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26 janvier 200X (0054)
l'abbé Pierre
Avant que je n'enregistre #0054 m'arrive un commentaire. Il parle de l'abbé Pierre bien mieux que ne le faisait mon papier. Voici ce commentaire — Je me suis juste permis de l'enrichir un peu:
  • Abbé PierreAujourd'hui, j'ai une pensée fraternelle pour l'Abbé Pierre. Il nous a quittés le 22 janvier très tôt le matin, à l'age respectable de 94 ans. La jambe de l'homme de Bien aura quatre âges, nous dit La Révélation d'Arès (XXXI/18). Certes, l'abbé Pierre n'était pas l'homme de Bien au sens de La Révélation d'Arès, mais il était un remarquable siffleur (XXXI/19). Le Bien, qui a valeur absolue, n'est pas contenu dans la seule charité, mais dans un grand tout de valeurs bien plus complexe et vaste. Toutefois la charité, il faut la faire! L'abbé Pierre y excellait.
    La mort de ce grand monsieur du "reste" — terme que frère Michel tira de petit reste, désignant le noyau des pénitents (voir "Nous Croyons, Nous Ne Croyons Pas") — tombe justement en hiver, en plein période de crise du logement "opposable" dont parle ce blog (#0053). Cinquante-trois années aprés que l'abbé Pierre eut poussé le premier de ses innombrables cris d'indignation, qui fut entendu par les pouvoirs français. C'était en 1954.
    L'abbé Pierre était "craint et reconnu par les grands de ce monde," disent les media français qui aiment pousser le cocorico — Dans beaucoup de grands pays la presse ne cite même pas sa disparition, mais bon, passons! —. L'abbé Pierre, quoique convaincu de l'utilité de l'Église Catholique, défendit sans discrimination toute l'humanité en état de faiblesse: les Musulmans en Bosnie, les Tibétains en Chine, les Indiens sous-alimentés, les Américains en état de sous-citoyenneté et les sans-logis de France avec Coluche. Par là il montra implicitement que l'église manquait à son devoir et que le christianisme n'existait pas encore. En outre, il plaida pour le mariage des prêtres. Il fut une chance pour l'église, qui ne l'a pas beaucoup apprécié. Mais le peuple l'a fait.
    Il existe un film qui retrace les débuts du mouvement Emmaüs en 1954. Un film très peu connu et trés peu diffusé, car réaliste et engagé, différent de la dernière version aseptisée interprétée par Lambert Wilson. Le film que je recommande s'appelle "Les chiffonniers d'Emmaus." On le trouve chez René Chateau en VHS avec Pierre Mondy, Bernard Lajarrige et d'autres talentueux comédiens. Ce film fut tourné il y a quelques décennies. On y voit l'abbé Pierre avec toute son énergie et tout son courage, un héros du "reste"!
    José O.

Très beau commentaire! Plus élogieux que mon texte en préparation, qui était plus réservé, parce que j'avais rencontré l'abbé Pierre dans les années 80. J'avais cru ce prêtre plein d'amour absolu. Je découvris qu'il était proche du concept dualiste du pauvre incarnant le bien et du nanti incarnant le mal. Surpris par ce manichéisme, je lui dis: "Vous vous posez en juge. Ce n'est pas une attitude d'homme de Dieu, mais une attitude de politique. La politique a toujours besoin d'adversaires, mais vous?" Il marmonna quelque chose comme: "Je fais appel à l'État et aux pouvoirs publics; je ne fais pas appel aux riches." Je lui dis alors qu'il ne fallait pas rester dans l'église, soutenue par les "riches," et jouir du prestige de la soutane quand on affiche une partialité que ne partagent ni l'Évangile ni même l'église. Il répliqua en substance: "Vous n'y connaissez rien. Les nantis sont d'un égoïsme incurable." Je répondis: "En seriez-vous resté à l'idée que le Ciel s'ouvre devant le pauvre et l'enfer devant le riche?" Je lui fis observer qu'il n'y avait pas que de mauvais riches (Luc 16/19-31) et que des nantis pouvaient être aussi charitables que l'abbé Pierre et de façon moins tapageuse: Quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait la main droite... (Matthieu 6/2-4). Il hocha la tête. Alors, je fis remarquer que, de toute façon, le problème du bien et du mal n'était pas contenu dans les oppositions pauvreté contre richesse, malheur contre bonheur ou fusil qui tue contre fusil en bandoulière, mais était ailleurs, universel, infiniment plus profond, et que sa solution viendrait de l'auto-recréation intérieure de la créature par l'acquisition de l'amour absolu, du pardon absolu, de la paix absolue, de la liberté spirituelle absolue. Il rit et mit fin à notre rencontre. Assis dans ma voiture, je notai dans mon carnet: "Homme totalement désintéressé matériellement, mais qui s'est très habilement limité aux poncifs dualistes bien médiatiques. De là une grande gueule à la française et, comme dans ce pays on n'entend que les grandes gueules et même on les aime quand elles sont pittoresques, il a été entendu. Quoi de plus normal? Pour ce qui est de la charité immédiate, l'abbé Pierre est travailleur, efficace, organisateur... Chapeau! Mais pas de profondeur ou de ferment bouleversant. Aucun grand changement ne sortira d'un homme comme ça. C'est pour ça qu'on le laisse dire..." J'ajoutai: "Après tout, aujourd'hui il a peut-être des aigreurs d'estomac ou mal aux dos."
En me mettant à table tout à l'heure, je jetai un coup d'œil à la télé et je vis les funérailles nationales à Notre Dame de Paris. Oh tout ce tralala! Le président de la république, la procession des évêques... L'abbé Pierre n'aurait pas aimé ça. Je fus pris de tendresse pour la mémoire rugueuse, mais si simple, de l'abbé Pierre.

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Commentaires:
28Jan07 54C1
J’ai récemment entendu une ancienne intervention de l’abbé Pierre lors d’un reportage télévisuel retransmis pour sa mémoire. Elle doit dater du milieu des années 90. L’abbé Pierre au micro vilipendait les "riches," enfin presque tous les français excepté les sans-abri. Son discours disait à peu près ceci: "Vous avez plus de sang sur les mains que ces pauvres qui dorment dehors [quand ils se révoltent de façon sanglante], vous êtes possédants et égoïstes." Il devait sûrement penser au boursicotage et au soin qu’on met à épargner et rechercher profit et argent pour vivre. Mais pour qu’Emmaüs existe il fallait bien du commerce et des entreprises pour faire fonctionner les industries de textiles et bâtiment.
Je me suis donc demandé pourquoi son discours moralisateur et culpabilisateur plaisait autant? Et pourquoi un tel ressort n’avait au fond jamais rendu personne plus conscient des problèmes du monde et de leurs solutions possibles? Ce genre de discours, n’est ce pas l’archétype des imprécations lancées de toute les tribunes par les tous les orateurs qui ont besoin d’une cible bien définie où lancer leurs flèches?
En y réfléchissant, l’appel de Jésus à aimer ses ennemis prend un sens des plus profonds. Aimez vos ennemis, car le moteur du changement de direction ne pourra pas dans l’absolu venir d’une autre force [que de celle de l'amour], d’une autre source d’inspiration et de nourrissage de l’esprit que de celle simple du baiser et du don de soi. L’abbé Pierre avait tout de même quelque chose de cet esprit, mais on peut aussi voir en lui l’énorme difficulté qui consiste à revenir à la grande lumière du Créateur en sortant des schémas de la culture et de l’histoire. L’abbé Pierre fut aussi député, on voit par là l’impasse du carcan politique. Oui le problème est bien ontologique.
Jean-Claude D.

28Jan07 54C2
Je ne suis pas des vôtres et je n'aime pas tout ce qui agite les petites peurs du péché et les petits espoirs de la foi, je trouve ça une exploitation trop facile des faiblesses humaines, mais je reconnais qu'il y a dans votre façon de parler, frère Michel, une franchise, une droiture très incisives, qui me plaisent et qui plaident pour la vérité de votre témoignage. J'en veux pour preuve, une fois de plus, le courage avec lequel vous gommez les dithyrambes qui ont fusé de toutes parts en France à partir du 22 janvier à propos de l'abbé Pierre. Vous vous montrez courageusement iconoclaste, vous renversez l'idole.
L'abbé Pierre, c'était tout simplement Krivine, Laguiller ou Besancenot en soutane. Même genre de discours: Il faut dépouiller les "riches" et tout donner aux autres, les copains. D'ailleurs, Hollande tombe dans le même travers avec ses impôts relevés pour toute personne gagnant 4.000 € ou plus. Il aurait dû dire au contraire: "Tout le monde devrait gagner 4.000 € ou plus! Je vais fixer le smic à 4.000 €." Le sens de tout ça, c'est qu'il faut être dans le besoin pour être un honnête homme et un bon citoyen. L'abbé Pierre était même pire parce qu'il donnait à sa violence partisane "anti-riches" (c'est français ça, il faut être anti-riche comme il faut être anti-secte.. j'ai pas raison?), il donnait à sa violence "anti-riches" un ton doucereux, dont je me suis toujours demandé s'il était carrément hypocrite ou naturel. Il avait un public facile à convaincre et dont il avait fait une sorte de cour des miracles avec ses truands au dehors qui respectaient au-dedans les règles des gueux et des brigands. Depuis plusieurs jours la télé interviewe des gens qui n'arrêtent pas de dire la même: "Je lui dois tout... Je n'avais pas de logement, il m'en a donné un. J'allais mourir de faim, il m'a nourri, etc," au point qu'on finit par se demander si l'abbé Pierre n'était pas un grand propriétaire de logements et producteur de victuailles, mais le seul qui ait la générosité de distribuer ses possessions aux malheureux. On ne semble pas se demander qui avait mis à la disposition de l'abbé Pierre les toits et les tables servies dont il faisait bénéficier ses supporters comme si ça sortait de sa poche, les clodos et les paumés. J'aimais mieux Coluche, qui ouvrait ses restaurant du cœur à toute personne ayant faim, même bourgeoise, sans rendre un culte à la misère comme seul certificat d'authenticité humaine.
Bertrand G.

