le Centre de Formation, lui, se
serait bien passé de ces jeunes turbulents, mais les subventions
obtenues étaient une manne dont il ne pouvait se passer.
Pourtant il n’offrait que deux salles minables et mal
chauffées. Et les jeunes n’étaient pas dupes, mais
eux, ce qu’ils voulaient, c’était de l’argent
de poche et la Mission Locale était un tuyau que l’on se
repassait entre jeunes des quartiers. Finalement tout le monde y
trouvait son compte mais rien ne changeait sur le fond, et c’est
bien là le problème car la
vérité c’est que le monde doit changer (Rév d’Arès 28/7). Phildefair
|
20Dec07 73C019 La
Fédération nationale des maisons des potes, réseau
d'associations implantées dans les quartiers, constate une
dégradation "flagrante et rapide", depuis le milieu des
années 1990, de la situation des femmes, et notamment des jeunes
filles, en banlieue: "Beaucoup de filles des quartiers nous
ont contactés pour nous dire qu'elles en avaient ras le bol.
"PRESSION
PERMANENTE" Les
jeunes filles des quartiers doivent désormais vivre sous le
contrôle social de la cité, et supporter la violence et
les harcèlements machistes. "Il ne s'agit pas de stigmatiser la
banlieue, se défend Hélène Orain, qui, pour la
Fédération des maisons des potes, a recueilli dans un
livre blanc le témoignage de dizaines de femmes. Toutes les
filles ne sont pas victimes de tournantes ! Mais l'oppression est
quotidienne, banale. Sur elles, le ghetto fait peser une pression
permanente, qui les oblige à déployer une énergie
folle pour se protéger, veiller constamment à leur
réputation. Pas un instant de relâchement n'est possible." Cela
commence par l'habillement, le gros pull que l'on n'enlève
qu'une fois arrivée au lycée. Porter une jupe, un
décolleté, être maquillée, c'est
immédiatement risquer de se faire traiter de "pute" ou de
"salope". Quelle que soit son apparence, une fille qui marche seule
dans la rue échappe difficilement à l'insulte. Dans un
espace public dominé par les garçons, "les filles doivent
développer des stratégies de contournement
compliquées pour éviter les groupes de garçons,
faisant parfois de longs détours, explique Hélène
Orain. Elles se déplacent rarement seules, plutôt en
bandes de filles. Les seules qui échappent aux insultes sont les
filles voilées." Se sentant en insécurité,
les filles sortent peu, d'autant que "les infrastructures sportives et
culturelles, dans le quartier, sont beaucoup plus investies par les
garçons que par les filles, relève Sarah
Oussékine, de l'association Voix d'elles-rebelles, à
Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Naturellement, elles ne vont pas dans
ces lieux pour un problème de réputation." Dans les
cours des collèges, des lycées, la mixité n'est
pas davantage de mise. Corinne Boulnier, infirmière scolaire
dans un collège du Val-de-Marne, témoigne de la
difficulté grandissante de la communication entre filles et
garçons : "En quinze ans, les relations sont devenues plus
agressives, la relation amoureuse plus difficile. Ça peut aller
jusqu'à donner des coups. On dirait que ces jeunes gens ne
savent pas se caresser, se caliner." Cette violence s'exprime, dans la
cour de récréation, à travers un drôle de
jeu apparu depuis la rentrée chez les élèves de 6e
et de 5e : un garçon fait une croix avec son doigt sur le dos
d'une jeune fille, qui devient alors, à son insu, une cible pour
les autres garçons. On ne flirte plus. On n'apprend plus
à connaître l'autre sexe, le désir de l'autre.
Afficher une relation amoureuse, c'est, pour les garçons, se
montrer en situation de faiblesse, et, pour les filles, passer pour des
"putains". "Il y a vingt ans, les jeunes filles venaient pleurer dans
mon infirmerie pour un chagrin d'amour. Maintenant, elles se plaignent
d'être prises pour des moins que rien", note Béatrice
Piférini, infirmière dans un lycée des
Hauts-de-Seine. "Chez les élèves de 4e et de 3e,
poursuit Corinne Boulnier, se développe l'idée que dans
la relation physique, on doit forcer les filles. Quand on les force,
elles crient, ce qui, dans la logique de ces garçons, signifie
qu'elles éprouvent du plaisir. Car dans les films
pornographiques, que beaucoup de jeunes regardent en cachette, les
filles crient." "Les relations de couple sont très tendues,
confirme Annie, infirmière dans un lycée professionnel de
Marseille. Avec d'un côté la jeune fille, qui veut rester
vierge, de l'autre le garçon, qui veut avoir un rapport sexuel
avec pénétration. Du coup, les filles sont en souffrance,
écartelées entre leur culture familiale, qui leur
interdit de passer à l'acte, et la pression des garçons."
MARIAGES
FORCÉS Rien
d'étonnant à ce que nombre d'entre elles vivent dans le
mensonge. Ou cherchent un petit copain à l'extérieur de
la cité, à l'abri du contrôle exercé par les
pères, les frères, par la cité tout
entière, dont elles portent la réputation. "On exige
d'elles un comportement sérieux, imaginant que dès
qu'elles sont avec un garçon, il y a rapport sexuel, explique
Sarah Oussékine. Si la fille n'est pas "sérieuse", les
conséquences peuvent être dramatiques." Retrait du
système scolaire, interdiction de sorties, de toute
fréquentation masculine, de certaines fréquentations
féminines, préservation obligatoire de la
virginité jusqu'au mariage, retour obligé au pays,
recrudescence des mariages forcés...
