28Jan07
54C1
J’ai récemment entendu une ancienne intervention de l’abbé Pierre lors
d’un reportage télévisuel retransmis pour sa mémoire. Elle doit dater
du milieu des années 90. L’abbé Pierre au micro vilipendait les
"riches," enfin presque tous les français excepté les sans-abri. Son
discours disait à peu près ceci: "Vous avez plus de sang sur les mains
que ces pauvres qui dorment dehors [quand ils se révoltent de façon
sanglante], vous êtes possédants et égoïstes." Il devait sûrement
penser au boursicotage et au soin qu’on met à épargner et rechercher
profit et argent pour vivre. Mais pour qu’Emmaüs existe il fallait bien
du commerce et des entreprises pour faire fonctionner les industries de
textiles et bâtiment.
Je me suis donc demandé pourquoi son discours moralisateur et
culpabilisateur plaisait autant? Et pourquoi un tel ressort n’avait au
fond jamais rendu personne plus conscient des problèmes du monde et de
leurs solutions possibles? Ce genre de discours, n’est ce pas
l’archétype des imprécations lancées de toute les tribunes par les tous
les orateurs qui ont besoin d’une cible bien définie où lancer leurs
flèches?
En y réfléchissant, l’appel de Jésus à aimer ses ennemis
prend un sens des plus profonds. Aimez vos ennemis, car le
moteur du changement de direction ne pourra pas dans l’absolu
venir d’une autre force [que de celle de l'amour],
d’une autre source d’inspiration et de nourrissage de l’esprit que de
celle simple du baiser et du don de soi. L’abbé Pierre avait tout de
même quelque chose de cet esprit, mais on peut aussi voir en lui
l’énorme difficulté qui consiste à revenir à la grande lumière du
Créateur en sortant des schémas de la culture et de l’histoire. L’abbé
Pierre fut aussi député, on voit par là l’impasse du carcan politique.
Oui le problème est bien ontologique.
Jean-Claude D. |
28Jan07 54C2
Je ne suis pas des vôtres et je n'aime pas tout ce qui agite les
petites peurs du péché et les petits espoirs de la foi, je trouve ça
une exploitation trop facile des faiblesses humaines, mais je reconnais
qu'il y a dans votre façon de parler, frère Michel, une franchise, une
droiture très incisives, qui me plaisent et qui plaident pour la vérité
de votre témoignage. J'en veux pour preuve, une fois de plus, le
courage avec lequel vous gommez les dithyrambes qui ont fusé de toutes
parts en France à partir du 22 janvier à propos de l'abbé Pierre. Vous
vous montrez courageusement iconoclaste, vous renversez l'idole.
L'abbé Pierre, c'était tout simplement Krivine, Laguiller ou Besancenot
en soutane. Même genre de discours: Il faut dépouiller les "riches" et
tout donner aux autres, les copains. D'ailleurs, Hollande tombe dans le
même travers avec ses impôts relevés pour toute personne gagnant 4.000
€ ou plus. Il aurait dû dire au contraire: "Tout le monde devrait
gagner 4.000 € ou plus! Je vais fixer le smic à 4.000 €." Le sens de
tout ça, c'est qu'il faut être dans le besoin pour être un honnête
homme et un bon citoyen. L'abbé Pierre était même pire parce qu'il
donnait à sa violence partisane "anti-riches" (c'est français ça, il
faut être anti-riche comme il faut être anti-secte.. j'ai pas raison?),
il donnait à sa violence "anti-riches" un ton doucereux, dont je me
suis toujours demandé s'il était carrément hypocrite ou naturel. Il
avait un public facile à convaincre et dont il avait fait une sorte de
cour des miracles avec ses truands au dehors qui respectaient au-dedans
les règles des gueux et des brigands. Depuis plusieurs jours la télé
interviewe des gens qui n'arrêtent pas de dire la même: "Je lui dois
tout... Je n'avais pas de logement, il m'en a donné un. J'allais mourir
de faim, il m'a nourri, etc," au point qu'on finit par se demander si
l'abbé Pierre n'était pas un grand propriétaire de logements et
producteur de victuailles, mais le seul qui ait la générosité de
distribuer ses possessions aux malheureux. On ne semble pas se demander
qui avait mis à la disposition de l'abbé Pierre les toits et les tables
servies dont il faisait bénéficier ses supporters comme si ça sortait
de sa poche, les clodos et les paumés. J'aimais mieux Coluche, qui
ouvrait ses restaurant du cœur à toute personne ayant faim, même
bourgeoise, sans rendre un culte à la misère comme seul certificat
d'authenticité humaine.
Bertrand G.
|
Réponse
:
Vous n'y
allez pas de main morte. L'abbé Pierre était quand
même animé d'une authentique charité qui, dans ses effets immédiats,
était extrêmement active. Mais c'est vrai, et cela entache son œuvre et
réduit ses mérites, qu'il ne rendait jamais hommage à ceux, les
soi-disant "riches", qui lui permettaient de donner à des pauvres ce
qui leur manquait. Je dis "à des pauvres" et non "aux pauvres"
contrairement au discours télévisé qu'on entend depuis plusieurs jours,
parce que l'abbé Pierre n'avait pas l'exclusivité de la charité. Que
fait-on du Secours Catholique, du Secours Protestant, du Secours
Populaire, de l'Armée du Salut, etc?
C'est vrai aussi, et c'est bien dommage, que le discours de l'abbé
Pierre n'était pas évangélique, parce que discriminatoire et partisan.
L'abbé Pierre a probablement et malheureusement fait reculer la
connaissance impartiale des Évangiles en soutenant de très anciennes
déformations de ceux-ci. Depuis quelques jours je rencontre des
personne qui me disent: "Mais enfin, ce que disait l''abbé Pierre,
c'est l'évangile même," et je dois répondre: "Non! Non! Non! Le
problème du bien et du mal n'est pas au niveau où l'abbé Pierre le
situait; ce n'est pas le problème du pauvre contre le non-pauvre."
L'abbé Pierre semble vous avoir beaucoup agacé, Bertrand, mais en fait
il n'était pas du tout moderne, tout simplement. Il avait gardé un
vieux concept dualiste du bien et du mal, un manichéisme cher à
certaines fractions catholiques. Ce manichéisme résulte d'une
déformation populiste de l'enseignement
de Jésus remontant au Moyen-Âge. En réalité, Jésus disait seulement aux
pauvres que leur pauvreté ne les empêcherait pas d'être des justes
et de faire leur salut plus facilement même que les riches
forcément plus tentés par tout ce dont leurs moyens leur permettaient
de jouir. Mais Jésus ne disait pas que les riches
étaient des fauteurs de mal contrairement à ce que laissait entendre
l'abbé Pierre. L'Évangile est l'Évangile de tous les hommes, pas
seulement "l'évangile des pauvres" et quand la presse affiche en
première page: "Abbé Pierre l'insurgé de Dieu," elle fait grand tort à
la Vérité. Dieu n'a jamais été "insurgé" contre les riches —
À preuve, Job, que Yahwé comble en le rendant plus riche après ses
misères qu'il n'avait été avant.
Dieu a seulement et toujours exhorté les riches à ne pas s'enfermer
dans l'égoïsme, à se montrer généreux. |
28Jan07 54C3
Merci de démythifier la religion Misère, dont l'abbé Pierre a été le
pape en France. J'aurais apprécié que votre entrée #0053 sur les SDF
parle dans le même sens. Est-ce qu'on s'est donné la peine de souligner
que si les sans-abri étaient logés dans les tentes des "Enfants de Don
Quichotte", c'est qu'il n'y avait vraiment pas beaucoup de sans-abri
dans ce pays et que le problème pourrait être résolu sans difficultés.
Dans ma ville j'ai été parler aux occupants des tentes en question.
J'ai dû en voir un certain nombre et aller de tente en tente avnt d'en
trouver un qui parlait français. Je n'exagère rien. Je crois qu'on
confond beaucoup les chemineaux et les trimardeurs (il faudrait
ré-utiliser ces mots qui sont les bons mots) qui dorment à la belle
étoile comme ils l'ont toujours fait au cours des siècles et le
problème du logement qui est autre chose. Réfléchit-on, par exemple,
qu'à chaque divorce il faut reloger l'un des deux conjoints,
généralement le mari que le juge expulse de chez lui, même quand le
pauvre type n'y est pour rien, si sa femme le trompe comme le faisait
la mienne et depuis on ne m'autorise même pas à voir mes gosses parce
que j'e n'ai pas un "logement décent." Mais j'en avais un et j'étais un
bon père! Il n'y avait qu'à me le laisser chez moi. A chaque divorce le
besoin de logement se multiplie par deux et comme les divorces se
multiplient [...] Le problème du logement est une chose, celui des SDF
un autre problème qui, lui, se complique chaque jour par l'arrivée des
Roumains, des Bulgares, des Polonais, des Albanais, des Africains, etc.