Réponse :
Vous n'y allez pas de main morte. L'abbé Pierre était quand même animé d'une authentique charité qui, dans ses effets immédiats, était extrêmement active. Mais c'est vrai, et cela entache son œuvre et réduit ses mérites, qu'il ne rendait jamais hommage à ceux, les soi-disant "riches", qui lui permettaient de donner à des pauvres ce qui leur manquait. Je dis "à des pauvres" et non "aux pauvres" contrairement au discours télévisé qu'on entend depuis plusieurs jours, parce que l'abbé Pierre n'avait pas l'exclusivité de la charité. Que fait-on du Secours Catholique, du Secours Protestant, du Secours Populaire, de l'Armée du Salut, etc?
C'est vrai aussi, et c'est bien dommage, que le discours de l'abbé Pierre n'était pas évangélique, parce que discriminatoire et partisan. L'abbé Pierre a probablement et malheureusement fait reculer la connaissance impartiale des Évangiles en soutenant de très anciennes déformations de ceux-ci. Depuis quelques jours je rencontre des personne qui me disent: "Mais enfin, ce que disait l''abbé Pierre, c'est l'évangile même," et je dois répondre: "Non! Non! Non! Le problème du bien et du mal n'est pas au niveau où l'abbé Pierre le situait; ce n'est pas le problème du pauvre contre le non-pauvre."
L'abbé Pierre semble vous avoir beaucoup agacé, Bertrand, mais en fait il n'était pas du tout moderne, tout simplement. Il avait gardé un vieux concept dualiste du bien et du mal, un manichéisme cher à certaines fractions catholiques. Ce manichéisme résulte d'une déformation populiste de l'enseignement de Jésus remontant au Moyen-Âge. En réalité, Jésus disait seulement aux pauvres que leur pauvreté ne les empêcherait pas d'être des justes et de faire leur salut plus facilement même que les riches forcément plus tentés par tout ce dont leurs moyens leur permettaient de jouir. Mais Jésus ne disait pas que les riches étaient des fauteurs de mal contrairement à ce que laissait entendre l'abbé Pierre. L'Évangile est l'Évangile de tous les hommes, pas seulement "l'évangile des pauvres" et quand la presse affiche en première page: "Abbé Pierre l'insurgé de Dieu," elle fait grand tort à la Vérité. Dieu n'a jamais été "insurgé" contre les riches — À preuve, Job, que Yahwé comble en le rendant plus riche après ses misères qu'il n'avait été avant.
Dieu a seulement et toujours exhorté les riches à ne pas s'enfermer dans l'égoïsme, à se montrer généreux.

28Jan07 54C3
Merci de démythifier la religion Misère, dont l'abbé Pierre a été le pape en France. J'aurais apprécié que votre entrée #0053 sur les SDF parle dans le même sens. Est-ce qu'on s'est donné la peine de souligner que si les sans-abri étaient logés dans les tentes des "Enfants de Don Quichotte", c'est qu'il n'y avait vraiment pas beaucoup de sans-abri dans ce pays et que le problème pourrait être résolu sans difficultés. Dans ma ville j'ai été parler aux occupants des tentes en question. J'ai dû en voir un certain nombre et aller de tente en tente avnt d'en trouver un qui parlait français. Je n'exagère rien. Je crois qu'on confond beaucoup les chemineaux et les trimardeurs (il faudrait ré-utiliser ces mots qui sont les bons mots) qui dorment à la belle étoile comme ils l'ont toujours fait au cours des siècles et le problème du logement qui est autre chose. Réfléchit-on, par exemple, qu'à chaque divorce il faut reloger l'un des deux conjoints, généralement le mari que le juge expulse de chez lui, même quand le pauvre type n'y est pour rien, si sa femme le trompe comme le faisait la mienne et depuis on ne m'autorise même pas à voir mes gosses parce que j'e n'ai pas un "logement décent." Mais j'en avais un et j'étais un bon père! Il n'y avait qu'à me le laisser chez moi. A chaque divorce le besoin de logement se multiplie par deux et comme les divorces se multiplient [...] Le problème du logement est une chose, celui des SDF un autre problème qui, lui, se complique chaque jour par l'arrivée des Roumains, des Bulgares, des Polonais, des Albanais, des Africains, etc. En entendant l'abbé Pierre on avait l'impression que la moitié de la France vivait dans la misère noire et l'autre moitié dans une opulence orgiaque. Merci de démythifier la religion-misère, merci de le faire avec courage. Oui, vous avez raison, le problème du bien et du mal est ailleurs.
Jean-Michel

28Jan07 54C4
Je me suis toujours dit que si la charité de l'abbé Pierre était idéale, d'autres prêtres l'auraient rejoint. À ma connaissance il est resté l'unique prêtre de son association "Emmaüs." J'ai toujours trouvé ça bizarre. Il était peut-être le Danone de la charité comme Danone est le grand prêtre des yaourts sans sous-marque connue. Je pense qu'il n'aimait pas la concurrence, même celle de ses collègues, et ça a contribué a laisser penser qu'il était le seul homme vraiment charitable de France.
C.H.

28Jan07 54C5
Je trouve que vous ramenez gentiment l'abbé Pierre à de justes proportions sans lui enlever ses mérites, mais en rappelant sans le dire que d'autres, dont les mérites ne sont pas les moindres, ne recevront sûrement pas des funérailles nationales. Votre article n°0054 le fait avec élégance et bonté. Vous mettez en avant le commentaire élogieux que José avait probablement destiné à l'entrée 0053. Vous finissez en portant témoignage de votre rencontre personnelle avec l'abbé Pierre. C'est fait avec art. Vous avez tort de dire que vous n'êtes pas écrivain (j'ai lu ça quelque part). Il n'est pas facile de démysthifier avec grâce un homme qui vous avait sûrement mal reçu et qui vous considérait comme un charlot.
Vous dites "C'est pour ça qu'on le laissait dire..." en impliquant que l'abbé Pierre était toujours resté dans le politiquement correct et le médiatiquement correct. Il ne fait aucun doute qu'on ne vous laissera jamais vous exprimer sur les ondes comme l'abbé Pierre a pu le faire pendant un demi-siècle. On ne vous laissera même pas une heure. Je suis sûr que si vous aviez voulu vous lancer dans la charité, on ne vous aurait pas laissé faire. Vous n'auriez pas été charitablement correct.
Christiane

28Jan07 54C6
L'homme qui occupe un poste à haute responsabilité, qu'il soit roi, pape ou président de la république, est toujours au-dessous de sa fonction. Curieusement réclamé par le peuple (qui ne sait pas qu'il va manger sa moëlle, Rév d'Arès XXXV/20), cet homme "providentiel" sera remplacé par un autre qui, à son tour, sera remplacé, etc. Le système ainsi renouvelle ses têtes comme l'hydre de Lerne (animal mythologique à plusieurs têtes qui repoussent multipliées quand on les coupe). De fait, de décade en décade, le monde va comme il va, c'est-à-dire plutôt mal aujourd'hui. Et puis, il existe des hommes — trop rares encore pour que le monde change (Rév d' Arès 28/7) — qui sont irremplaçables. Ce sont des âmes "trempées," hommes ou femmes de Bien, ils sont dotés d'une force et d'une aura particulières. Écartant les honneurs et les richesses terrestres, ils se donnent sans compter. L'amour pour les autres et la générosité les caractérisent: je pense à sœur Emmanuelle, à l' abbé Pierre, à bien d'autres avant eux...
Et puis, par dessus tout, plus rares encore, il y a les prophètes,
d'Abraham à Mikal, indispensables ponts (Rév d'Arès XLIII/9) entre Dieu et l'homme. Alleluia!
Aristide

28Jan07 54C7
Vous ne manquez pas de coffre, ni même d'audace. Réduire à des justes proportions une icône que tout le monde adule, il faut le faire, mais que montrez-vous d'autre que votre détermination à en rester à La Révélation d'Arès, après tout? Peut-être ne connaissiez-vous pas très bien l'abbé Pierre. On ne comprend pas bien l'homme si l'on oublie ou ignore qu'il avait été formé et ordonné chez les Capucins, avec le radicalisme franciscain et ses limites, en somme. Je l'ai un peu connu. Il avait un côté toc, quelque chose qui sonnait faux par moments, c'est sûr, mais c'était pour la bonne cause. Ce n'était pas Vincent de Paul, ce n'était pas un saint, il avait parfois la dent dure, il était authentiquement charitable. Vous le dites bien, d'ailleurs. Alors, je ne sais ce qui me laisse un peu morose en vous lisant. Votre façon d'amortir le bruit extraordinaire fait autour de sa mort comme s'il avait été le dernier charitable de la création et comme si désormais nous allions vivre réduits à l'humanitaire style Sécurité Sociale? Heureusement, il reste beaucoup d'autres charitables en ce monde, peut-être même plus charitables. Lui, il avait la chance d'avoir poussé un coup de gueule au bon endroit au bon moment en 1954!
J'ai bien compris votre souci: Montrer que le vrai problème du mal est ailleurs.
André M.