Comment
s'explique cette dégradation unanimement constatée?
Certains pointent le poids de la culture patriarcale dans les familles
issues de l'immigration. D'autres la montée d'un islam
fondamentaliste. Ou encore une politique de la ville très
orientée au bénéfice des garçons
(équipements sportifs et culturels). Mais c'est surtout le
processus de ghettoïsation des cités qui est
dénoncé : "L'une des manifestations du ghetto, c'est le
retour en force des formes d'organisation sociale traditionnelles
fondées sur le machisme et le patriarcat", analyse
Hélène Orain. Les dix années du rejet des femmes
correspondent aussi à celles de l'accélération de
la relégation des cités, de l'effacement quasi total,
dans certaines zones, de la mixité sociale. Ce
communautarisme de fait, cet entre-soi, a facilité le repli sur
des valeurs archaïques ainsi que la mise en place d'un
système de domination qu'a fort bien décrit le sociologue
Eric Debarbieux dans une étude récente sur la violence
des jeunes. Selon lui, la répétition des actes, le
harcèlement continu et les micro-violences ont permis de
construire dans les quartiers un pouvoir masculin fondé sur la
loi du plus fort. Dans sa version sexuelle, cette domination est en
train d'éroder dangereusement les acquis du combat pour la
libération des femmes. Tout autant que de rétablir
l'ordre, comme le veut le gouvernement, il devient crucial, et urgent,
d'enrayer ces mécanismes mentaux en brisant l'isolement - social
et spatial - des cités. Maryse | 22Dec07 73C020 Le
quotidien "l'Humanité" a publié hier un article
intéressant sur les rapports entre télévision et
banlieue. En voici des extraits: Pascal Perbet,
écrivain (la Tribu Vivaldi) et scénariste de
télévision (l’Instit, Léa Parker, Avocats et
associés), habite la cité de la Boule à Nanterre
depuis vingt ans. Il regrettre de ne jamais voir sa banlieue à
la télévision. Que
pensez-vous de la représentation des banlieues à la télévision ? Pascal
Perbet. C’est désastreux. C’est toujours à
charge ! La télévision et les banlieues sont deux mondes
qui s’ignorent. Ils ne se parlent pas et ne se comprennent pas.
La télévision ne répercute qu’une seule
facette des banlieues, la plus spectaculaire. La chaleur humaine qui
existe ici est beaucoup plus difficile à filmer. Les JT
n’ont pas le temps de montrer cet aspect-là et ce
n’est pas leur rôle. Mais la fiction pourrait le faire. Justement, les téléfilms
montrent-ils une autre image des quartiers populaires ? Pascal
Perbet. Il n’y a aucune fiction française où les
héros appartiennent à la classe populaire. Les
cités n’existent pas dans la fiction française.
C’est grave. Quand on parle à six millions de personnes,
il y a une responsabilité morale terrible. La
télévision à une influence sur les
mentalités. Je crois que, sans le savoir, la
télévision participe au sentiment d’exclusion. Les
"petites gens" ne sont pas représentées, elles
n’existent pas. Comment
expliquez-vous ce traitement ? Pascal
Perbet. Il y a une réalité sociologique toute bête:
Les gens de la télé ont des bons revenus. Ils
n’habitent pas en banlieue. Je ne condamne personne, mais
c’est plus difficile d’en parler quand on ne connaît
pas. Donc, ils ne montrent pas l’humanité des quartiers
populaires. Si les cités étaient comme les
dépeignent les JT, il y aurait des vagues de suicides terribles!
C’est effroyable ce qu’on nous montre, personne ne voudrait
rester vivre là. Bien sûr qu’il y a des voyous, mais
on n’est pas en guerre civile. Si les gens restent, c’est
parce qu’il existe autre chose. La pauvreté crée
des liens, de la solidarité entre les gens. Pendant le ramadan,
tous les soirs, on m’apportait de la soupe. Vous connaissez
beaucoup de quartiers en France où votre voisin vient
spontanément vous offrir de la soupe ? Les quotas pourraient-ils être
une solution ? Pascal
Perbet. C’est une solution terrible, un constat
d’échec. Pour quel résultat ? Des Noirs et des
Arabes de service ? Le problème est social, pas ethnique. On
voudrait parler des Noirs et des Arabes alors que la
télévision ne parle pas des pauvres. Mais tout se rejoint
! Si la télé parlait des quartiers populaires, elle
verrait automatiquement apparaître des Noirs et des Arabes. Le
rôle des médias est de servir d’intermédiaire
pour éviter l’incompréhension et le rejet de
l’autre. Ce rôle moral est très important. Or
j’ai l’impression que les médias sont davantage des
relayeurs d’opinions. Que
pensez-vous du traitement télévisuel de l’anniversaire des révoltes ? Pascal
Perbet. Ce que je vois me fait peur. Si on veut poser un regard
sociologique un an après les émeutes, d’accord.
Mais j’ai l’impression que la démarche
générale est de guetter l’heure fatidique, le grand
frisson. On attend que les fauves se réveillent. On fait
tellement de bruit autour de ça que certains vont se sentir mis
au défi. Le moindre tricycle brûlé sera
filmé par seize caméras. Mais, faites gaffe les gars, on
joue avec le feu là, c’est dangereux. (Entretien
réalisé par Marie Barbier) Maryse | XXXxxXX
73C021
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