En entendant l'abbé Pierre on avait l'impression que la moitié de la
France vivait dans la misère noire et l'autre moitié dans une opulence
orgiaque. Merci de démythifier la religion-misère, merci de le faire
avec courage. Oui, vous avez raison, le problème du bien et du mal est
ailleurs.
Jean-Michel |
28Jan07 54C4
Je me suis toujours dit que si la charité de l'abbé Pierre était
idéale, d'autres prêtres l'auraient rejoint. À ma connaissance il est
resté l'unique prêtre de son association "Emmaüs." J'ai toujours trouvé
ça bizarre. Il était peut-être le Danone de la charité comme Danone est
le grand prêtre des yaourts sans sous-marque connue. Je pense qu'il
n'aimait pas la concurrence, même celle de ses collègues, et ça a
contribué a laisser penser qu'il était le seul homme vraiment
charitable de France.
C.H. |
28Jan07 54C5
Je trouve que vous ramenez gentiment l'abbé Pierre à de justes
proportions sans lui enlever ses mérites, mais en rappelant sans le
dire que d'autres, dont les mérites ne sont pas les moindres, ne
recevront sûrement pas des funérailles nationales. Votre article n°0054
le fait avec élégance et bonté. Vous mettez en avant le commentaire
élogieux que José avait probablement destiné à l'entrée 0053. Vous
finissez en portant témoignage de votre rencontre personnelle avec
l'abbé Pierre. C'est fait avec art. Vous avez tort de dire que vous
n'êtes pas écrivain (j'ai lu ça quelque part). Il n'est pas facile de
démysthifier avec grâce un homme qui vous avait sûrement mal reçu et
qui vous considérait comme un charlot.
Vous dites "C'est pour ça qu'on le laissait dire..." en impliquant que
l'abbé Pierre était toujours resté dans le politiquement correct et le
médiatiquement correct. Il ne fait aucun doute qu'on ne vous laissera
jamais vous exprimer sur les ondes comme l'abbé Pierre a pu le faire
pendant un demi-siècle. On ne vous laissera même pas une heure. Je suis
sûr que si vous aviez voulu vous lancer dans la charité, on ne vous
aurait pas laissé faire. Vous n'auriez pas été charitablement correct.
Christiane |
28Jan07 54C6
L'homme qui occupe un poste à haute responsabilité, qu'il soit roi,
pape ou président de la république, est toujours au-dessous de sa
fonction. Curieusement réclamé par le peuple (qui ne sait pas qu'il va
manger sa moëlle, Rév d'Arès XXXV/20), cet
homme "providentiel" sera remplacé par un autre qui, à son tour,
sera
remplacé, etc. Le système ainsi renouvelle ses têtes comme l'hydre de
Lerne (animal mythologique à plusieurs têtes qui repoussent
multipliées
quand on les coupe). De fait, de décade en décade, le monde va comme il
va, c'est-à-dire plutôt mal aujourd'hui. Et puis, il existe des hommes
— trop rares encore pour que le monde change (Rév d' Arès 28/7) —
qui sont irremplaçables. Ce sont des âmes "trempées," hommes
ou femmes
de Bien, ils sont dotés d'une force et d'une aura particulières.
Écartant les honneurs et les richesses terrestres, ils se donnent sans
compter. L'amour pour les autres et la générosité les caractérisent: je
pense à sœur Emmanuelle, à l' abbé Pierre, à bien d'autres avant eux...
Et puis, par dessus tout, plus rares encore, il y a les prophètes,
d'Abraham à Mikal, indispensables
ponts (Rév d'Arès XLIII/9) entre Dieu et
l'homme. Alleluia!
Aristide |
28Jan07 54C7
Vous ne manquez pas de coffre, ni même d'audace. Réduire à des justes
proportions une icône que tout le monde adule, il faut le faire, mais
que montrez-vous d'autre que votre détermination à en rester à La
Révélation d'Arès,
après tout? Peut-être ne connaissiez-vous pas très bien l'abbé Pierre.
On ne comprend pas bien l'homme si l'on oublie ou ignore qu'il avait
été formé et ordonné chez les Capucins, avec le radicalisme franciscain
et ses limites, en somme. Je l'ai un peu connu. Il avait un côté toc,
quelque chose qui sonnait faux par moments, c'est sûr, mais c'était
pour la bonne cause. Ce n'était pas Vincent de Paul, ce n'était pas un
saint, il avait parfois la dent dure, il était authentiquement
charitable. Vous le dites bien, d'ailleurs. Alors, je ne sais ce qui me
laisse un peu morose en vous lisant. Votre façon d'amortir le bruit
extraordinaire fait autour de sa mort comme s'il avait été le dernier
charitable de la création et comme si désormais nous allions vivre
réduits à l'humanitaire style Sécurité Sociale? Heureusement, il reste
beaucoup d'autres charitables en ce monde, peut-être même plus
charitables. Lui, il avait la chance d'avoir poussé un coup de gueule
au bon endroit au bon moment en 1954!
J'ai bien compris votre souci: Montrer que le vrai problème du mal est
ailleurs.
André M. |
28Jan07 54C8
Votre propos sur l'abbé Pierre reste dans l'essentiel comme vous l'avez
toujours montré: La charité totale que Dieu demande est d'entrer
en pénitence et de moissonner le monde pour qu'il change.
Vous disiez dans un numéro du "Pélerin d'Arès" trimestriel (le n°41)
que les pouvoirs expriment leur admiration aux charitables médiatisés
en quelques sorte et devenus des symboles acceptables:
"Qui n'admire l'abbé Pierre et la mère Térésa? Et les milliers de
charitables inconnus chrétiens, juifs, musulmans ou athées, qui
secourent les hommes. Leur charité est nécessaire, mais est-ce la
charité totale que demande Dieu? Mais si l'abbé Pierre, la mère Térésa
et tous les inconnus dévoués aux pauvres, aux spoliés, aux oubliés,
poussaient leur charité jusqu'à son absolue logique? S'ils leur
disaient : "Frères malheureux, je vous ai donné le pain et le toit,
mais je vous donne aussi le moyen de réfléchir à votre condition
injuste, et le courage de la refuser, l'énergie de récupérer ce qui
vous revient et de refaire le monde," leur bonté serait aussitôt mise
en doute, soupçonnée d'arrière-pensées. Ces charitables seraient
traités d'agitateurs, d'irresponsables (le mot plaît en ce moment). La
religion les rappellerait à l'obéissance ou les passerait aux
oubliettes. L'homme de la rue répéterait "Des religieux n'ont pas à
faire de politique" sans savoir que, dans ces circonstances, l'abbé
Pierre et la mère Teresa ne feraient que pratiquer la charité totale,
tandis que l'église, en les faisant taire, ferait bel et bien de la
politique."
Si l'abbé avait dit: Insurgez-vous ! Il n'aurait plus été aussi
charitablement correct. De leur côté les systèmes empêchent les
initiatives personnelles en disant qu'il y a les institutions comme le
Secours "XYZ" pour ceci et cela, la Sécu, etc., et au travers de la
chasse aux indésirables, tentent de tuer dans l'œuf tout mouvement
émergeant et décrètent par ailleurs que tout ce qui ne rentre pas dans
le cadre du "politiqement, religieusement, moralement, etc., correct"
est forcément une terreur pour l'État dominant car l'homme noir
sait sa cache (Rév d'Arès 35/14).
Le film sur l'abbé Pierre montre bien les ambiguités d'un homme qui
fleurte avec le système en place sans vouloir déraciner le mal à la
base. Cela donne bonne conscience aux charitables, qui se voilent les
yeux sur les véritables causes de la misère en aménageant la misère
dans des critères du supportable pour les miséreux (et encore, cela est
une notion relative), en les reléguant dans le strict minimum de moyens
pour éviter qu'ils ne deviennent des créatifs capables de s'en sortir
sans eux et que les plus riches partagent leurs biens (mais l'État les
pompe pour les en empêcher).
La solution est par conséquent la vie spirituelle pour construire une
vie matérielle heureuse.
Danny G. |
29Jan07 54C9
Comme vous Frère Michel, qui relativisez les actions et la vie de
l’abbé Pierre, n’essuyons pas nos pieds sur la mémoire de cet homme,
qui comme moi avant de trouver la lumière d’Arès comprenait la parabole
du jeune
homme riche (Mathieu 19/24): Il est plus facile à un chameau de passer
par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu,
comme l’impossibilité totale pour un riche d’accéder au salut.