28Jan07 54C8
Votre propos sur l'abbé Pierre reste dans l'essentiel comme vous l'avez toujours montré: La charité totale que Dieu demande est d'entrer en pénitence et de moissonner le monde pour qu'il change.
Vous disiez dans un numéro du "Pélerin d'Arès" trimestriel (le n°41) que les pouvoirs expriment leur admiration aux charitables médiatisés en quelques sorte et devenus des symboles acceptables:
"Qui n'admire l'abbé Pierre et la mère Térésa? Et les milliers de charitables inconnus chrétiens, juifs, musulmans ou athées, qui secourent les hommes. Leur charité est nécessaire, mais est-ce la charité totale que demande Dieu? Mais si l'abbé Pierre, la mère Térésa et tous les inconnus dévoués aux pauvres, aux spoliés, aux oubliés, poussaient leur charité jusqu'à son absolue logique? S'ils leur disaient : "Frères malheureux, je vous ai donné le pain et le toit, mais je vous donne aussi le moyen de réfléchir à votre condition injuste, et le courage de la refuser, l'énergie de récupérer ce qui vous revient et de refaire le monde," leur bonté serait aussitôt mise en doute, soupçonnée d'arrière-pensées. Ces charitables seraient traités d'agitateurs, d'irresponsables (le mot plaît en ce moment). La religion les rappellerait à l'obéissance ou les passerait aux oubliettes. L'homme de la rue répéterait "Des religieux n'ont pas à faire de politique" sans savoir que, dans ces circonstances, l'abbé Pierre et la mère Teresa ne feraient que pratiquer la charité totale, tandis que l'église, en les faisant taire, ferait bel et bien de la politique."
Si l'abbé avait dit: Insurgez-vous ! Il n'aurait plus été aussi charitablement correct. De leur côté les systèmes empêchent les initiatives personnelles en disant qu'il y a les institutions comme le Secours "XYZ" pour ceci et cela, la Sécu, etc., et au travers de la chasse aux indésirables, tentent de tuer dans l'œuf tout mouvement émergeant et décrètent par ailleurs que tout ce qui ne rentre pas dans le cadre du "politiqement, religieusement, moralement, etc., correct" est forcément une terreur pour l'État dominant car l'homme noir sait sa cache (Rév d'Arès 35/14).
Le film sur l'abbé Pierre montre bien les ambiguités d'un homme qui fleurte avec le système en place sans vouloir déraciner le mal à la base. Cela donne bonne conscience aux charitables, qui se voilent les yeux sur les véritables causes de la misère en aménageant la misère dans des critères du supportable pour les miséreux (et encore, cela est une notion relative), en les reléguant dans le strict minimum de moyens pour éviter qu'ils ne deviennent des créatifs capables de s'en sortir sans eux et que les plus riches partagent leurs biens (mais l'État les pompe pour les en empêcher).
La solution est par conséquent la vie spirituelle pour construire une vie matérielle heureuse.
Danny G.

29Jan07 54C9
Comme vous Frère Michel, qui relativisez les actions et la vie de l’abbé Pierre, n’essuyons pas nos pieds sur la mémoire de cet homme, qui comme moi avant de trouver la lumière d’Arès comprenait la parabole du jeune homme riche (Mathieu 19/24): Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu, comme l’impossibilité totale pour un riche d’accéder au salut.
Aimons cet homme tel qu’il était, certes insuffisant au niveau spirituel, mais exemplaire au niveau de la charité.
Nous pouvons trouver des raisons à cet homme quand on sait que le chapitre des Épitres de Paul (1Corinthiens 13), qui s’appelle aujourd’hui "l’amour fraternel," s’appelait, il n’y a pas si longtemps, "l’hymne à la charité" où le mot "amour" était remplacé par le mot "charité." Il [l'abbé Pierre] n’était que le produit du catholicisme traditionnel. Égaré par l’église, il vivait sa foi au niveau de sa compréhension.
S’il y a un procès à faire, ce n’est pas celui de cet homme courageux et vaillant, mais celui de cette église qui l’a instruit et conditionné dans ce discours partisan, faisant ainsi reculer la connaissance et la vérité impartiales des Évangiles ».
Son choix d’utiliser les médias pour mener son combat était visiblement purement stratégique. Il ne semblait pas rechercher une gloire personnelle. Cette église en égare et en égarera encore beaucoup d’autre tant que notre action n’aura pas permis de retrouver cette intelligence spirituelle qui nous permettra de dépasser cette culture judéo-chrétienne archaïque et trompeuse.
Même vous, Frère Michel, où en seriez-vous, et nous avec vous, si l’Envoyé en 1974 puis Dieu lui-même en 1977 n’étaient venus vous déranger dans vos certitudes et vos croyances d’alors?
L’abbé Pierre n’a besoin ni d’éloges ni de reproches. Souvenons-nous que la seule épitaphe qu’il souhaitait était "Il a essayé d’aimer."
Rémy G.

29Jan07 54C10
Le Père dit à Arès: (Quand) le jars fort, beau, (est) dans la cage, qui voit la cage ? ( Le Livre XXXVI.3 ) + annotations "Le plus vertueux des religieux ( jars fort et beau ) est généralement prisonnier de sa religion et de sa hiérarchie (est dans la cage)."
Mais aussi la plus vertueuse des femmes, le plus vertueux des hommes, qui religieux, politique ou autre se laisse prendre par le piège de la dite cage: hiérarchie, pouvoir, exploitation et conditionnement de l'homme par l'homme, se laisse idôlatrer.
J’ai éloigné de toi les récompenses et les honneurs du monde, les degrés et les succès auxquels porte le monde, pour que tu n’entres pas en tentation de M’échapper, de devenir triste à Mon Appel ; Je t’ai consacré; J’ai étendu Mon Bras vers toi pour oindre ta bouche de Ma Main, y déposer Ma Parole, pour que tu sois Mon Messager, non pas un prince du culte, dit La Révélation d'Arès (2/20-21), et plus loin elle dit encore: Mon Peuple ne sait plus où Je suis, où Je ne suis pas. Abats les idoles de l’esprit comme furent abattues les idoles de bois ! Va, Je suis ton Appui ! (23/8-9 ).
Nous somme tous concernés. Nous pourrions aussi tomber dans le piège de la cage, devenir des stars médiatiques comme fut l'abbé Pierre et comme le sont bien des hommes, mais pas des chefs (Rév d'Arès 16/1), pas des idoles de l'esprit (23/8), parce qu'il n'y a pas de d'élites chez les Pèlerins d'Arès, il y a seulement des êtres conscients, des pécheurs parmi les pécheurs, conscients qu'ils sont frères et sœurs de tous les êtres humains, quel qu'ils soient et qu'ils ont une grande mission à accomplir: Ils ont à vivre et transmette la Vie spirituelle.
Merci José.O, merci, frère Michel pour toutes ses Lumières pour faire de nous des hommes du temps qui vient (Rév d'Arès 30/13), des prophètes en puissance, fruits de notre pénitence.
Didier Br.

30Jan07 54C11
Vous me laissez baba. Quel équilibre! Quelle mesure, comme dit La Révélation d'Arès! Voilà un curé réduit à de justes proportions. L'église qui l'avait beaucoup critiqué, et souvent critiqué dans le même sens que vous d'ailleurs, l'a comme [elle le fait] toujours récupéré au dernier moment, sur les marches de l'autel de Notre Dame [de Paris]. Zarathoustra [Sarsouchtratame, Rév d'Arès XVIII/3] fut assassiné sur les marches de l'autel du Dieu Unique, mais pour l'église l'abbé Pierre au contraire fut comme ressuscité à cet endroit. Vous, frère Michel, vous vous refusez à récupérer l'homme. Bravo. Vous n'êtes pas injuste pour autant.
Je pense que vous auriez dû faire allusion à cette affaire de soutien de l'abbé Pierre à Roger Garaudy en 1996, dont vous aviez parlé lors de votre enseignement à Paris la même année, après quoi l'abbé Pierre se défila et laissa Garaudy tout seul face au juge d'instruction pour "contestation de crime contre l'humanité." D'ailleurs la Licra (Ligue contre le Racisme et l'Antisémitisme) procéda à l'exclusion de l'abbé Pierre à l'époque. De là la réserve des milieux juifs face à la mort de ce prêtre il ya quelques jours. On ne doit pas oublier les côtés équivoques de l'homme Pierre.
Simon S.