Aimons cet homme tel qu’il était, certes insuffisant au niveau
spirituel, mais exemplaire au niveau de la charité.
Nous pouvons trouver des raisons à cet homme quand on sait que le
chapitre des Épitres de Paul (1Corinthiens 13), qui
s’appelle aujourd’hui "l’amour fraternel," s’appelait, il n’y a pas si
longtemps, "l’hymne à la charité" où le mot "amour" était remplacé par
le mot "charité." Il [l'abbé Pierre] n’était que le produit du
catholicisme traditionnel. Égaré par l’église, il vivait sa foi au
niveau de sa compréhension.
S’il y a un procès à faire, ce n’est
pas celui de cet homme courageux et vaillant, mais celui de cette
église qui l’a instruit et conditionné dans ce discours partisan,
faisant ainsi reculer la connaissance et la vérité impartiales des
Évangiles ».
Son choix d’utiliser les médias pour mener son combat était visiblement
purement stratégique. Il ne semblait pas rechercher une gloire
personnelle. Cette église en égare et en égarera encore beaucoup
d’autre tant que notre action n’aura pas permis de retrouver cette intelligence
spirituelle qui nous permettra de dépasser cette culture
judéo-chrétienne archaïque et trompeuse.
Même vous, Frère Michel, où en seriez-vous, et nous avec vous, si
l’Envoyé en 1974 puis Dieu lui-même en 1977 n’étaient venus vous
déranger dans vos certitudes et vos croyances d’alors?
L’abbé Pierre n’a besoin ni d’éloges ni de reproches. Souvenons-nous
que la seule épitaphe qu’il souhaitait était "Il a essayé d’aimer."
Rémy G. |
29Jan07 54C10
Le Père dit à Arès: (Quand) le jars fort, beau, (est) dans la
cage, qui voit la cage ? ( Le Livre XXXVI.3 ) + annotations "Le
plus vertueux des religieux ( jars fort et beau ) est
généralement prisonnier de sa religion et de sa hiérarchie (est
dans la cage)."
Mais aussi la plus vertueuse des femmes, le plus vertueux
des hommes,
qui religieux, politique ou autre se laisse prendre par le piège
de la
dite cage: hiérarchie, pouvoir, exploitation et
conditionnement de l'homme par l'homme, se laisse idôlatrer.
J’ai éloigné de toi les récompenses et les honneurs du
monde, les degrés et les succès
auxquels porte le monde, pour que tu n’entres pas en tentation de
M’échapper, de devenir triste à Mon Appel ; Je t’ai consacré; J’ai
étendu Mon Bras vers toi pour oindre ta bouche de Ma Main, y déposer Ma
Parole, pour que tu sois Mon Messager, non pas un prince du culte, dit
La Révélation d'Arès (2/20-21), et plus loin elle
dit encore: Mon
Peuple ne sait plus où Je suis, où Je ne suis pas. Abats les idoles de
l’esprit comme furent abattues les idoles de bois ! Va, Je suis ton
Appui ! (23/8-9 ).
Nous somme tous concernés. Nous pourrions aussi tomber
dans le piège de la cage, devenir des stars médiatiques
comme fut l'abbé Pierre et comme le sont bien des hommes, mais pas des
chefs (Rév d'Arès 16/1), pas des idoles de l'esprit (23/8),
parce qu'il n'y a pas de d'élites chez les Pèlerins d'Arès, il y a
seulement des êtres conscients, des pécheurs parmi les pécheurs, conscients
qu'ils sont frères et sœurs de tous les êtres humains, quel qu'ils
soient et qu'ils ont une grande mission à accomplir: Ils ont
à vivre et transmette la Vie spirituelle.
Merci José.O, merci, frère Michel pour toutes ses Lumières pour
faire de nous des hommes du temps qui vient (Rév d'Arès 30/13),
des prophètes en puissance, fruits de notre pénitence.
Didier Br. |
30Jan07 54C11
Vous me laissez baba. Quel équilibre! Quelle mesure, comme
dit La Révélation d'Arès!
Voilà un curé réduit à de justes proportions. L'église qui l'avait
beaucoup critiqué, et souvent critiqué dans le même sens que vous
d'ailleurs, l'a comme [elle le fait] toujours récupéré au dernier
moment, sur les marches de l'autel de Notre Dame [de Paris].
Zarathoustra [Sarsouchtratame, Rév d'Arès XVIII/3] fut
assassiné sur les marches de l'autel du Dieu Unique, mais pour l'église
l'abbé Pierre au contraire fut comme ressuscité à cet endroit. Vous,
frère Michel, vous vous refusez à récupérer l'homme. Bravo. Vous n'êtes
pas injuste pour autant.
Je pense que vous auriez dû faire allusion
à cette affaire de soutien de l'abbé Pierre à Roger Garaudy en 1996,
dont vous aviez parlé lors de votre enseignement
à Paris la même année, après quoi l'abbé Pierre se défila et laissa
Garaudy tout seul face au juge d'instruction pour "contestation de
crime contre l'humanité." D'ailleurs la Licra (Ligue contre le Racisme
et l'Antisémitisme) procéda à l'exclusion de l'abbé Pierre à l'époque.
De là la réserve des milieux juifs face à la mort de ce prêtre il ya
quelques jours. On ne doit pas oublier les côtés équivoques de l'homme
Pierre.
Simon S. |
30Jan07 54C12
Peut-être que l'abbé Pierre n'était pas un homme du temps qui vient
au sens que vous lui donnez [Rév d'Arès 30/13], je ne sais
pas, mais comment peut-on définir avec précision justement l'homme
du temps qui vient,
qui reste à définir, qui n'est donc pas encore, qui doit se recréer,
sans le rapetisser et le réduire à de simples notions intellectuelles?
Alors?...
Mais si je ne sais pas vraiment quel est cet homme nouveau, je pense
savoir ce qu'il n'est pas ou ce qu'il ne doit plus être.
En l'occurence, pour revenir à l'exemple de l'abbé Pierre, cet homme
nouveau à venir doit vaincre son égoïsme et ne doit plus être tourné
exclusivement vers lui-même, comme l'homme moderne pensant, fier de son
savoir et de ses certitudes... qui souvent le mène à la catastrophe. Ce
que n'était sans doute pas l'Abbé Pierre.
Olivier G.
|
Réponse
:
Demander ce qu'est l'homme
du temps qui vient, c'est demander le sens de La Révélation
d'Arès. C'est demander quel type d'homme le Créateur
par son Message de 1974-1977 suggère à l'humain de devenir. Si vous ne
connaissez pas le sens de La Révélation d'Arès,
vous ne devez pas comprendre grand chose de mon blog et je ne m'étonne
pas que vous compreniez mal ce que je veux dire à propos de l'abbé
Pierre. Je ne vous le reproche pas; je veux seulement dire que je ne
peux vous donner une réponse détaillée dans la cadre de ce blog qui
n'est pas un site missionnaire ou catéchétique, mais seulement un petit
journal personnel, le journal d'un Pèlerin d'Arès qui réagit aux
événements du monde selon sa foi.
En quelques lignes seulement que dire? L'homme du temps qui vient
est celui qui accepte, dans ses actes (rien "d'intellectuel"
là-dedans!), d'être un pénitent au sens que La
Révélation d'Arès donne à ce mot: Celui qui aime et
respecte tous les hommes, les riches compris et même
ses ennemis. Celui qui pardonne toutes les offenses de tous
les hommes, y compris les offenses des riches. Celui
qui fait la paix avec tous les hommes, riches compris. Celui
qui considère tous les hommes libres (Rév d'Arès 10/10)
absolument, y compris libres d'être riches. Or, l'abbé Pierre
avait contre les riches
une prévention déclarée, qui était de type archaïque, dont le Créateur
veut que nous sortions pour devenir ou plutôt redevenir des hommes
du temps qui vient, l'Adam d'avant la chute, celui qui
était riche de l'Éden. L'abbé Pierre n'était pas cet homme-là; il
n'était pas un homme du changement au sens que La
Révélation d'Arès donne aux mots changer le monde (28/7).
L'abbé Pierre était un prêtre qui appartenait à une famille
d'interprétation des évangiles
qui a, durant des siècles, grosso modo considéré les pauvres comme
vertueux ou, à tout le moins, comme promis au Ciel, et les riches comme
de grands pécheurs, proches de l'enfer. C'est faux. C'est faux dans la
Bible, c'est faux dans les Évangiles, c'est faux dans le Coran, c'est
faux dans La Révélation d'Arès.