30Jan07 54C12
Peut-être que l'abbé Pierre n'était pas un homme du temps qui vient au sens que vous lui donnez [Rév d'Arès 30/13], je ne sais pas, mais comment peut-on définir avec précision justement l'homme du temps qui vient, qui reste à définir, qui n'est donc pas encore, qui doit se recréer, sans le rapetisser et le réduire à de simples notions intellectuelles?
Alors?...
Mais si je ne sais pas vraiment quel est cet homme nouveau, je pense savoir ce qu'il n'est pas ou ce qu'il ne doit plus être.
En l'occurence, pour revenir à l'exemple de l'abbé Pierre, cet homme nouveau à venir doit vaincre son égoïsme et ne doit plus être tourné exclusivement vers lui-même, comme l'homme moderne pensant, fier de son savoir et de ses certitudes... qui souvent le mène à la catastrophe. Ce que n'était sans doute pas l'Abbé Pierre.
Olivier G.

Réponse :
Demander ce qu'est l'homme du temps qui vient, c'est demander le sens de La Révélation d'Arès. C'est demander quel type d'homme le Créateur par son Message de 1974-1977 suggère à l'humain de devenir. Si vous ne connaissez pas le sens de La Révélation d'Arès, vous ne devez pas comprendre grand chose de mon blog et je ne m'étonne pas que vous compreniez mal ce que je veux dire à propos de l'abbé Pierre. Je ne vous le reproche pas; je veux seulement dire que je ne peux vous donner une réponse détaillée dans la cadre de ce blog qui n'est pas un site missionnaire ou catéchétique, mais seulement un petit journal personnel, le journal d'un Pèlerin d'Arès qui réagit aux événements du monde selon sa foi.
En quelques lignes seulement que dire? L'homme du temps qui vient est celui qui accepte, dans ses actes (rien "d'intellectuel" là-dedans!), d'être un pénitent au sens que La Révélation d'Arès donne à ce mot: Celui qui aime et respecte tous les hommes, les riches compris et même ses ennemis. Celui qui pardonne toutes les offenses de tous les hommes, y compris les offenses des riches. Celui qui fait la paix avec tous les hommes, riches compris. Celui qui considère tous les hommes libres (Rév d'Arès 10/10) absolument, y compris libres d'être riches. Or, l'abbé Pierre avait contre les riches une prévention déclarée, qui était de type archaïque, dont le Créateur veut que nous sortions pour devenir ou plutôt redevenir des hommes du temps qui vient, l'Adam d'avant la chute, celui qui était riche de l'Éden. L'abbé Pierre n'était pas cet homme-là; il n'était pas un homme du changement au sens que La Révélation d'Arès donne aux mots changer le monde (28/7). L'abbé Pierre était un prêtre qui appartenait à une famille d'interprétation des évangiles qui a, durant des siècles, grosso modo considéré les pauvres comme vertueux ou, à tout le moins, comme promis au Ciel, et les riches comme de grands pécheurs, proches de l'enfer. C'est faux. C'est faux dans la Bible, c'est faux dans les Évangiles, c'est faux dans le Coran, c'est faux dans La Révélation d'Arès.
Je ne déprécie pas les grands mérites de l'abbé Pierre comme humanitaire. Je dis seulement qu'il n'était pas l'homme idéal au sens arésien. Je ne fais pas non plus l'apologie de la richesse. Je n'ai pas moi-même envie d'être riche, bien que la richesse ne soit pas un péché en soi, mais parce que la richesse permet l'accès à tant de tentations qu'il est difficile d'être tout à la fois riche et pénitent. Ce n'est cependant pas impossible et je le déclare afin de rendre justice aux riches de ce monde dont beaucoup, contrairement à ce qu'on croit, sont généreux.
Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur ce qui différenciait l'abbé Pierre de l'homme du temps qui vient, notamment par sa position ecclésiastique, mais je n'ai ni le temps ni la place de le faire ici.

31Jan07 54C13
[Ce commentaire fait suite à la réponse 30Jan07 54C12]
Votre réponse est un peu "bizarre", car complètement à côté du sens de mes propos.
Je ne dirais pas que je m'inquiète pour vous, mais...
Je n'ai jamais fait la moindre insinuation dans mes propos sur la façon dont les riches gérent leurs biens, je parlais de générosité au sens large du mot sans distinction de classes sociales, même s'il est évident que les riches ont plus à donner que les pauvres, c'est une "Lapalissade"...
Un "pauvre" peut être plus égoïste qu'un riche, je ne vois pas très bien comment l'on pourrait généraliser la générosité des gens suivant la proportion de leurs biens, peut-être que l'Abbé Pierre faisait quelques généralités, il me semble que ce n'est vraiment pas le plus important, c'est un peu dérisoire en rapport avec son engagement et son combat.
L'Abbé Pierre a pris aussi des positions contre celles de l'Église, notamment sur le célibat des prêtres, et d'autres, qui lui ont valus les foudres de l'Église.
Il a pris des positions courageuses sur la sexualité, à contre-courant de celles de l'Église, il militait aussi sur le droit des femmes a "exercer", etc.
Aucun rapport pour moi avec le jars (Révd'Arès XXXVI/3) dont parle La Révélation d'Arès, qui répondait précisément à une de vos question sur Saint-Francois d'Assises.
Soit  vous travaillez trop — mais celà vous regarde —, mais n'oubliez pas quand même que la fatigue ôte l'esprit (Rév d'Arès 35/8) de n'importe quel homme, soit vous dirigez intentionnellement certains propos dans la direction que vous voulez — Ce que sincèrement je ne souhaite pas pour vous, cela serait vraiment trop triste. De toute façon, j'estime que cela manque cruellement d'objectivité.
Vous me donnez l'impression de quelqu'un qui se sent attaqué à la moindre divergence de point de vue, je trouve cela triste. Prenez du recul!
Mais je ne vais pas polémiquer avec vous, j'ai d'autres préoccupations.
Pour dialoguer objectivement, il faut être au moins deux et espérer une certaine partialité, qui fait défaut en ce moment.
J'ai pourtant tenté de dialoguer avec vous, je vous ai posé quelques questions dont j'attends d'ailleurs toujours les réponses, notamment sur la question de la mise en ligne de la La Révélation d'Arès.
Vous donnez l'impression — peut-être fausse — d'avoir mis une "marque déposée" réservée, alors que logiquement cette "Révélation" doit être portée à la connaissance du plus grand monde. N'était-ce pas la Volonté du Créateur?
Quelle Volonté à la priorité?
Je vous ai aussi proposé un reportage sur vous et le mouvement Arésien, mais pas de réponse...
Et, comme vous le savez mieux que moi, le silence parfois, est la pire des réponses... Le muet lasse l'œil, dit La Révélation d'Arès (I/3). Ensuite, vous allez  dire qu'il est dommage que vous n'ayez pas eu assez de moyens pour diffuser cette Révélation. Avouez que ce n'est pas logique et qu'il y a de quoi se poser certaines questions!
Mais vous ne voulez malheureusement pas expliquer la raison de cette non divulgation en ligne, ce fait seul en lui-même doit en laisser plus d'un perplexe. J'appelle cela "chercher le bâton pour se faire battre"!
Croyez bien que je ne cherche pas à vous nuire ni d'une façon ou d'une autre, mais vous me donnez l'impression de vous perdre dans vos contradictions et celà vous rends soit trop méfiant, soit trop confiant.
Mais je n'ai pas à vous jugez, tout comme vous d'ailleurs n'avez pas à me juger.
Vous me dites que je ne comprends pas le sens de votre blog, mais pardonnez moi, c'est un peu trop façile et ce n'est pas à votre honneur.
Je pourrais dire exactement pareil du sens de mes propos que vous ne comprenez pas, vous ne m'avez rien démontré en disant celà, et je ne vous démontrais rien en disant la même chose.
En tous cas,ce n'est sûrement pas comme celà que le monde changera.
Olivier G.

Réponse :
Je ne vois pas du tout qui vous êtes, mais je vous publie quand même in extenso. Si j'ai mal compris votre précédent commentaire [54C12] j'en suis désolé. Vous avez adressé un certain nombre de commentaires à mon blog, c'est tout ce que votre nom me rappelle. Concernant votre offre de "reportage" et votre offre de "mise en ligne de La Révélation d'Arès", ce sont des offres qui me sont souvent faites et généralement j'en accuse réception, mais étant seul pour lire et répondre à des milliers de mails par an tombant dans toutes mes boîtes de messagerie, il arrive que je manque de temps pour répondre à certains d'entre eux. Si c'est le cas pour vous, je vous présente toutes mes excuses. Il arrive aussi que des mails ne me parviennent pas. Adressez-moi un courrier postal, c'est plus sûr.

31Jan07 54C14
Vous écrivez dans Le Pèlerin d’Arès N°3 de 1978, dans l’article "De la richesse non condamnée, mais suspecte, à la pauvreté non obligatoire et parfois perverse":

[Extrait] À tous les niveaux, du spirituel au social, flétrir le riche parce qu’il est ou paraît riche, et magnifier le pauvre parce qu’il est ou paraît pauvre, au sens commun, c’est polémique et démagogique, qui tendent à la violence, parfois sanglante en politique, et à l’horrible esprit de condamnation en religion.
Or nous, Pèlerins d’Arès, devons tendre à l’amour, dont la mesure est la condition, car nous ne pouvons pas plus aimer passionnément les riches, et leurs richesses, que nous ne pouvons les rejeter ou les haïr.
Notre mesure est dans la mesure de la Parole de Die : Elle  met en garde l’homme contre la richesse des biens terrestres, mais Elle ne condamne nulle part la richesse ! Elle condamne ses abus, et surtout les graves péchés qu’elle suscite : égoïsme, cupidité, fatuité, plus fréquents chez les nantis que chez les dépourvus, qui n’en sont cependant pas exempts.
S’agissant de richesse, comme de toute autre cause possible de chute, La Parole de Dieu s’adresse d’abord à nous, serions-nous miséreux.
Elle nous ordonne de nous convertir sans cesse à la générosité, à la pauvreté évangélique, et de briser en nous toute envie comme à l’inverse tout mépris pour la richesse, parce que même les pauvres d’entre nous n’ont pas forcément l’esprit de pauvreté.
Moïse, Jésus, Mahomet n’étaient pas pauvres, car ils disposaient des moyens de leurs missions, parfois plus importants qu’on ne le croit. Ils n’avaient pas besoin de grand chose pour eux mêmes, et surtout ils auraient préféré le pire dépouillement au moindre risque pour leur salut éternel ! Là est le véritable esprit de pauvreté.
A l’exemple des prophètes, dont les noms courent sur les lèvres, le petit reste des pèlerins et des pénitents d’Arès, tous prophètes aussi, doivent remplacer le besoin d’avoir par le besoin de ne pas avoir, selon l’expression des ermites de la Thébaïde. Alors cette condition remplie, être riche ou ne pas être riche devient relatif.

Christian

02Fév07 54C15
Je ne sais pas s'il est confortable d’avoir le verbe incisif concernant l’abbé Pierre après-coup, au moment où il s’en va voguer ailleurs. Je dis ça, non parce que je lui voue une admiration sans borne, mais parce que je garde le souvenir de m’être longuement entretenu avec lui en son lieu, à Esteville, il y a quelques années. Bon, incisif, on peut l’être après tout. Si La Révélation d’Arès y invite, je pense que c’est plus dans le vécu que dans le débat théorique. Et, pour ne pas me laisser piéger par ce dernier, j’avais entrepris de le rencontrer dans le cadre d’une interview, à l’époque où je faisais un peu de presse écrite. Disons que ma démarche était un peu machiavélique. C’était l’occasion, par l’entremise d’un texte sur l’abbé Pierre, de répondre à une campagne médiatique de dénigrement envers un journal pour lequel j’écrivais (voir commentaire 53C10) en interrogeant le célèbre prêtre sur la thématique du "caritatif officiel" et de la réduction de la générosité humaine à ce dernier. Je me souviens de sa chambre-bureau où nous avions conversé. Une pièce simple, assortie à l’ambiance générale de cette petite retraite communautaire d’Esteville.
Finalement, l’interview s’est transformée en entretien. Il m’avait reçu le matin. Puis, intrigué par l’axe et la teneur de mes questions, m’avait octroyé l’après-midi en supplément pour poursuivre avec lui, et le laisser se restaurer et se reposer avant de reprendre avec moi. D’ailleurs, cette coupure repas fut l’occasion de m’imprégner un peu plus d’Esteville. Et j’étais songeur dans l’ambiance de la petite cantine. J’observais la vie de ses fidèles qui œuvraient aux tâches quotidiennes. Il me semblait être dans quelque chose tout à la fois sincère et antique, une conception très ancienne de la vie évangélique. Je cernais ainsi un peu mieux le personnage.
De retour dans sa chambre, je sentais son regard sur moi. Il savait que je n’étais pas admiratif de sa personne, mais il était intrigué par mes questions (en quelque sorte ciselées par La vélation d’Arès). Je décelai quelque chose de la relativité en lui lors de cette entrevue, même si je savais pourquoi il demeurait enfermé dans une logique qui l’avait à la fois porté à l’époque de son coup médiatique pour les sans-abri, puis modelé, puis institué. Certes, quelque chose du jars fort et beau qui ne voit pas vraiment sa propre cage (Rév d'Arès XXXVI/3), mais qui l’entrevoit quand même un peu...
Puis, au terme de notre rencontre, dans un regard circulaire, mes yeux s’étaient posés sur les étagères de sa bibliothèque, où le livre La Révélation d’Arès se trouvait. En évoquant l’ouvrage, il me répondit que "c’était à lire avec un sens critique." Je le ressentais comme on peut ressentir un pain parfois trop brûlant. Mais son regard fouillait plus pensivement le mien, comme semblant (peut être) faire le lien entre mon impertinence et ce livre, au terme de notre longue et passionnante entrevue.
Dans le train qui me ramenait à Paris, les paysages s’évanouissaient comme subitement devenus le passé. Mon regard semblait à leur place se poser sur le lointain (XVII/3), que je ne sentais pas aussi facile à atteindre pour moi que pour ce vieil homme. Si ce quelque chose d’évangélique à Esteville était justement une vieille idée de l’évangile, il n’en était pas une amorce totalement erronée. Car c’est difficile de se payer de mots pour cet homme, quand sur la balance on n’a pas soi-même beaucoup d'œuvres concrètes de charité à mettre, sauf le débat théorique, du moins en ce qui me concerne.
Roger C.

07Fév07 54C16
À travers les Communautés d' Emmaüs qu'il a créées, l'abbé Pierre a pu sauver de la désespérance bien des hommes déboussolés par les vicissitudes de la vie: ceux aux enfances passées hors des maisons chaudes, aux adolescences traversées sans repères ni guides, et donc à la liberté et aux responsabilités d'adultes trop difficiles à assumer dans ce monde égoïste.
Son engagement indéfectible au service des plus faibles, des exclus du système, s'accompagnait d'une ferme obstination à rappeler aux hommes la volonté divine de PARTAGE entre tous ses enfants, de toutes les richesses édéniques dont Il avait comblé Adam et Ève: spirituelles, affectives, biologiques, matérielles.
Comme bien d'autres avant lui, il n'a pu éviter l'incompréhension et les critiques de juges toujours prompts à voir la paille dans l'œil du voisin, mais non la poutre dans le leur, et de ceux qui choisissent de faire taire leur conscience ou de rester assis quand il faudrait se lever comme les vagues de la mer contre le roc...(Rév d'Arès 28/12). 
"Il a essayé d'aimer," l'épitaphe qu'il a demandé que l'on grave sur sa tombe, son propre auto-jugement, reflète à la fois sa bonté et son humilité. Loin des raisonneurs-compteurs, les àmes simples ont ressenti et reconnu intimement, par delà toutes les confessions, la profondeur de son humanisme, de sa solidarité.
L'abbé Pierre n'était pas arèsien, soit! Mais comme Martin Luther King, mère Térésa, Mandela, et bien d'autres, il était engagé dans les combats pacifiques du reste [voir "Nous Croyons, Nous Ne Croyons Pas"], avec lequel le Père nous demande d'établir l'équité, comme il nous demande aussi d'aimer l'homme qui habite des habits et des comptes de riche, tout en nous prescrivant cependant: Tu éloigneras de mes assemblées ceux qui font abus de richesses (Rév d'Arès 27/4) et Ne te lasse pas de dire aux riches......qu'ils connaitront le châtiment de ceux qui scandalisent [s'ils scandalisent]... (Rév d'Arès 27/8 et 9)
L'abbé Pierre n'a-t'il pas servi, à sa manière, peut être sans trop de mesure, à lancer ces  injonctions?
Son itinéraire sur les sentiers terrestres rocailleux s'est arrété. Je voudrais le remercier fraternellement au nom de tous ceux à qui il a permis de recouvrer un peu de conscience et de dignité.
Dominique C.  