Je ne déprécie pas les
grands mérites de l'abbé Pierre comme humanitaire. Je dis seulement
qu'il n'était pas l'homme idéal au sens arésien. Je ne fais pas non
plus l'apologie de la richesse. Je n'ai pas moi-même envie d'être
riche, bien que la richesse ne soit pas un péché en soi, mais
parce que la richesse permet l'accès à tant de tentations qu'il est
difficile d'être tout à la fois riche et pénitent. Ce
n'est cependant pas impossible et je le déclare afin de rendre justice
aux riches de ce monde dont beaucoup, contrairement à ce qu'on croit,
sont généreux.
Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur ce qui différenciait
l'abbé Pierre de l'homme du temps qui vient, notamment par sa
position ecclésiastique, mais je n'ai ni le temps ni la place de le
faire ici. |
31Jan07 54C13
[Ce commentaire fait
suite à la réponse 30Jan07 54C12]
Votre réponse est un peu "bizarre", car complètement à côté du sens de
mes propos.
Je ne dirais pas que je m'inquiète pour vous, mais...
Je n'ai jamais fait la moindre insinuation dans mes propos sur la façon
dont les riches gérent leurs biens, je parlais de générosité au sens
large du mot sans distinction de classes sociales, même s'il est
évident que les riches ont plus à donner que les pauvres, c'est une
"Lapalissade"...
Un "pauvre" peut être plus égoïste qu'un riche, je ne vois pas très
bien comment l'on pourrait généraliser la générosité des gens suivant
la proportion de leurs biens, peut-être que l'Abbé Pierre faisait
quelques généralités, il me semble que ce n'est vraiment pas le plus
important, c'est un peu dérisoire en rapport avec son engagement et son
combat.
L'Abbé Pierre a pris aussi des positions contre celles de l'Église,
notamment sur le célibat des prêtres, et d'autres, qui lui ont valus
les foudres de l'Église.
Il a pris des positions courageuses sur la sexualité, à contre-courant
de celles de l'Église, il militait aussi sur le droit des femmes a
"exercer", etc.
Aucun rapport pour moi avec le jars (Révd'Arès XXXVI/3)
dont parle La Révélation d'Arès, qui répondait précisément à
une de vos question sur Saint-Francois d'Assises.
Soit vous travaillez trop — mais celà vous regarde —, mais
n'oubliez pas quand même que la fatigue ôte l'esprit (Rév d'Arès
35/8)
de n'importe quel homme, soit vous dirigez intentionnellement certains
propos dans la direction que vous voulez — Ce que sincèrement je ne
souhaite pas pour vous, cela serait vraiment trop triste. De toute
façon, j'estime que cela manque cruellement d'objectivité.
Vous me
donnez l'impression de quelqu'un qui se sent attaqué à la moindre
divergence de point de vue, je trouve cela triste. Prenez du recul!
Mais je ne vais pas polémiquer avec vous, j'ai d'autres préoccupations.
Pour dialoguer objectivement, il faut être au moins deux et espérer une
certaine partialité, qui fait défaut en ce moment.
J'ai pourtant tenté de dialoguer avec vous, je vous ai posé quelques
questions dont j'attends d'ailleurs toujours les réponses, notamment
sur la question de la mise en ligne de la La Révélation d'Arès.
Vous donnez l'impression — peut-être fausse — d'avoir mis une "marque
déposée" réservée, alors que logiquement cette "Révélation" doit être
portée à la connaissance du plus grand monde. N'était-ce pas la Volonté
du Créateur?
Quelle Volonté à la priorité?
Je vous ai aussi proposé un reportage sur vous et le mouvement Arésien,
mais pas de réponse...
Et, comme vous le savez mieux que moi, le silence parfois, est la pire
des réponses... Le muet lasse l'œil, dit La Révélation
d'Arès (I/3).
Ensuite, vous allez dire qu'il est dommage que vous n'ayez
pas eu
assez de moyens pour diffuser cette Révélation. Avouez que ce n'est pas
logique et qu'il y a de quoi se poser certaines questions!
Mais
vous ne voulez malheureusement pas expliquer la raison de cette non
divulgation en ligne, ce fait seul en lui-même doit en laisser plus
d'un perplexe. J'appelle cela "chercher le bâton pour se faire battre"!
Croyez bien que je ne cherche pas à vous nuire ni d'une façon ou d'une
autre, mais vous me donnez l'impression de vous perdre dans vos
contradictions et celà vous rends soit trop méfiant, soit trop confiant.
Mais je n'ai pas à vous jugez, tout comme vous d'ailleurs n'avez pas à
me juger.
Vous me dites que je ne comprends pas le sens de votre blog, mais
pardonnez moi, c'est un peu trop façile et ce n'est pas à votre honneur.
Je pourrais dire exactement pareil du sens de mes propos que vous ne
comprenez pas, vous ne m'avez rien démontré en disant celà, et je ne
vous démontrais rien en disant la même chose.
En tous cas,ce n'est sûrement pas comme celà que le monde changera.
Olivier G. |
Réponse
:
Je ne vois pas du tout
qui vous êtes, mais je vous publie quand même in extenso.
Si j'ai mal compris votre précédent commentaire [54C12] j'en suis
désolé. Vous avez adressé un certain nombre de commentaires à mon blog,
c'est tout ce que votre nom me rappelle. Concernant votre offre de
"reportage" et votre offre de "mise en ligne de La Révélation d'Arès",
ce sont des offres qui me sont souvent faites et généralement j'en
accuse réception, mais étant seul pour lire et répondre à des milliers
de mails par an tombant dans toutes mes boîtes de messagerie, il arrive
que je manque de temps pour répondre à certains d'entre eux. Si c'est
le cas pour vous, je vous présente toutes mes excuses. Il arrive aussi
que des mails ne me parviennent pas. Adressez-moi un courrier postal,
c'est plus sûr. |
31Jan07 54C14
Vous écrivez dans Le Pèlerin d’Arès N°3 de 1978, dans l’article "De la
richesse non condamnée, mais suspecte, à la pauvreté non obligatoire et
parfois perverse":
[Extrait]
À tous les niveaux, du spirituel au social, flétrir le riche parce
qu’il est ou paraît riche, et magnifier le pauvre parce qu’il est ou
paraît pauvre, au sens commun, c’est polémique et démagogique, qui
tendent à la violence, parfois sanglante en politique, et à l’horrible
esprit de condamnation en religion.
Or nous, Pèlerins d’Arès,
devons tendre à l’amour, dont la mesure est la condition, car nous ne
pouvons pas plus aimer passionnément les riches, et leurs richesses,
que nous ne pouvons les rejeter ou les haïr.
Notre mesure est dans la mesure de la Parole de Die : Elle
met en
garde l’homme contre la richesse des biens terrestres, mais Elle ne
condamne nulle part la richesse ! Elle condamne ses abus, et
surtout
les graves péchés qu’elle suscite : égoïsme, cupidité, fatuité,
plus
fréquents chez les nantis que chez les dépourvus, qui n’en sont
cependant pas exempts.
S’agissant de richesse, comme de toute autre cause possible de chute,
La Parole de Dieu s’adresse d’abord à nous, serions-nous miséreux.
Elle nous ordonne de nous convertir sans cesse à la générosité, à la
pauvreté évangélique, et de briser en nous toute envie comme à
l’inverse tout mépris pour la richesse, parce que même les pauvres
d’entre nous n’ont pas forcément l’esprit de pauvreté.
Moïse, Jésus, Mahomet n’étaient pas pauvres, car ils disposaient des
moyens de leurs missions, parfois plus importants qu’on ne le croit.
Ils n’avaient pas besoin de grand chose pour eux mêmes, et surtout ils
auraient préféré le pire dépouillement au moindre risque pour leur
salut éternel ! Là est le véritable esprit de pauvreté.
A l’exemple des prophètes, dont les noms courent sur les lèvres, le
petit reste des pèlerins et des pénitents d’Arès, tous prophètes aussi,
doivent remplacer le besoin d’avoir par le besoin de ne pas avoir,
selon l’expression des ermites de la Thébaïde. Alors cette condition
remplie, être riche ou ne pas être riche devient relatif.
Christian |
02Fév07 54C15
Je ne sais pas s'il est confortable d’avoir le verbe incisif concernant
l’abbé Pierre après-coup, au moment où il s’en va voguer ailleurs. Je
dis ça, non parce que je lui voue une admiration sans borne, mais parce
que je garde le souvenir de m’être longuement entretenu avec lui en son
lieu, à Esteville, il y a quelques années. Bon, incisif, on peut l’être
après tout. Si La Révélation d’Arès
y invite, je pense que c’est plus dans le vécu que dans le débat
théorique. Et, pour ne pas me laisser piéger par ce dernier, j’avais
entrepris de le rencontrer dans le cadre d’une interview, à l’époque où
je faisais un peu de presse écrite. Disons que ma démarche était un peu
machiavélique. C’était l’occasion, par l’entremise d’un texte sur
l’abbé Pierre, de répondre à une campagne médiatique de dénigrement
envers un journal pour lequel j’écrivais (voir commentaire 53C10) en
interrogeant le célèbre prêtre sur la thématique du "caritatif
officiel" et de la réduction de la générosité humaine à ce dernier. Je
me souviens de sa chambre-bureau où nous avions conversé. Une pièce
simple, assortie à l’ambiance générale de cette petite retraite
communautaire d’Esteville.