08Fév07 54C17
J’ai perdu l’usage du téléphone et d’Internet depuis le 5 janvier. Je dis cela un peu comme je dirais: "J’ai perdu l’usage de la parole," car dans cette société de communications à distance et médiatisées, l’extinction des média domestiques aboutit au même résultat. J’ai donc de temps à autres pu suivre votre blog au cours de mes pérégrinations en France sans pouvoir y participer. Profitant d’une pause et d’un accès à Internet disponible, je peux me joindre à mes frères et sœurs, notamment, Jean-Michel (54C3), Christiane (54C5), Simon S. (54C11) pour vous remercier de la manière dont vous avez su griffer le vernis des convenances pour faire apparaître l’authenticité complexe d’une part de la vie et de la pensée d’un être et de son histoire qui de ce fait en deviennent beaucoup plus riches et accessibles. En descendant ainsi de son trône de représentation, l’abbé Pierre cède le pas à l’homme Henri (Grouès par son état civil) et à l’existence passionnée qu’il s’est donnée.
Mais c’est le fil conducteur du non-jugement que vous affirmez à travers votre entrée et vos réponses aux divers commentaires qui me touche le plus. C’est l’honneur du prophète de ne pas juger. Pas le plus petit jugement au fond de ta tête. Tu ne le piègeras pas plus qu’une puce, et à ton insu il sautera sur ta langue (Rév d'Arès 36/17). Ce premier pilier de la pénitence est si difficile à construire tout en conservant sa capacité d’appréciation et d’expression concernant le bien et le mal! C’est cet équilibre que je cherche à trouver en réfléchissant à cette petite phrase de votre réponse au commentaire 54C12: "Rendre justice aux riches de ce monde dont beaucoup, contrairement à ce qu'on croit, sont généreux."
J’avoue que mon esprit résiste à votre affirmation dont je n’arrive pas à saisir la vérité existentielle. Il y a dans tous ses termes une si grande relativité: beaucoup, mais dans quelle proportion? Est-ce affaire de proportion? Riches, mais à partir de et jusqu'à quel point? Il y a bien des catégories de richesses et de riches, depuis les chefs d’entreprise travailleurs, compétents et bien placés dans l’économie jusqu’aux fils de familles oisifs et vaniteux, en passant par ceux qui, par l’effet de la chance (gain au jeu, héritage, coup de bourse) plongent dans la richesse comme dans une piscine de champagne et en ressortent flottant sur les bulles de leur griserie, souvent plus pauvres qu’avant.
Généreux: J’imagine, peut-être à tort, que vous parlez de générosité matérielle et financière. Mais cette générosité, n’est-elle pas la contrepartie, honorable certes, mais bien légère, des abus et des iniquités d’un système dont les riches ne profitent pas moins que tous les autres et que certains s’ingénient à maintenir en place (ils en ont les moyens) pour défendre leurs intérêts et leur position dominante? Que ce soit d’une manière très autoritaire, à travers l’exploitation de plus faibles qu’eux, ou de manière stratégique, à travers des groupes de pression politico-économique, des hommes sont portés par leurs richesses à participer des puissances du monde qui fixent l’intérêt de l’argent, le salaire de l’ouvrier (Rév d'Arès 28/24) et génèrent ou aggravent les aveuglements et les erreurs des pouvoirs. Ainsi, lorsque ceux-là (ou au moins certains d’entre eux) offrent des millions (c’est-à-dire une petite part de leurs bénéfices) à des fondations, lors de galas de bienfaisance ou à travers le sponsoring (tous moyens finalement de poursuivre objectivement le développement de leur marketing), je trouve qu’ils ressemblent à ces pharisiens qui donnaient ostensiblement au temple de grosses sommes, mais que Jésus appréciait comme infiniment moins généreuses que la petite pièce de cuivre glissé humblement dans le tronc par un vielle femme. À la différence des riches qui n’offraient que leur superflu, la vielle femme donnait son nécessaire. Aujourd’hui encore, la plupart des enquêtes sur l’origine des dons caritatifs montrent que la grande majorité des donateurs appartiennent aux classes modestes ou aux classes moyennes.
Comme vous je pense qu’on ne peut juger un homme, ni sur ses biens, ni sur sa pauvreté, ni sur aucun critère d’ailleurs. Comme vous je pense qu’il existe des "riches généreux", hommes et femmes au cœur sincère et juste, essayant de répandre autour d’eux un peu de cette justice, mais la vraie générosité ne serait-elle pas de contribuer à démonter un système injuste et opprimant qui a fait leur richesse ou celle de leurs ancêtres et de promouvoir une économie et un commerce (puisque presque toutes les richesses matérielles en viennent) profitable et équitables pour tous ? Et la première générosité dans ce sens ne serait-elle pas de cesser la guerre commerciale qui vise l’élimination du concurrent et d’abolir la peine de mort encore en vigueur pour les entreprises en laissant à l’entrepreneur malheureux la possibilité d’exploiter seul son champ ou son établi et de vivre modestement mais librement de son travail de paysan ou d’artisan?
D. Faber

08Fév07 54C18
Je trouve honnête et courageux de votre part d'avoir publié les commentaires 053c20 par "sans signature" et l'autre sur l'abbé Pierre ou vous racontez votre entrevue avec L'abbé, laquelle entrevue ne tournait pas particuliérement à votre avantage, qu'il vous a mal reçu et qu'il a mis fin à votre entretien quand vous lui avez dit que "de toute façon, le problème du bien et du mal n'était pas contenu dans les oppositions pauvreté contre richesse, malheur contre bonheur ou fusil qui tue contre fusil en bandoulière, mais était ailleurs, universel, infiniment plus profond, et que sa solution viendrait de l'auto-recréation intérieure de la créature par l'acquisition de l'amour absolu, du pardon absolu, etc." Vous considéra-t-il comme un hurluberlu ou bien vous a-t-il trop bien compris?
Quoi qu'il en soit, j'apprécie en général vos écrits, mais cette fois çi, je trouve, et c'est mon droit, que vous vous êtes laissé dépassé par vos idées, votre volonté farouche de vous expliquer, car vous n'avez pas compris la portée véritable des événements actuels, de cette "loi" [probablement la loi du "droit au logement opposable"], qui à mon avis ne va pas être si facile à mettre en oeuvre, c'est une autre histoire. Cette loi traduit une évolution dans la conscience humaine des gens, qui comprennent qu'aujourd'hui on ne peut plus laisser des êtres humains dormir et mourir dans la rue comme des chiens!
C'est dommage peut-être que ça se fasse par le biais de la loi, mais c'est comme pour l'abolition de la peine de mort, ça correspond à une évolution spirituelle de l'Humanité. C'est comme pour la fin de l'esclavage, c'est du même ordre: On ne peut pas laisser les gens dormir dans la rue...
Quand aux clochards, les vrais, c'est une autre histoire. Ceux qui le veulent pourront toujours dormir à la belle étoile, je ne pense pas que cette loi va l'interdire.
Frére Michel, je ne comprends pas, quand je suis arrivé chez les Pélerins d'Arès, je croyais qu'il fallait remplacer les lois des Hommes par les lois de Dieu? J'entends par lois de Dieu des lois simples, justes, bonnes, tombant sous le sens. Je ne comprends pas, pourquoi mettre dans le même sac et dans un même élan, la loi, le pouvoir et les religions, comme s'il s'agissait d'une même et seule chose?
Yvan B.

Réponse :
J'ignorais que vous étiez Pèlerin d'Arès. Vous devriez donc connaître tout ce que j'ai expliqué concernant le passage de la loi des rats (Rév d'Arès XIX/24) à la Loi qui est simplement la Parole (Rév d'Arès 28/8, le Père ne parle de Loi qu'au singulier et non au pluriel comme votre commentaire le formule) et qui est tout simplement l'absence de lois au pluriel, au sens que donne la monde à ce mot. Mais vous avez la liberté totale d'interprétation et vous ne serez pas sauvé ou perdu parce que vous aurez interprété comme ceci ou comme cela, mais parce que vous serez ou ne serez pas un homme bon. La Révélation d'Arès est, de toute façon, interprétée de mille façons différentes d'un bout à l'autre des petites plages de société qui en ont connaissance. J'essaie simplement de montrer ce qu'est la position des Pèlerins d'Arès, la promesse de petit reste. Mais le reste, lui, improvisera sans cesse. C'est le génie humain.
Je ne crois pas qu'on résoudra jamais le problème du logement dans une humanité en continuelle augmentation et continuel mouvement. Chaque jour des gens vont, viennent, sur un malheur ou sur un coup de tête, arrivent ne sachant où dormir, des femmes ou des maris sont fichus à la porte par leurs conjoints, des adolescents par leurs parents irascibles ou intolérants ou des adolescents qui fuguent, des pauvres hommes ont l'ordre de justice de prendre un logement séparé parce que leurs femmes ont demandé le divorce et ne savent pas où aller, des copains qui cohabitaient se séparent sur une colère ou parce que l'un d'eux a amené une copine, des gens trouvent un job loin de chez eux et ne trouvent pas où se loger, etc, etc., etc. Je nie, simplement par logique (ici la loi de l'homme ou la Loi du Père n'a rien à voir) qu'il soit possible de prévoir partout, en toutes circonstances, des toits disponibles. Prétendre le contraire c'est ignorer volontairement la mouvance humaine, ses interminables et imprévisibles fluctuations, sa formidable capacité d'adaptation et d'espérance, c'est faire de la démagogie. Je crois que voir ça sous le jour du misérabilisme ou du dolorisme, c'est ne pas voir tout ce qu'il ya de pouvoir créateur et de réserves de joie en l'homme dans ses tribulations et pérégrinations.
Dans ma jeunesse, qui fut très pauvre et difficile après la mort de mon père qui nous jeta dans la précarité, j'ai connu la quasi-misère et les nuits à la belle étoile. Je n'en suis pas mort et j'ai beaucoup appris. Ce furent des expériences enrichissantes et surtout fortifiantes. Il y avait bien des gens pour me dire: "Pauvre jeune homme, quelle misère, quelle injustice!" et qui essayaient de m'entraîner dans leur sillage de jérémiades, de m'apprendre à me plaindre (je connais cette race de gens qui font profession de misérabilisme, mais rien n'est donné dans la vie, il faut toujours leur payer une facture tôt ou tard), mais j'avais plutôt envie de leur mettre mon pied dans le derrière et je compris que je n'avais pour m'en sortir que ma volonté farouche de m'en sortir. On affaiblit les hommes, on les rend dépendants de leurs problèmes au lieu de les rendre forts, durs à la souffrance et de les armer moralement pour qu'ils s'en sortent. Vous n'empêcherez jamais que manquent des abris pour les hommes, simplement parce que la vie humaine est par nature une vie qui se crée sans cesse et donc pleine d'impondérables. Leur faire espérer le contraire, c'est leur mentir. Ce qu'il faut, ce n'est pas des lois, c'est les aimer et les rendre forts.
Ce que je ferais si j'étais homme politique serait quelque chose dans le genre de l'appel de Bonaparte à l'armée d'Italie: "Vous êtes hâves, déguenillés, vous avez faim, vous avez froid, eh bien, je vais vous conduire dans les plaines les plus riches du monde où vous retrouverez vos forces, la volonté de vaincre et de conquérir" sauf qu'évidemment je remplacerai ces mots par "Eh bien moi, je vais vous conduire par les voies difficiles mais glorieuses de la pénitence vers un monde changé où vous trouverez le bonheur et où vous rendrez les autres heureux..." Mon frère, je ne vois pas du tout les choses comme vous. Ceci dit, je respecte totalement votre opinion. Nul n'est contraint de me suivre... ni de lire mon blog. Je ne veux pas "expliquer à tout prix," je veux faire passer le Souffle!