Finalement, l’interview s’est
transformée en entretien. Il m’avait reçu le matin. Puis, intrigué par
l’axe et la teneur de mes questions, m’avait octroyé l’après-midi en
supplément pour poursuivre avec lui, et le laisser se restaurer et se
reposer avant de reprendre avec moi. D’ailleurs, cette coupure repas
fut l’occasion de m’imprégner un peu plus d’Esteville. Et j’étais
songeur dans l’ambiance de la petite cantine. J’observais la vie de ses
fidèles qui œuvraient aux tâches quotidiennes. Il me semblait être dans
quelque chose tout à la fois sincère et antique, une conception très
ancienne de la vie évangélique. Je cernais ainsi un peu mieux le
personnage.
De retour dans sa chambre, je sentais son regard sur moi. Il savait que
je n’étais pas admiratif de sa personne, mais il était intrigué par mes
questions (en quelque sorte ciselées par La Révélation
d’Arès).
Je décelai quelque chose de la relativité en lui lors de cette
entrevue, même si je savais pourquoi il demeurait enfermé dans une
logique qui l’avait à la fois porté à l’époque de son coup médiatique
pour les sans-abri, puis modelé, puis institué. Certes, quelque chose
du jars fort et beau qui ne voit pas vraiment sa propre
cage (Rév d'Arès XXXVI/3), mais qui l’entrevoit
quand même un peu...
Puis, au terme de notre rencontre, dans un regard circulaire, mes yeux
s’étaient posés sur les étagères de sa bibliothèque, où le livre La
Révélation d’Arès
se trouvait. En évoquant l’ouvrage, il me répondit que "c’était à lire
avec un sens critique." Je le ressentais comme on peut ressentir un
pain parfois trop brûlant. Mais son regard fouillait plus pensivement
le mien, comme semblant (peut être) faire le lien entre mon
impertinence et ce livre, au terme de notre longue et passionnante
entrevue.
Dans le train qui me ramenait à Paris, les paysages
s’évanouissaient comme subitement devenus le passé. Mon regard semblait
à leur place se poser sur le lointain (XVII/3), que je ne
sentais pas aussi facile à atteindre pour moi que pour ce vieil homme.
Si ce quelque chose d’évangélique à Esteville était justement une
vieille idée de l’évangile, il n’en était pas une amorce totalement
erronée. Car c’est difficile de se payer de mots pour cet homme, quand
sur la balance on n’a pas soi-même beaucoup d'œuvres concrètes de
charité à mettre, sauf le débat théorique, du moins en ce qui me
concerne.
Roger C. |
07Fév07 54C16
À travers les Communautés d' Emmaüs qu'il a créées, l'abbé Pierre a pu
sauver de la désespérance bien des hommes déboussolés par les
vicissitudes de la vie: ceux aux enfances passées hors des maisons
chaudes,
aux adolescences traversées sans repères ni guides, et donc à la
liberté et aux responsabilités d'adultes trop difficiles à assumer dans
ce monde égoïste.
Son engagement indéfectible au service des plus
faibles, des exclus du système, s'accompagnait d'une ferme obstination
à rappeler aux hommes la volonté divine de PARTAGE entre tous ses
enfants, de toutes les richesses édéniques dont Il avait comblé
Adam et
Ève: spirituelles, affectives, biologiques, matérielles.
Comme bien d'autres avant lui, il n'a pu éviter l'incompréhension et
les critiques de juges
toujours prompts à voir la paille dans l'œil du voisin, mais non la
poutre dans le leur, et de ceux qui choisissent de faire taire leur
conscience ou de rester assis quand il faudrait se lever comme les
vagues de la mer contre le roc...(Rév d'Arès 28/12).
"Il a essayé d'aimer,"
l'épitaphe qu'il a demandé que l'on grave sur sa tombe, son propre
auto-jugement, reflète à la fois sa bonté et son humilité. Loin
des
raisonneurs-compteurs, les àmes simples ont ressenti et
reconnu intimement, par delà toutes les confessions, la profondeur de
son humanisme, de sa solidarité.
L'abbé Pierre n'était pas arèsien, soit! Mais comme Martin Luther King,
mère Térésa, Mandela, et bien d'autres, il était engagé dans les
combats pacifiques du reste [voir "Nous Croyons, Nous Ne
Croyons Pas"], avec lequel le Père nous demande d'établir l'équité,
comme il nous demande aussi d'aimer l'homme qui habite des
habits et des comptes de riche, tout en nous prescrivant cependant: Tu
éloigneras de mes assemblées ceux qui font abus de richesses (Rév
d'Arès 27/4) et Ne te lasse pas de dire aux
riches......qu'ils connaitront le châtiment de ceux qui scandalisent [s'ils
scandalisent]... (Rév d'Arès 27/8 et 9)
L'abbé Pierre n'a-t'il pas servi, à sa manière, peut être sans
trop de mesure, à lancer ces injonctions?
Son itinéraire sur les sentiers terrestres rocailleux
s'est arrété. Je voudrais le remercier fraternellement au nom de tous
ceux à qui il a permis de recouvrer un peu de conscience et de dignité.
Dominique C. |
08Fév07 54C17
J’ai perdu l’usage du téléphone et d’Internet depuis le 5 janvier. Je
dis cela un peu comme je dirais: "J’ai perdu l’usage de la parole," car
dans cette société de communications à distance et médiatisées,
l’extinction des média domestiques aboutit au même résultat. J’ai donc
de temps à autres pu suivre votre blog au cours de mes pérégrinations
en France sans pouvoir y participer. Profitant d’une pause et d’un
accès à Internet disponible, je peux me joindre à mes frères et sœurs,
notamment, Jean-Michel (54C3), Christiane (54C5), Simon S. (54C11) pour
vous remercier de la manière dont vous avez su griffer le vernis des
convenances pour faire apparaître l’authenticité complexe d’une part de
la vie et de la pensée d’un être et de son histoire qui de ce fait en
deviennent beaucoup plus riches et accessibles. En descendant ainsi de
son trône de représentation, l’abbé Pierre cède le pas à l’homme Henri
(Grouès par son état civil) et à l’existence passionnée qu’il s’est
donnée.
Mais c’est le fil conducteur du non-jugement que vous affirmez à
travers votre entrée et vos réponses aux divers commentaires qui me
touche le plus.
C’est l’honneur du prophète de ne pas juger. Pas le plus petit jugement
au fond de ta tête. Tu ne le piègeras pas plus qu’une puce, et à ton
insu il sautera sur ta langue (Rév d'Arès 36/17). Ce premier
pilier de la pénitence
est si difficile à construire tout en conservant sa capacité
d’appréciation et d’expression concernant le bien et le mal! C’est cet
équilibre que je cherche à trouver en réfléchissant à cette petite
phrase de votre réponse au commentaire 54C12: "Rendre justice aux
riches de ce monde dont beaucoup, contrairement à ce qu'on croit, sont
généreux."
J’avoue que mon esprit résiste à votre affirmation dont
je n’arrive pas à saisir la vérité existentielle. Il y a dans tous ses
termes une si grande relativité: beaucoup, mais dans quelle proportion?
Est-ce affaire de proportion? Riches, mais à partir de et jusqu'à quel
point? Il y a bien des catégories de richesses et de riches, depuis les
chefs d’entreprise travailleurs, compétents et bien placés dans
l’économie jusqu’aux fils de familles oisifs et vaniteux, en passant
par ceux qui, par l’effet de la chance (gain au jeu, héritage, coup de
bourse) plongent dans la richesse comme dans une piscine de champagne
et en ressortent flottant sur les bulles de leur griserie, souvent plus
pauvres qu’avant.
Généreux: J’imagine, peut-être à tort, que vous parlez de générosité
matérielle et financière. Mais cette générosité, n’est-elle pas la
contrepartie, honorable certes, mais bien légère, des abus et des
iniquités d’un système dont les riches ne profitent pas moins que tous
les autres et que certains s’ingénient à maintenir en place (ils en ont
les moyens) pour défendre leurs intérêts et leur position dominante?
Que ce soit d’une manière très autoritaire, à travers l’exploitation de
plus faibles qu’eux, ou de manière stratégique, à travers des groupes
de pression politico-économique, des hommes sont portés par leurs
richesses à participer des puissances du monde qui fixent
l’intérêt de l’argent, le salaire de l’ouvrier (Rév d'Arès 28/24) et
génèrent ou aggravent les aveuglements et les erreurs des pouvoirs.
Ainsi, lorsque ceux-là (ou au moins certains d’entre eux) offrent des
millions (c’est-à-dire une petite part de leurs bénéfices) à des
fondations, lors de galas de bienfaisance ou à travers le sponsoring
(tous moyens finalement de poursuivre objectivement le développement de
leur marketing), je trouve qu’ils ressemblent à ces pharisiens qui
donnaient ostensiblement au temple de grosses sommes, mais que Jésus
appréciait comme infiniment moins généreuses que la petite pièce
de cuivre glissé humblement dans le tronc par un vielle femme. À
la différence des riches qui n’offraient que leur superflu,
la vielle femme donnait son nécessaire.
Aujourd’hui encore, la plupart des enquêtes sur l’origine des dons
caritatifs montrent que la grande majorité des donateurs appartiennent
aux classes modestes ou aux classes moyennes.
Comme vous je pense
qu’on ne peut juger un homme, ni sur ses biens, ni sur sa pauvreté, ni
sur aucun critère d’ailleurs. Comme vous je pense qu’il existe des
"riches généreux", hommes et femmes au cœur sincère et juste, essayant
de répandre autour d’eux un peu de cette justice, mais la vraie
générosité ne serait-elle pas de contribuer à démonter un système
injuste et opprimant qui a fait leur richesse ou celle de leurs
ancêtres et de promouvoir une économie et un commerce (puisque presque
toutes les richesses matérielles en viennent) profitable et équitables
pour tous ? Et la première générosité dans ce sens ne serait-elle
pas
de cesser la guerre commerciale qui vise l’élimination du concurrent et
d’abolir la peine de mort encore en vigueur pour les entreprises en
laissant à l’entrepreneur malheureux la possibilité d’exploiter seul
son champ ou son établi et de vivre modestement
mais librement de son travail de paysan ou d’artisan?
D. Faber |
08Fév07 54C18
Je trouve honnête et courageux de votre part d'avoir publié les
commentaires 053c20 par "sans signature" et l'autre sur l'abbé Pierre
ou vous racontez votre entrevue avec L'abbé, laquelle entrevue ne
tournait pas particuliérement à votre avantage, qu'il vous a mal reçu
et qu'il a mis fin à votre entretien quand vous lui avez dit que "de
toute façon, le problème du bien et du mal n'était pas contenu dans les
oppositions pauvreté contre richesse, malheur contre bonheur ou fusil
qui tue contre fusil en bandoulière, mais était ailleurs, universel,
infiniment plus profond, et que sa solution viendrait de
l'auto-recréation intérieure de la créature par l'acquisition de
l'amour absolu, du pardon absolu, etc." Vous considéra-t-il comme un
hurluberlu ou bien vous a-t-il trop bien compris?
Quoi qu'il en soit, j'apprécie en général vos écrits, mais cette fois
çi, je trouve, et c'est mon droit, que vous vous êtes laissé dépassé
par vos idées, votre volonté farouche de vous expliquer, car vous
n'avez pas compris la portée véritable des événements actuels, de cette
"loi" [probablement la loi du "droit au logement opposable"], qui à mon
avis ne va pas être si facile à mettre en oeuvre, c'est une autre
histoire. Cette loi traduit une évolution dans la conscience humaine
des gens, qui comprennent qu'aujourd'hui on ne peut plus laisser des
êtres humains dormir et mourir dans la rue comme des chiens!
C'est dommage peut-être que ça se fasse par le biais de la loi, mais
c'est comme pour l'abolition de la peine de mort, ça correspond à une
évolution spirituelle de l'Humanité. C'est comme pour la fin de
l'esclavage, c'est du même ordre: On ne peut pas laisser les gens
dormir dans la rue...
Quand aux clochards, les vrais, c'est une autre histoire. Ceux qui le
veulent pourront toujours dormir à la belle étoile, je ne pense pas que
cette loi va l'interdire.
Frére Michel, je ne comprends pas, quand je suis arrivé chez les
Pélerins d'Arès, je croyais qu'il fallait remplacer les lois des Hommes
par les lois de Dieu? J'entends par lois de Dieu des lois simples,
justes, bonnes, tombant sous le sens. Je ne comprends pas, pourquoi
mettre dans le même sac et dans un même élan, la loi, le pouvoir et les
religions, comme s'il s'agissait d'une même et seule chose?
Yvan B. |
Réponse
:
J'ignorais que vous
étiez Pèlerin d'Arès. Vous devriez donc connaître tout ce que j'ai
expliqué concernant le passage de la loi des rats (Rév d'Arès
XIX/24) à la Loi qui est simplement la Parole (Rév
d'Arès 28/8, le Père ne parle de Loi qu'au singulier et non au pluriel
comme votre commentaire le formule)
et qui est tout simplement l'absence de lois au pluriel, au sens que
donne la monde à ce mot. Mais vous avez la liberté totale
d'interprétation et vous ne serez pas sauvé ou perdu parce que vous
aurez interprété comme ceci ou comme cela, mais parce que vous serez ou
ne serez pas un homme bon. La Révélation d'Arès est, de toute
façon, interprétée de mille façons différentes d'un bout à l'autre des
petites plages de société qui en ont connaissance. J'essaie simplement
de montrer ce qu'est la position des Pèlerins d'Arès, la promesse de petit
reste. Mais le reste, lui, improvisera sans cesse. C'est
le génie humain.
Je ne crois pas qu'on résoudra jamais le problème du logement dans une
humanité en continuelle augmentation et continuel mouvement. Chaque
jour des gens vont, viennent, sur un malheur ou sur un coup de tête,
arrivent ne sachant où dormir, des femmes ou des maris sont fichus à la
porte par leurs conjoints, des adolescents par leurs parents irascibles
ou intolérants ou des adolescents qui fuguent, des pauvres hommes ont
l'ordre de justice de prendre un logement séparé parce que leurs femmes
ont demandé le divorce et ne savent pas où aller, des copains qui
cohabitaient se séparent sur une colère ou parce que l'un d'eux a amené
une copine, des gens trouvent un job loin de chez eux et ne trouvent
pas où se loger, etc, etc., etc. Je nie, simplement par logique (ici la
loi de l'homme ou la Loi
du Père n'a rien à voir) qu'il soit possible de prévoir partout, en
toutes circonstances, des toits disponibles. Prétendre le contraire
c'est ignorer volontairement la mouvance humaine, ses interminables et
imprévisibles fluctuations, sa formidable capacité d'adaptation et
d'espérance, c'est faire de la démagogie. Je crois que voir ça sous le
jour du misérabilisme ou du dolorisme, c'est ne pas voir tout ce qu'il
ya de pouvoir créateur et de réserves de joie en l'homme dans ses
tribulations et pérégrinations.
Dans ma jeunesse, qui fut très
pauvre et difficile après la mort de mon père qui nous jeta dans la
précarité, j'ai connu la quasi-misère et les nuits à la belle étoile.
Je n'en suis pas mort et j'ai beaucoup appris. Ce furent des
expériences enrichissantes et surtout fortifiantes. Il y avait bien des
gens pour me dire: "Pauvre jeune homme, quelle misère, quelle
injustice!" et qui essayaient de m'entraîner dans leur sillage de
jérémiades, de m'apprendre à me plaindre (je connais cette race de gens
qui font profession de misérabilisme, mais rien n'est donné dans la
vie, il faut toujours leur payer une facture tôt ou tard), mais j'avais
plutôt envie de leur mettre mon pied dans le derrière et je compris que
je n'avais pour m'en sortir que ma volonté farouche de m'en sortir. On
affaiblit les hommes, on les rend dépendants de leurs problèmes au lieu
de les rendre forts, durs à la souffrance et de les armer moralement
pour qu'ils s'en sortent. Vous n'empêcherez jamais que manquent des
abris pour les hommes, simplement parce que la vie humaine est par
nature une vie qui se crée sans cesse et donc pleine d'impondérables.
Leur faire espérer le contraire, c'est leur mentir. Ce qu'il faut, ce
n'est pas des lois, c'est les aimer et les rendre forts.
Ce que je ferais si j'étais homme politique serait quelque chose dans
le genre de l'appel de Bonaparte à l'armée d'Italie: "Vous êtes hâves,
déguenillés, vous avez faim, vous avez froid, eh bien, je vais vous
conduire dans les plaines les plus riches du monde où vous retrouverez
vos forces, la volonté de vaincre et de conquérir" sauf qu'évidemment
je remplacerai ces mots par "Eh bien moi, je vais vous conduire par les
voies difficiles mais glorieuses de la pénitence vers un monde
changé
où vous trouverez le bonheur et où vous rendrez les autres heureux..."