11Fév07 54C19
C'est la première fois que j' interviens sur le blog du frère Michel."Et alors? La belle affaire!" comme disait ma grand mère, dont la bonté, même déclarée: "Moi, j'aime tout le monde," se rappelle aussi à moi.
Il y a peu je me suis dit: ''Tu ne te sens pas très intelligent? À la réflexion, c'est pas si bête, mais lance-toi!" Jusqu'à présent je me suis surtout nourri (égoïstement peut-être) des articles de frère Michel, et de certains commentaires intéressants. Alors? Être charitable... je crois que c'est aussi sortir de soi, forcer ses peurs, ses paresses. Dailleurs, si ''vous travaillez trop,'' frère Michel, je me sens comme "lié" à ça, mais par défaut.
Je pense aussi que cela se manifeste dans l'effort pour interpeller, désapprouver qui que ce soit, avec tact. Quant à ce qui pourrait justifier une '' bonne'' conscience anti riches , anti religieuse, e.t.c - j'ai relu les versets qui ''fustigent'' les puissants et les riches - votre Charitable Vigilance ,frère Michel , s'exerce en ne nous laissant pas ''nous'' rassurer là dessus ! L'homme prophète qui a vu la Lumière et garde l'Eau (qui lave aussi des fausses certitudes ) garde le Sens de la Parole, même en état de surmenage! Pardon d'insister. Un verset est explicite aussi: C'est l'honneur du prophète d'éviter tout jugement, de répandre la paix; même quand ses yeux lancent des éclairs, il ne fulmine pas mais il exhorte Mes Fils à la pénitence,'' (Rév d'Arès 36/17) à se redéfinir, à se recréer bons précisément.
Récemment, un de mes frères (de sang) me dit au téléphone au sujet de l'abbé Pierre: "C'est un grand monsieur qui est parti... hein?" [Je réponds:] "Oui mais, ceci dit, je viens de lire récemment que sa notion du bien et du mal était surtout... clivée entre pauvres et riches." [Il réplique:] "J'ai jamais entendu ça," sur le ton de "Ça m'étonnerait ! et peu importe! En tout cas, si lui ne va pas au paradis?!" J
'ai répondu: "Oui," juste pour souligner que pour beaucoup de monde l'abbé Pierre était le bien, la bonté personnifiés. Des actes sont nécessaires. Ils rappellent aussi que l'amour se donne avec les bras, mais ces formes de secours enseignent si peu sur la force de bouleversement — décisive à terme — de l'Amour puisé à la Sagesse, à la volonté de considérer sans préjugés tous les hommes!.D'ailleurs, ne serait ce que d'un point de vue '"pratique," qui n'a observé que désigner Untel comme fauteur de mal le porte plutôt à se renforcer dans ses défenses et se fermer aux remises en question?
Le mal traverse toute l'humanité de part en part. La raison nous invite à être d'autant plus prudents envers les pouvoirs de la passion, du ressenti — "C'est pas moi, c'est l'autre," chanson d'Abd Al Malik —, bref, envers nos faibles lumignons (32/5).
C'est dans l'article ''Amour'' [Le Pèlerin d'Arès 1993-96] que vous écriviez, frère Michel: "Si je m'obstine à aimer les hommes, même ceux que naturellement j'abhorre ou que je fuis, j'arriverai à un moment donné ou à un autre à provoquer une faille dans leurs citadelles." La charité plénière comporte donc sa logique créatrice, servie notament par la confiance, la patience.
L'abbé Pierre, j'envie sa pugnacité. Et quel cri du cœur il a poussé lors de l'hiver 1954!''
Il a pris des positions qui ont irrité l'Église," rappelle aussi Olivier.G. Avec ses positions rebelles ou intelligentes, l' Abbé Pierre, d'après ce que j'ai lu, serait resté fidèle au principe de la nécessité de cette institution.
Depuis l' Événement d'Ares nous savons que l'Église, la religion système, est assimilée aux riches, aux puissants (ab)usant de sa soi-disant élection divine et de son pouvoir pour imposer la croyance qu'elle était le tenancier (Rév d'Arès 3/3) de Dieu.
Je crois que la responsabilité prophétique ne peut que rappeler, aussi par amour, que des bonnes actions et des coups de gueules n'ont ni la portée ni la signification du cri du faucon (Rév d'Arès XVI/14),qui ne répond pas à la loi des rats (XIX/24) (cri encore ignoré, étouffé). Mais j'honorerais chez ce frère humain [l'abbé Pierre] son souci du partage. Les Pèlerins d'Ares ont aussi ce souci, mais replacé sous la clairvoyance de l'humilité qui réalise que le dominateur, l'accapareur qui nous divise, est avant tout à détrôner en soi!
Si le Bien qui parle à la conscience décoiffe le charitablement correct, c'est pour nous ressouder autour de la quête de l'amour universel, absolu(ment) créateur d'un nouvel homme et d'un monde redistribué, librement.
"L'oiseau symbole," qui répercute le cri de la Vie, élève un chant libre (Rév d'Arès 10/10) sur Fond de Vérité. Elle [la Vérité] rappelle aussi que l'homme qui fait l'effort de s'emplir, de s'enrichir de l'autre, "son frère," se donne lui-même '' l'onction''
Et quelle belle sortie de cage, pour sûr!
Robert B.

26Fév07 54C20
Comme vous, Frère Michel, qui relativisez les actions et la vie de l’abbé Pierre, n’essuyons pas nos pieds sur la mémoire de cet homme, qui comme moi avant de trouver la lumière d’Arès comprenait la parabole du jeune homme riche (Mathieu 19/24): Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’a un riche d’entrer dans le royaume de Dieu, comme l’impossibilité totale pour un riche d’accéder au salut.
Aimons cet homme tel qu’il était, certes insuffisant au niveau spirituel, mais exemplaire au niveau de la charité.
Nous pouvons trouver des raisons à cet homme quand on sait que l'épître de Paul (1 Corinthiens 13) qui s’appelle aujourd’hui "L’amour fraternel" s’appelait, il n’y a pas si longtemps, "L’hymne à la charité" où le mot amour était à l’époque remplacé par le mot charité.
Il [l'abbé Pierre] n’était que le produit du catholicisme traditionnel. Égaré par l’église, il vivait sa foi au niveau de sa compréhension.
S’il y a un procès à faire, ce n’est pas celui de cet homme courageux et vaillant, mais celui de cette église qui l’a instruit et conditionné dans "ce discours discriminatoire et partisan, faisant ainsi reculer la connaissance impartiale des évangiles."
Son choix d’utiliser les médias pour mener son combat était visiblement purement stratégique,  il ne semblait pas rechercher une gloire personnelle.
Cette église en égare et en égarera encore beaucoup d’autres tant que notre action n’aura pas permis de retrouver cette intelligence spirituelle (Rév d'Arès 32/5) qui nous permettra de dépasser cette culture judéo-chrétienne archaïque et trompeuse.
Même vous, Frère Michel, où en seriez-vous, et nous avec vous, si l’Envoyé en 1974 puis Dieu lui-même en 1977 n’étaient venus vous déranger dans vos certitudes et vos croyances d’alors?
L’abbé Pierre n’a besoin ni d’éloges ni de reproches. Souvenons-nous que la seule épitaphe qu’il souhaitait était "Il a essayé d’aimer."
Rémy G.

02Mar07 54C21
Vos propos sur l’abbé Pierre sont pleins de justesse, c’est l’honneur du prophète au regard perçant de discerner sans juger et cependant d'oser dire des choses non conformes au "penser correct." L’abbé Pierre est né dans une grande famille chrétienne aisée. Il voulait être moine, mais sa santé trop fragile ne lui permit pas à 20 ans de supporter la règle franciscaine. Pourtant il a vécu, actif, jusqu’à 94 ans! Nul doute qu'il a opéré un dépassement remarquable tout au long de sa vie. Sa pugnacité, sa ténacité, sa force d’écoute à tout être humain et plus particulièrement à l’exclu, auront marqué ce siècle, en France.
Innombrables sont les hommes et les femmes en grande souffrance: exclus, sans-logis, fugitifs, marginalisés, qui ont grâce à lui, repris confiance en eux-mêmes, se sont mis au travail, puis à leur tour ont écouté l’autre et ont su bâtir à plusieurs. La bonne santé des communautés Emmaüs dans le monde en témoigne.
J’ai été touchée, Frère Michel, par le récit de votre rencontre avec cet homme hors du commun qui n’a pas pu vous entendre. Quel dommage pour notre monde que l’homme de la charité n’ait pas reconnu, en face de lui, son contemporain, le prophète de Dieu... Mais je n’en suis qu’à moitié surprise: Dans les années 80, il était déjà autour de 75 ans, trop "fatigué" pour entendre autre chose que des encouragements et des compliments, et il a besoin de l’église pour que son œuvre se poursuive. J’eus de la peine pour lui quelques années plus tard, quand les media nous le montraient affaibli, tiraillé dans sa conscience, incapable de surmonter l’épreuve psychologique de soutien inconditionnel à son ami Roger Garaudy, rejeté par toute la presse, alors qu’il était en plein accord avec son ami philosophe qui, lui, ne manquait pas de courage. De son propre aveu, l'abbé Pierre vécut à ce moment là, avec les insultes des media, l’épreuve la plus terrible de sa vie: "Après avoir fait de moi hier presque une idole, soudain on me lynchait comme un suppôt de Satan!" écrivit-il.
Combien de fois, dans la rue avec la banderole "Le vrai christianisme n’existe pas encore, son projet de bonheur reste à réaliser," j’ai vu des passants hausser les épaules et nous prendre à parti: "Vous ne connaissez donc pas l’abbé Pierre, la mère Téresa, Vincent de Paul, François d’Assise, etc.?" — " Oui, vous avez raison ces hommes et ces femmes ont été admirables, ils ont donné leur vie pour que les plus démunis aient une existence digne." et certains d’insister: "L’abbé Pierre est une preuve vivante du vrai christianisme, lui, il ira au Paradis! " Nous le savons, pour la majorité des chrétiens catholiques et des citoyens qui vivent dans un pays de domination catholique comme la France, le christianisme est une institution qui promet le Paradis après la mort et qui présente deux réalités, l'une: offrir à des consommateurs un service religieux : baptême, mariage, enterrement qui préside à une réunion familiale, et l'autre: l’action d’hommes et de femmes qui n’ont pas grand chose à voir avec cette institution mais qui en font partie et qui ont passé leur vie à soulager la misère, hier, aujourd’hui, demain. Est-ce là le vrai christianisme [dont parlent nos banderoles? Bien sûr que non. Nous parlons de christianisme général, universel.] En attendant, la misère est toujours présente dans le monde.
Le vrai christianisme, c’est la réalisation en chaque homme [et non seulement chez des croyants spécialisés] de la Vie spirituelle, celle que le Père avait donnée à Adam [avant que celui-ci y renonçât, Rév d'Arès 2/1-5]. Bien que ce premier fils ait choisi en toute liberté une autre voie, la semence (Rév d'Arès 5/1) de Vie spirituelle a, depuis Noé et Abraham, avec l’aide du Père, mûri lentement avec de longues périodes de sécheresse et de courtes périodes de fécondité. La période de Jésus, il y a 2.000 ans, fut si intense qu’elle devait fortement marqué l’histoire humaine. En revenant [sur terre pour] vous parler longuement, Frère Michel, en 1974 et 1977 en France, le Père nous dit que Jésus s’est embrasé d’un amour absolu pour l’homme, son frère, qu’il s’est élevé vers le Père comme une fumée pure, qu’il est devenu christ (Rév d'Arès 32/2-3), d’où le nom de christianisme que nous utilisons en référence à lui et à tout christ que chaque homme est en principe capable de devenir. Le Père nous appelle à retrouver notre Source, enfouie (24/4) dans tous les malheurs qui ont frappé l’humanité parce que le Père ne donne plus la Vie (spirituelle), il l’a donnée une fois (24/3). À nous de la réanimer! La Révélation d’Arès dit cela de cent façons, toutes plus belles les unes que les autres. Qui l’entendra?
Marcelline S.

03Mar07 54C22
On reconnaît l'arbre à ses fruits.
C'est ce que nous faisons qui nous caractérise à travers nos choix et grâce à la liberté que nous avons.
Cet homme avait la grandeur de ceux qui aident des malheureux, ceux dont quelqu'un a pris la défense ou à qui quelqu'un a tendu la main dans les moments les plus difficiles, ceux-là connaissent le réconfort que cela apporte. 
Il me semble qu'il [l'abbé Pierre] avait la haine contre la majorité bien portante, mais résignée et pas concernée, au moins en apparence. Beaucoup ont la haine. N'est ce pas le stade avant la dépression pour ceux qui sont scandalisés et révoltés?
Je serais cependant surpris, si cet homme connaissait La Révélation d'Arès, qu'il n'ait pas essayé de gratter sa haine comme des taches de goudron afin de revenir à l'image de Dieu, d'avoir l'amour pour toute la création[, riches et puissants compris.]
C'est peut être le sens de cet "Il a essayé d'aimer" [qui souhaitait qu'on grave sur sa tombe}. C'est très dur! 
Aminadab.    

09Mar07 54C23
Je suis bien d'accord avec ce frére qui dit :"On reconnaît l'arbre à ses fruits." C'est ce que nous faisons qui nous caractérise à travers nos choix et grâce à la liberté que nous avons".
Et avec cet autre qui dit: "Il est facile de se dire Pèlerin d’Ares, chrétien, cathare ou autre ou que les autres nous définissent comme Pèlerins d’Ares, chrétiens, cathares, etc., mais dans la réalité on peut se dire Chrétien sans vivre l’enseignement des Évangiles, Pèlerin d’Ares’ sans vivre l’enseignement de La Révélation d Ares, etc."
Des fréres en sont conscients.
Tenez, j'ai un ami qui n'est pas Pèlerin d'Arès et qui a même des idées totalement contraires à celles des Pèlerins d'Arès. Il a pour habitude de dire d'une façon assez étrange et extraordinaire: "Dieu nous demande d'être le plus égoïste possible!" (ou quelque chose comme ça, je cite de mémoire). Eh bien, cet ami dans la vie est le plus gentil des hommes et prends bien soin de ne jamais léser personne, et beaucoup de Pèlerins d'Arès devraient s'en inspirer...
Laissez-moi vous dire que je suis assez pessimiste concernant l'avenir et la réussite de la mission des Pèlerins d’Arès.
Frére Michel, je pense que le moment est peut-être venu de commencer à penser à l'insurgeance, car avant que le Pére ne vous rappelle à lui, il serait bon de mettre sur les rails des actions d'insurgeance.
Sœur Elisabeth [??] m'avait un jour que des actions d'insurgeance, vous en aviez plein les tiroirs!
Yvan B.

Réponse :
Le pessimisme s'est manifesté à toutes les époques prophétiques. Il me paraît normal qu'il se manifeste à notre époque. Pour les mêmes raisons. Première raison, l'imperfection inévitable des premiers disciples, parce que le courage et la valeur mettent beaucoup de temps pour rattraper la foi qui, elle, est immédiate. Deuxième raison, la faiblesse des premières assemblées comparées aux pouvoirs et institutions qu'elles affrontaient. Et d'autres raisons encore...
Si l'on avait dit aux Égyptiens du 13e siècle avant J.C. que le ramassis d'esclaves hébreux qui s'enfonçaient dans le désert formeraient trois mille trois cents ans plus tard une religion, mère de toutes les familles abrahamiques qui constituent la moitié de l'humanité, mère du Livre le plus lu du monde: la Bible! Ces égyptiens étaient sûrement plutôt pessismistes concernant l'avenir de la harde errante et affamée qui suivait Moïse. Si l'on avait dit aux Mecquois vers 660 que les quelques bédouins sans puissance, ni fortune, ni vertu, qui suivaient Muhammad, conquerraient et convertiraient une grande partie du monde habité quelques décennies plus tard!
Quant à l'insurgeance, elle se manifeste déjà depuis trente ans par l'annonce même de La Révélation d'Arès, insurgeante par définition. Ceci dit, il est certes difficile de prévoir ce qui se passera et votre pessimisme est aussi raisonnable que l'est mon optimisme.

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