Mon frère, je ne vois pas du tout les choses comme vous. Ceci dit, je
respecte totalement votre opinion. Nul n'est contraint de me suivre...
ni de lire mon blog. Je ne veux pas "expliquer à tout prix," je veux
faire passer le Souffle! |
11Fév07 54C19
C'est la première fois que j' interviens sur le blog du frère
Michel."Et alors? La belle affaire!" comme disait ma grand mère,
dont
la bonté, même déclarée: "Moi, j'aime tout le monde," se rappelle aussi
à moi.
Il y a peu je me suis dit: ''Tu ne te sens pas très intelligent? À la
réflexion, c'est pas si bête, mais lance-toi!" Jusqu'à présent je me
suis surtout nourri (égoïstement peut-être) des articles de frère
Michel, et de certains commentaires intéressants. Alors? Être
charitable... je crois que c'est aussi sortir de soi, forcer ses peurs,
ses paresses. Dailleurs, si ''vous travaillez trop,'' frère Michel, je
me sens comme "lié" à ça, mais par défaut.
Je pense aussi que cela se manifeste dans l'effort pour interpeller,
désapprouver qui que ce soit, avec tact. Quant à ce qui pourrait
justifier une '' bonne'' conscience anti riches , anti religieuse,
e.t.c - j'ai relu les versets qui ''fustigent'' les puissants et
les riches - votre Charitable Vigilance ,frère Michel , s'exerce
en ne nous laissant pas ''nous'' rassurer là dessus ! L'homme
prophète qui a vu la Lumière et
garde l'Eau (qui lave
aussi des fausses certitudes ) garde le Sens de la Parole, même en état
de surmenage! Pardon d'insister. Un verset est explicite aussi:
C'est l'honneur du prophète d'éviter tout jugement, de répandre la
paix; même quand ses yeux lancent des éclairs, il ne fulmine pas mais
il exhorte Mes Fils à la pénitence,'' (Rév d'Arès 36/17) à se
redéfinir, à se recréer bons précisément.
Récemment, un de mes frères (de sang) me dit au téléphone au sujet de
l'abbé Pierre: "C'est un grand monsieur qui est parti... hein?" [Je
réponds:] "Oui mais, ceci dit, je viens de lire récemment que sa notion
du bien et du mal était surtout... clivée entre pauvres et riches." [Il
réplique:] "J'ai jamais entendu ça," sur le ton de "Ça m'étonnerait !
et peu importe! En tout cas, si lui ne va pas au paradis?!" J'ai
répondu: "Oui," juste pour souligner que pour beaucoup de monde l'abbé
Pierre était le bien, la bonté personnifiés. Des actes sont
nécessaires. Ils rappellent aussi que l'amour se donne avec les
bras,
mais ces formes de secours enseignent si peu sur la force de
bouleversement — décisive à terme — de l'Amour puisé à la Sagesse, à la
volonté de considérer sans préjugés tous les hommes!.D'ailleurs, ne
serait ce que d'un point de vue '"pratique," qui n'a observé que
désigner Untel comme fauteur de mal le porte plutôt à se renforcer dans
ses défenses et se fermer aux remises en question?
Le mal traverse toute l'humanité de part en part. La raison nous invite
à être d'autant plus prudents envers les pouvoirs
de la passion, du ressenti — "C'est pas moi, c'est l'autre," chanson
d'Abd Al Malik —, bref, envers nos faibles lumignons (32/5).
C'est dans l'article ''Amour'' [Le Pèlerin d'Arès 1993-96] que vous
écriviez, frère Michel: "Si je m'obstine à aimer les hommes, même ceux
que naturellement j'abhorre ou que je fuis, j'arriverai à un moment
donné ou à un autre à provoquer une faille dans leurs citadelles." La
charité plénière comporte donc sa logique créatrice, servie notament
par la confiance, la patience.
L'abbé Pierre, j'envie sa pugnacité. Et quel cri du cœur il a poussé
lors de l'hiver 1954!''
Il a pris des positions qui ont irrité l'Église," rappelle aussi
Olivier.G. Avec ses positions rebelles ou intelligentes, l'
Abbé Pierre, d'après ce que j'ai lu, serait resté fidèle au principe de
la nécessité de cette institution.
Depuis l' Événement d'Ares nous savons que l'Église, la religion
système, est assimilée aux riches, aux puissants (ab)usant
de sa soi-disant élection divine et de son pouvoir pour imposer
la croyance qu'elle était le tenancier (Rév
d'Arès 3/3) de Dieu.
Je crois que la responsabilité prophétique ne peut que rappeler,
aussi
par amour, que des bonnes actions et des coups de
gueules n'ont ni la
portée ni la signification du cri du faucon (Rév
d'Arès XVI/14),qui ne répond pas à la loi des rats (XIX/24)
(cri encore
ignoré, étouffé). Mais j'honorerais chez ce frère humain [l'abbé
Pierre] son souci du partage. Les Pèlerins d'Ares ont aussi ce souci,
mais replacé sous la clairvoyance de l'humilité qui réalise que le dominateur,
l'accapareur qui nous divise, est avant tout à détrôner en soi!
Si le Bien qui parle
à la conscience décoiffe le charitablement correct, c'est pour
nous
ressouder autour de la quête de l'amour universel, absolu(ment)
créateur d'un nouvel homme et d'un monde redistribué, librement.
"L'oiseau symbole," qui répercute le cri de la Vie, élève
un chant libre (Rév d'Arès 10/10) sur Fond de Vérité.
Elle [la Vérité] rappelle aussi que l'homme qui fait l'effort de
s'emplir, de s'enrichir de l'autre, "son frère," se donne
lui-même '' l'onction''
Et quelle belle sortie de cage, pour sûr!
Robert B. |
26Fév07 54C20
Comme vous, Frère Michel, qui relativisez les actions et la vie de
l’abbé Pierre, n’essuyons pas nos pieds sur la mémoire de cet homme,
qui comme moi avant de trouver la lumière d’Arès comprenait la parabole
du jeune
homme riche (Mathieu 19/24): Il est plus facile à un chameau de
passer
par un trou d’aiguille qu’a un riche d’entrer dans le royaume de Dieu,
comme l’impossibilité totale pour un riche d’accéder au salut.
Aimons cet homme tel qu’il était, certes insuffisant au niveau
spirituel, mais exemplaire au niveau de la charité.
Nous pouvons trouver des raisons à cet homme quand on sait que l'épître
de Paul (1 Corinthiens 13) qui s’appelle aujourd’hui "L’amour
fraternel" s’appelait, il n’y a pas si longtemps, "L’hymne à la
charité" où le mot amour était à l’époque remplacé par le mot
charité.
Il
[l'abbé Pierre] n’était que le produit du catholicisme traditionnel.
Égaré par l’église, il vivait sa foi au niveau de sa compréhension.
S’il y a un procès à faire, ce n’est pas celui de cet homme courageux
et vaillant, mais celui de cette église qui l’a instruit et conditionné
dans "ce discours discriminatoire et partisan, faisant ainsi reculer la
connaissance impartiale des évangiles."
Son choix d’utiliser les médias pour mener son combat était visiblement
purement stratégique, il ne semblait pas rechercher une gloire
personnelle.
Cette église en égare et en égarera encore beaucoup d’autres tant que
notre action n’aura pas permis de retrouver cette intelligence
spirituelle (Rév d'Arès 32/5) qui nous permettra de dépasser
cette culture judéo-chrétienne archaïque et trompeuse.
Même vous, Frère Michel, où en seriez-vous, et nous avec vous, si
l’Envoyé en 1974 puis Dieu lui-même en 1977 n’étaient venus vous
déranger dans vos certitudes et vos croyances d’alors?
L’abbé Pierre n’a besoin ni d’éloges ni de reproches. Souvenons-nous
que la seule épitaphe qu’il souhaitait était "Il a essayé d’aimer."
Rémy G. |
02Mar07 54C21
Vos propos sur l’abbé Pierre sont pleins de justesse, c’est l’honneur
du prophète au regard perçant de discerner sans
juger et
cependant d'oser dire des choses non conformes au "penser correct."
L’abbé Pierre est né dans une grande famille chrétienne aisée. Il
voulait être moine, mais sa santé trop fragile ne lui permit pas à 20
ans de supporter la règle franciscaine. Pourtant il a vécu, actif,
jusqu’à 94 ans! Nul doute qu'il a opéré un dépassement remarquable tout
au long de sa vie. Sa pugnacité, sa ténacité, sa force d’écoute à
tout
être humain et plus particulièrement à l’exclu, auront marqué ce
siècle, en France.
Innombrables sont les hommes et les femmes en
grande souffrance: exclus, sans-logis, fugitifs, marginalisés, qui ont
grâce à lui, repris confiance en eux-mêmes, se sont mis au travail,
puis à leur tour ont écouté l’autre et ont su bâtir à plusieurs. La
bonne santé des communautés Emmaüs dans le monde en témoigne.
J’ai été touchée, Frère Michel, par le récit de votre rencontre avec
cet homme hors du commun qui n’a pas pu vous entendre. Quel dommage
pour notre monde que l’homme de la charité n’ait pas reconnu, en face
de lui, son contemporain, le prophète de Dieu... Mais je n’en suis qu’à
moitié surprise: Dans les années 80, il était déjà autour de 75 ans,
trop "fatigué" pour entendre autre chose que des encouragements et des
compliments, et il a besoin de l’église pour que son œuvre se
poursuive. J’eus de la peine pour lui quelques années plus tard, quand
les media nous le montraient affaibli, tiraillé dans sa conscience,
incapable de surmonter l’épreuve psychologique de soutien
inconditionnel à son ami Roger Garaudy, rejeté par toute la presse,
alors qu’il était en plein accord avec son ami philosophe qui, lui, ne
manquait pas de courage. De son propre aveu, l'abbé Pierre vécut à ce
moment là, avec les insultes des media, l’épreuve la plus terrible de
sa vie: "Après avoir fait de moi hier presque une idole, soudain on me
lynchait comme un suppôt de Satan!" écrivit-il.
Combien de fois, dans la rue avec la banderole "Le
vrai christianisme n’existe pas encore, son projet de bonheur
reste à réaliser,"
j’ai vu des passants hausser les épaules et nous prendre à parti: "Vous
ne connaissez donc pas l’abbé Pierre, la mère Téresa, Vincent de Paul,
François d’Assise, etc.?" — " Oui, vous avez raison ces hommes et
ces
femmes ont été admirables, ils ont donné leur vie pour que les plus
démunis aient une existence digne." et certains d’insister: "L’abbé
Pierre est une preuve vivante du vrai christianisme, lui, il ira au
Paradis! " Nous le savons, pour la majorité des chrétiens
catholiques
et des citoyens qui vivent dans un pays de domination catholique comme
la France, le christianisme est une institution qui promet le Paradis
après la mort et qui présente deux réalités, l'une: offrir à des
consommateurs un service religieux : baptême, mariage, enterrement
qui
préside à une réunion familiale, et l'autre: l’action d’hommes et de
femmes qui n’ont pas grand chose à voir avec cette institution mais qui
en font partie et qui ont passé leur vie à soulager la misère, hier,
aujourd’hui, demain. Est-ce là le
vrai christianisme [dont
parlent nos banderoles? Bien sûr que non. Nous parlons de christianisme
général, universel.] En attendant, la misère est toujours
présente dans le monde.
Le vrai christianisme, c’est la réalisation en chaque homme [et non
seulement chez des croyants spécialisés] de la Vie spirituelle,
celle que le Père avait donnée à Adam [avant que celui-ci y renonçât, Rév
d'Arès 2/1-5]. Bien que ce premier fils ait choisi en
toute liberté une autre voie, la semence (Rév d'Arès 5/1) de
Vie spirituelle a, depuis Noé et Abraham, avec l’aide du Père, mûri
lentement avec de longues périodes de sécheresse et
de courtes périodes de fécondité. La
période de Jésus, il y a 2.000 ans, fut si intense qu’elle devait
fortement marqué l’histoire humaine. En revenant [sur terre pour] vous
parler longuement, Frère Michel, en 1974 et 1977 en France, le Père
nous dit que Jésus s’est embrasé d’un amour absolu pour l’homme,
son frère, qu’il s’est élevé vers le Père comme une fumée pure, qu’il
est devenu christ (Rév d'Arès 32/2-3),
d’où le nom de christianisme que nous utilisons en référence à lui et à
tout christ que chaque homme est en principe capable de
devenir. Le Père nous appelle à retrouver notre Source, enfouie
(24/4) dans tous les malheurs qui ont frappé l’humanité parce que le
Père ne donne plus la Vie (spirituelle), il l’a donnée une fois
(24/3). À nous de la réanimer! La Révélation d’Arès dit
cela de cent façons, toutes plus belles les unes que les
autres. Qui l’entendra?
Marcelline S. |
03Mar07 54C22
On reconnaît l'arbre à ses fruits.
C'est ce que nous faisons qui nous caractérise à travers nos choix et
grâce à la liberté que nous avons.
Cet homme avait la grandeur de ceux qui aident des malheureux,
ceux dont quelqu'un a pris la défense ou à qui quelqu'un a
tendu la
main dans les moments les plus difficiles, ceux-là connaissent le
réconfort que cela apporte.
Il me semble qu'il [l'abbé Pierre] avait la haine contre la
majorité
bien portante, mais résignée et pas concernée, au moins en
apparence.
Beaucoup ont la haine. N'est ce pas le stade avant la dépression
pour
ceux qui sont scandalisés et révoltés?
Je serais cependant surpris, si cet homme connaissait La
Révélation d'Arès,
qu'il n'ait pas essayé de gratter sa haine comme des taches
de goudron
afin de revenir à l'image de Dieu, d'avoir l'amour pour
toute la
création[, riches et puissants compris.]
C'est peut être le sens de cet "Il a essayé d'aimer" [qui souhaitait
qu'on grave sur sa tombe}. C'est très dur!
Aminadab.
|
09Mar07 54C23
Je suis bien d'accord avec ce frére qui dit :"On reconnaît l'arbre à
ses fruits." C'est ce que nous faisons qui nous caractérise à travers
nos choix et grâce à la liberté que nous avons".
Et avec cet autre qui dit: "Il est facile de se dire Pèlerin d’Ares,
chrétien, cathare ou autre ou que les autres nous définissent comme
Pèlerins d’Ares, chrétiens, cathares, etc., mais dans la réalité on
peut se dire Chrétien sans vivre l’enseignement des Évangiles, Pèlerin
d’Ares’ sans vivre l’enseignement de La Révélation d Ares, etc."
Des fréres en sont conscients.
Tenez, j'ai un ami qui n'est pas Pèlerin d'Arès et qui a même des idées
totalement contraires à celles des Pèlerins d'Arès. Il a pour habitude
de dire d'une façon assez étrange et extraordinaire: "Dieu nous demande
d'être le plus égoïste possible!" (ou quelque chose comme ça, je cite
de mémoire). Eh bien, cet ami dans la vie est le plus gentil des hommes
et prends bien soin de ne jamais léser personne, et beaucoup de
Pèlerins d'Arès devraient s'en inspirer...
Laissez-moi vous dire que je suis assez pessimiste concernant l'avenir
et la réussite de la mission des Pèlerins d’Arès.
Frére Michel, je pense que le moment est peut-être venu de commencer à
penser à l'insurgeance, car avant que le Pére ne vous rappelle à lui,
il serait bon de mettre sur les rails des actions d'insurgeance.
Sœur Elisabeth [??] m'avait un jour que des actions d'insurgeance, vous
en aviez plein les tiroirs!
Yvan B.
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Réponse
:
Le pessimisme s'est
manifesté à toutes les époques
prophétiques. Il me paraît normal qu'il se manifeste à notre époque.
Pour les mêmes raisons. Première raison, l'imperfection inévitable des
premiers disciples, parce que le courage et la valeur mettent beaucoup
de temps pour rattraper la foi qui, elle, est immédiate. Deuxième
raison, la faiblesse des premières assemblées comparées aux pouvoirs et
institutions qu'elles affrontaient. Et d'autres raisons encore...
Si l'on avait dit aux Égyptiens du 13e siècle avant J.C. que le
ramassis d'esclaves hébreux qui s'enfonçaient dans le désert
formeraient trois mille trois cents ans plus tard une religion, mère de
toutes les familles abrahamiques qui constituent la moitié de
l'humanité, mère du Livre le plus lu du monde: la Bible! Ces égyptiens
étaient sûrement plutôt pessismistes concernant l'avenir de la harde
errante et affamée qui suivait Moïse. Si l'on avait dit aux Mecquois
vers 660 que les quelques bédouins sans puissance, ni fortune, ni
vertu, qui suivaient Muhammad, conquerraient et convertiraient une
grande partie du monde habité quelques décennies plus tard!
Quant à l'insurgeance, elle se manifeste déjà depuis trente ans par
l'annonce même de La Révélation d'Arès,
insurgeante par définition. Ceci dit, il est certes difficile de
prévoir ce qui se passera et votre pessimisme est aussi raisonnable que
l'est mon optimisme. |
00Xxx00 XXCX
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